mercredi 29 juillet 2015

Le Retour de Lilith





Joëlle de Gravelaine



Le Retour de Lilith
La Lune Noire






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Quelques précisions astronomiques

Certains diront que la Lune Noire n’existe pas, sous prétexte qu’il ne s’agit ni d’une planète ni d’un astre, ni même d’un satellite de la terre. On oublie un peu vite, en pareil cas, que l’astrologie se réfère en permanence à des points fictifs, ne serait-ce que l’Ascendant, « trace » du lever du soleil sur l’horizon, ou le Milieu du Ciel (zénith) sur lesquels se construit essentiellement l’horoscope ou thème de naissance.



Il est vrai que certains auteurs, tels que J. Desmoulins et R. Ambelain, ont décrit une Lilith qui fait de la Lune Noire un second satellite de la terre. Ce n’est pas la Lune Noire que nous utilisons aujourd’hui. Don Néroman, de son côté, parle d’un grand axe de l’ellipse et d’un foyer situé à égale distance du centre de l’ellipse, sur l’axe qui joint la terre à l’apogée de la lune et qui, selon Louis Millat, « polarise l’ellipse en l’orientant dans le Cosmos ». « C’est ainsi, écrit-il, que l’on peut concevoir ce foyer comme Anti-monde, puisque ponctuel, la Terre étant considérée comme le Monde. » Et il ajoute : « Bien entendu, tout ce qui vient d’être dit du point de vue de la lune est transposable sur l’orbite terro-solaire pour laquelle le second foyer sera appelé "Soleil Noir" par analogie avec la "Lune Noire". » Ainsi, pour Néroman et pour Millat, la Lune Noire — ou Lilith — représente le deuxième foyer de l’orbite lunaire.





Le Retour de Lilith


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On pourrait formuler les choses plus simplement : la lune tourne autour de la terre en décrivant une ellipse et celle-ci possède toujours deux foyers. L’un d’eux est la terre, l’autre la Lune Noire1.

C’est pour ma part à la définition de R. Dautremont que je souscris le plus volontiers2, ainsi qu’à ses tables de la Lune Noire fondées sur la ligne des absides lunaires (périgée et apogée). Cet auteur précise : « La lune noire est le champ d’influences occultes de la lune qui, dans son mouvement elliptique autour de la terre, forme un axe dont les deux extrémités se nomment l’une le périgée, point de son orbite où elle se trouve le plus près de la terre et l’autre, qui est son opposé, l’apogée, point de son orbite où elle se trouve le plus éloignée. Le périgée n’est pas fixe et son déplacement est d’environ 40° par an. Son pas journalier se calcule sur 6 à 7 minutes d’arc. Sa révolution se fait en 3 232 jours, soit environ 8 ans, 10 mois et quelques jours. »



Dans les pages qui suivront, il ne sera pas question d’autre chose que de cet axe Lilith-Priape, périgée-apogée, à ne pas confondre avec l’axe des Noeuds lunaires, encore appelés Tête et Queue du Dragon.

Dautremont ajoute que Lilith-Lune Noire constitue « un élément essentiel du cortège lunaire » et aussi « une influence de liaison invisible entre la lune et la terre ».

1. L. Millat rend les choses sensiblement plus compliquées en écrivant : « Constatons qu’en partant de la terre vers l’apogée, on trouve successivement sur le grand axe de l’orbite lunaire le centre de l’ellipse (environ à 20 000 kilomètres du centre de la terre) puis le second foyer auquel nous donnerons plus volontiers le nom de Lune Noire, à 40 000 kilomètres, puis l’apogée fourni par les tables astronomiques officielles et à laquelle, si on voulait faire une différence, attacher plus particulièrement le nom de Lilith. » (Supplément Almanach Chacornac 1970.).

2. R. Dautremont. Almanach Chacornac, 1950. Éd. Traditionnelles.9 Quelques précisions astronomiques



Mais comme tous ceux qui ont abordé la Lune Noire, il a lui aussi, à la suite des rabbins, été fasciné et terrifié par « l’aspect maléfique et caché dans l’être » qu’il prête à Lilith. Hadès et Michel Mériel se sont surtout attardés, pour leur part, à la nature érotique et dangereuse de Lilith ; Néroman a assimilé le Soleil Noir à Lucifer ou à l’oeil du Jour de Seth, dieu égyptien de la nuit, des ténèbres, de la corruption morale, tueur d’Osiris, identifié à Apap, serpent colossal qui engloutit la lumière, selon J. J. Walter. Quant à la Lune Noire, elle est associée par Néroman aux « dérèglements physiologiques, dégradations sensuelles » et autres turpitudes, ainsi qu’à l’oeil de la nuit de Seth.

De même, je ne crois pas qu’il faille différencier Lilith de la Lune Noire, l’apogée du deuxième foyer.

Certains auteurs, enfin, utilisent la Lune Noire corrigée. On trouvera ici ces tables de correction. Pour ma part, depuis plus de vingt ans, je place la Lune Noire non corrigée dans les thèmes, après avoir pendant dix ans, comparé les deux positions systématiquement. Le recours aux images monomères ou degrés symboliques3 a achevé d’emporter ma conviction il y a quelques années (en relevant et comparant le degré symbolique attaché à la Lune Noire corrigée puis non corrigée). Un auteur néerlandais, Georges Bode, voyait dans Lilith non corrigée, la cause ; et l’effet dans la Lune Noire corrigée. Que chacun apporte donc sa pierre à l’édifice et multiplie les expériences !



Si j’ai une dette, en matière de Lune Noire, c’est à l’endroit de Jean Carteret qui, le premier, m’a mise sur la voie et avec qui, des années durant, j’ai travaillé et cherché. Je livrerai ici quelques-unes de ces notes de travail prises au vol, lorsque l’inspiration emportait Jean Carteret, sur ces subtiles dialectiques entre Lilith et Priape, Soleil Noir et Queue de Soleil Noir.

3. K. Hitschler. Le secret des 360 degrés symboliques. Dervy.




Le Retour de Lilith


10 11 Quelques précisions astronomiques

Le Retour de Lilith13

 


Des valeurs noires
« Je suis noire mais belle, filles de Jérusalem. »



(Cantique des Cantiques)

La mauvaise réputation de la Lune Noire vient-elle de ce sombre qualificatif ? C’est vrai, le noir fait peur. Mircea Eliade nous dit du temps qu’il est « noir, parce qu’irrationnel et sans pitié ». Selon Peter Mohr « la valorisation du noir signifierait : péché, angoisse, révolte et jugement ». Retenons bien ces termes, car nous allons les retrouver souvent. Selon Bachelard « une seule tache noire, intimement complexe, dès qu’elle est rêvée dans ses profondeurs, suffit à nous mettre en situation de ténèbres4 ».



Les ténèbres, c’est aussi la nuit : Leïla ou Lavlah. Le nom même de Lilith viendrait d’elle. Et la nuit, c’est l’obscurité, le noir.

Mais le noir n’est-il pas la couleur la plus foncée due à l’absence des rayons lumineux ou, tout au contraire, à leur absorption totale ? Symboliquement, cette double hypothèse influencera notre recherche.

Nous faisons du noir la couleur du deuil (alors que ce sera le blanc en Orient ; et là encore on verra à quel point s’impose cette dialectique du noir et du blanc, du jour et de l’ombre,

4. Cité par Gilbert Durand in Les Structures anthropologiques de l’imaginaire, Bordas.




Le Retour de Lilith


à propos de toute étude sur la Lune Noire). Nous sommes dans le monde du mal. Le noir, c’est ce qui reflète l’erreur et le néant. Mais, écrit Jean-Pierre Bayard, « une couleur ne peut valoir par elle-même ; elle ne vit qu’au contact d’une autre lumière. Et la représentation noire d’Osiris, dieu suprême égyptien, n’était révélée qu’au stade de la plus haute initiation, sans doute comme le symbole hermétique de la pierre primitive. Comment comprendre autrement ce culte de la pierre noire de La Mecque adorée dans la Kaabah ? », ailleurs associée à Cybèle. Tout nous autorise à affirmer que le noir est certainement « l’emblème d’une science secrète et la couleur du grand oeuvre alchimique5 ».



Le nom même de l’Égypte, d’ailleurs, n’est autre qu’El Kemit, la Noire mais aussi l’Alchimie.

Osiris est noir lorsqu’il juge les âmes et devient Époux de la vie universelle. Le noir serait en quelque sorte le degré qui précède la régénération.

J. Portal pense que le noir est consacré aux dieux parce que « ces divinités bienfaisantes descendent dans le royaume des ténèbres pour ramener à elles les hommes qui se régénèrent ». En Chine, le noir est emblème de souveraineté, couleur de délivrance, terminaison d’un cycle.

Et les nombreuses Vierges Noires, toujours situées sur l’emplacement d’anciens sites initiatiques, nous disent aussi le rôle du noir, symbole de vie, lien avec les anciennes déesses de vie et de mort, de fécondité et de forces telluriques, bien antérieures au christianisme et même au patriarcat triomphant.

5. L’oeuvre au noir représentait la phase de séparation et de dissolution de la matière. Pour les alchimistes, cela constituait la partie la plus délicate du Grand OEuvre. « Elle symbolisait les épreuves de l’esprit se libérant des préjugés. » Cette distance avec les préjugés sera l’une des marques de l’influence de la Lune Noire.14 15 Des valeurs noires



Ce noir, on le retrouve encore dans le culte chtonien du « feu pétrifié dans la roche », dans les rites éleusiens où il fallait descendre dans la crypte souterraine pour y renaître, après être passé par une mort symbolique.

Ce noir invisible est pour nous aussi évocateur des trous noirs chers aux astrophysiciens modernes. Il s’agirait d’astres dont le champ gravitationnel est tel qu’aucun rayonnement ne peut en sortir et qui se manifeste à l’observation par son seul champ gravitationnel ou par des rayonnements de matière qu’il capture. Ils représenteraient l’ultime stade d’évolution des étoiles massives.

Le noir, couleur maléfique ?

Ce noir, materia prima, couleur de la potentialité mais aussi de la puissance, contient tout ; il est porteur du principe fécondant et féminin, donc mortel, qui veut que la nuit — Lavhla — inquiète, — car elle amplifie tout, les bruits, les sensations, les angoisses —, que les ténèbres soient associées au diable… Dans le piège tendu par Lilith, puissance de l’ombre, plus d’un est tombé, qui en a fait « la mère obscure », « la part maléfique », « la femme phallique » ou cette « sorcière au vagin denté » qui hante l’inconscient masculin depuis le commencement des temps.

Pour peu qu’à propos de la Lune Noire on évoque le complexe du glaive, les jeux de couteaux et de poignards, la coupure ou la castration, on éveille aussitôt l’angoisse.

Pourtant, nul ne peut se passer d’elle qui désire abandonner en route ses oripeaux inutiles, accéder au coeur de l’essentiel, passer de l’autre côté, sur le versant de la plus intense lumière, se dépasser lui-même, accéder à la conscience pure.

Comment cela se ferait-il sans souffrance, sans sacrifice, sans douleur ? Comment ferions-nous l’économie de cette déchirure qui nous fait passer de l’existentiel à l’essentiel ?





Le Retour de Lilith


Et, précisément, c’est à la Lune Noire et au Soleil Noir, luminaires métaphysiques selon Jean Carteret, que nous devons de comprendre la différence entre l’Existence et l’Essence, entre l’Inconscience et l’Hyperconscience.17

 

Lilithou une histoire vieille comme le monde




« Celle qui toujours resurgit et qui est la puissance de l’ombre comme elle est la concupiscence de la nuit. »


(Cheverny)

Au commencement était Lilith. Avant même qu’Adam apparût, elle était présente au jardin d’Éden. Elle n’avait pas la science infuse mais possédait l’expérience et l’instinct de toutes les choses de la vie.

Qu’elle fût à la fois la mère et la femme d’Adam, ou « ce féminin supérieur inclus dans l’Adam androgyne »6 nous importe peu. D’elle-même, elle semble opter pour la version de l’égalité. « Puisque nous sommes nés de la même terre (adamah), pétris du même limon, nous sommes égaux », lui dit-elle. Et cette revendication, pourtant élémentaire, va entraîner tous les conflits dont notre humaine condition continue de subir les effets, ad vitam aeternam.



Femme première, porteuse de liberté, insoumise, révoltée, fugueuse, Lilith prend aujourd’hui sa revanche avec autant d’éclat que de violence.

6. J. P. Bayard. Les Vierges Noires.




Le Retour de Lilith


C’est elle qui, la première, transgresse les ordres de Yahvé, c’est elle qui, la première, use du silence comme arme, elle qui assumera la force de son désir et portera ce désir à son extrême conséquence : le refus.

Lilith solitaire, orgueilleuse, assoiffée et se condamnant elle-même à ne pas boire, ne revendiquant que l’absolu, se réfugiant dans la hauteur, initiatrice et médiatrice pour les uns, démoniaque et castratrice pour les autres, visages multiples de l’Anima, incarnation d’une dialectique vivante de l’absence et de la présence, du noir et du blanc, silencieuse et porteuse de vérité, épée tournoyante et couteau du sacrifice, sorcière et licorne, elle nous renvoie à toutes les déesses de fécondité et de mort, de vie et de sang en lesquelles l’amour et le carnage7 sont étroitement mêlés, interchangeables et presque synonymes.



Ne pas confondre, surtout, avec Ève.

À coup sûr, jamais Ève n’aurait pu croquer la pomme. Le fruit de l’arbre de la connaissance l’eût sans nul doute foudroyée. Pour se débarrasser de Lilith et lui faire endosser le vilain rôle, on lui prête la peau du serpent tentateur. Elle n’a pas besoin de ce déguisement. Puisqu’elle « sait », puisqu’elle possède l’expérience infuse de la vie, puisque pour elle il n’y a pas de péché, il lui suffit de dire à Adam : prends et mange, ceci est l’arbre de la connaissance.

On entend d’ici crier au blasphème, à la parodie scandaleuse. Mais Lilith ne se contente-t-elle pas de dire à Adam : J’ai mangé de ce fruit, il ne m’a pas tuée. Tu peux en manger parce que c’est moi qui l’ai goûté pour toi. Le désir est bon, le savoir est bon, tant que tu es libre ?

Pourtant, le souvenir de Lilith, transformée en démon et en Plaie par le Zohar, en sorcière par l’Église, en vamp et en femelle

7. La déesse Anat est dite « déesse de l’amour et du carnage ».18 19 Lilith… ou une histoire vieille comme le monde



maudite, en menace pour le monde (« c’est elle qui achèvera la ruine du monde après celle de Rome ») ainsi qu’il est écrit, fait trembler l’ordre patriarcal. Et qu’on s’acharne depuis toujours à la brûler, à la faire taire, à la charger de tous les péchés d’Israël et de toutes les peurs des hommes devant le vagin — denté ou abyssal — de la femme, Lilith n’en fait pas moins entendre son chant de sirène et entonne, inlassablement, cet hymne à la liberté qui empêche les hommes de dormir, Déesse merci !

Pourtant, comme cette aisance à se mouvoir dans la liberté est difficile à admettre ! Relisons le Zohar (III, 18b, 19a, 19b) : « Dieu fit l’homme parfait. » Il le forma mâle et femelle et la femelle comprise dans le mâle. Remarquez que dans l’abîme d’en haut existe une femelle qui est la plus terrible de tous les mauvais esprits ; elle porte le nom de Lilith et elle fut la première à se présenter à Adam. Lorsqu’Adam fut créé et que son corps fut achevé, mille esprits du côté gauche accoururent et chacun voulut le pénétrer mais n’y parvenait pas. Dieu les chassa. Adam, en attendant, était couché par terre, le corps dépourvu d’esprit et le visage jaune ; et tous les esprits faisaient cercle autour de lui (…). C’est à ce moment que Dieu dit : « Que la terre produise des animaux vivants. » La Femelle conçut le mâle et enfanta l’esprit d’Adam composé des deux côtés de manière convenable. C’est pourquoi l’Écriture dit : « Et il souffla dans ses narines l’âme vivante. » Lorsqu’Adam se leva, il avait la femelle unie à lui8. L’âme sainte (Neschama) séjournait tantôt du côté mâle, tantôt du côté femelle et elle suffisait à cette besogne, attendu qu’elle émane elle-même des deux côtés, du Mâle et de la Femelle. Arrêtons-nous un instant. Ici, contrairement à d’autres textes, Adam apparaît le premier. Par ailleurs, n’est-il pas dit : « La Femelle conçut et enfanta l’esprit d’Adam » ? La



8. Selon le code sacerdotal et non selon le récit yahwiste.





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poule aurait donc bien précédé l’oeuf ; les Eaux : le Verbe. Et la Femelle : le Mâle.

De surcroît, c’est elle qui enfanta l’esprit d’Adam. Dieu insuffle l’âme vivante mais l’esprit, lui, est donné par la femelle qui, lorsqu’Adam se réveille, est enfin « unie à lui ».

Quand on pense qu’il a fallu attendre le concile de Nicée pour que la femme ait droit à une âme, alors que le Zohar nous dit clairement que l’âme sainte se promène de droite et de gauche, côté Mâle ou côté Femelle et qu’elle y suffit !

Le Zohar dit encore : « Ensuite, Dieu fendit Adam, en sépara la femelle et il prépara la femelle, telle qu’on prépare une fiancée et qu’on la pare pour l’introduire sous le dais nuptial. » (Au passage, on se demande ce qui se serait passé si, au moment où Dieu fendit Adam en deux, l’âme était restée du côté femelle !) Soudain apparaît, dans ce texte assez obscur, le nom de Lilith, immédiatement définie comme rebelle. « Aussitôt que Lilith vit cela, elle prit la fuite et se sauva au-delà des mers où elle se tient constamment, prête à fondre sur le monde. » Si elle se sauve, cela ne signifie-t-il pas que c’est d’elle que Yahvé-Dieu veut faire « la fiancée parée pour les noces » ? Ne serait-elle pas cette femelle séparée d’Adam et qui refuse de se soumettre à lui ? Est-elle esprit mauvais, âme séparée ou femelle refusant que le mâle ait le pas sur elle ?

Et le Zohar de montrer le bout de l’oreille, déjà, prêt à renier ses propres sources. « Dans les livres anciens, il est dit que Lilith a pris la fuite devant Adam avant la formation d’Ève. Mais nous n’acceptons pas cette théorie », théorie qui, bien sûr, ferait apparaître Lilith avant Ève. Et les rabbins d’ajouter : « D’après notre tradition, Lilith n’a pris la fuite qu’après qu’Adam fut uni à son épouse de manière convenable. C’est alors seulement qu’elle a fui au-delà des mers d’où elle reviendra un jour affliger le monde. » Qui est-elle, cette épouse, Ève ou Lilith ?20 21 Lilith… ou une histoire vieille comme le monde



Et si les livres anciens disaient vrai ? Si Lilith avait refusé, en effet, de demeurer auprès d’Adam avant qu’il fût uni à son épouse de manière convenable, Lilith n’incarnerait-elle pas encore une fois l’indomptable orgueil de celle qui se sait et se veut l’égale de l’homme, celle qui se moque de ce qui est convenable ou non, celle qui ne veut pas être « parée pour les fiançailles » comme toutes les déesses vierges qui ne veulent pas être « vendues par leur père » et qui peuplent la mythologie, comme la petite sorcière des contes de fées qui préfère courir les bois, apprendre la nature, converser avec les elfes, les nains et les animaux plutôt que d’épouser le fils du roi ?

Le Zohar tente bien de justifier la misogynie dont les rabbins font preuve, par ce commentaire : « Remarquez qu’Adam et Ève ont transgressé le même jour le commandement de leur Maître. Mais comme c’était la femme qui pécha la première en ayant des relations avec le serpent, l’Écriture dit : « Et il te dominera. » À partir de cette époque, toutes les fois que les hommes se rendent coupables, les femmes du côté de la Rigueur (les démons) les dominent ainsi qu’il est écrit. Ce sont les femmes appelées « épées tournantes », parce qu’elles apparaissent tantôt sous la forme du Mâle et tantôt sous la forme de Femelle. « Malheur au monde quand ces femmes le dominent (…). » L’Écriture dit, à regret, à propos de Deborah : « Elle jugeait Israël à cette époque. » Une tradition nous dit : « Malheur à l’homme ignorant qui est obligé d’avoir recours à sa femme pour dire la bénédiction sur le pain ! Quelle génération que celle où Deborah vivait ! Il a fallu que ce fût une femme ! »

Il y en eut même plusieurs, qui traversent la Bible et qui rendaient la justice… Étranges termes utilisés par le Zohar pour définir la « Rigueur » comme analogie du démon, c’est-à-dire, de temps en temps, de Lilith. Ces femmes de « rigueur » (on serait tenté de dire d’absolu et de pouvoir) lorsqu’elles dominent





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les hommes sont perçues comme démoniaques9. Ou phalliques. Ces « épées tournantes » — qui nous rappellent cette âme se promenant de droite et de gauche — ne manquent pas d’allure. Elles sifflent aux oreilles des hommes endormis, comme le fouet d’Hécate, comme le serpent tentateur. Elles font peur.



Le serpent. Ève est dite avoir eu avec le vieux serpent phallique des relations qu’on devine tout de suite coupables même si le Zohar laisse entendre qu’il s’agit d’un sens figuré. Et on voit bien que mi-Eve, mi-Lilith (elles sont souvent confondues dans le Zohar), la femme est ici menaçante dès lors qu’elle revendique le droit d’accéder à son désir et à sa liberté.

Nous reviendrons sur le serpent, lui-même associé à Lilith et qui, dans la Genèse, a effacé le nom même de Lilith. Ce serpent, partout associé à la déesse mère, grand python primordial dont la trace ne subsiste plus que dans le nom de la pythie.

Si les Hébreux ont aux yeux de tous le type même d’une organisation patriarcale, il n’en a sans doute pas toujours été ainsi. « Dans les livres anciens », la trace d’autres moeurs subsiste. Les Sémites parlent de leur clan ou tribu en référence à la mère plutôt qu’au père et n’est juif que celui qui l’est par sa mère. Les rabbins eux-mêmes, jusqu’à une époque tardive, reconnaissent que les « quatre matriarches », Sara, Rebecca, Rachel et Leah avaient occupé des positions plus importantes que celles des « trois patriarches » Abraham, Isaac et Jacob. La tribu de Lévy doit son nom à Léah, celle d’Israël à Sara. Même dans les époques patriarcales, les femmes ont fondé des cités et des familles.

9. Il existe plusieurs « démons » : Ardath-Lilith ou Lamashtu est la plus dangereuse. Piznaï (et Adam s’accouple avec elle). Les Arabes l’appellent Karina, Tabia. Selon Ba-Midbar-Rabbah, quand Lilith ne trouve pas de nouveau-nés à dévorer, elle s’en prend à ses propres enfants.22 23 Lilith… ou une histoire vieille comme le monde



Dans l’ancienne Arabie, les femmes possédaient couramment la terre, les richesses, les troupeaux. On se souvient de Kadidja « engageant » Mahomet pour s’occuper de ses biens et l’aider à gérer ses affaires.

Plus d’une femme arabe conduisit les hommes à la victoire. Aussi tardivement que sous le règne de Rashid, on trouve des filles arabes, à cheval, commandant des troupes armées. Des princesses royales combattirent sous Mandsour contre les Byzantins.

Robert Briffault10 nous dira que ces fières amazones n’étaient nullement des viragos barbares mais des beautés cultivées et pleines de grâce. Comme la Grèce archaïque, l’ancienne Arabie avait ses sept sages… mais c’était des femmes.



En Inde, dans le Mahabharata, Pandit dit : « Les femmes n’ont pas toujours été emmurées dans les maisons et dépendantes de leur mari et de leurs proches. Elles allaient librement, jouissant de la vie selon leur bon plaisir. Rien ne les contraignait à la fidélité et elles n’étaient pas considérées comme fautives lorsqu’elles trompaient leur mari car c’était l’usage à l’époque. La pratique qui veut qu’une femme appartienne à un seul mari pour toute sa vie a été établie tardivement. Certains hymnes védiques auraient été composés par des femmes. »

L’Égypte, on s’en souvient, a longtemps conservé des coutumes matriarcales. La succession au trône, les fonctions de la royauté, étaient transmises par les femmes. En la reine réside la divine vertu. Dans presque tous les royaumes africains apparaît ce concept.

Le Dr H. R. Hall affirme que la constitution de la société égyptienne était caractérisée par une nette préservation de la matriarchie, la position prédominante des femmes et une cer

10. R. Briffault, The Mothers, Édition abrégée.




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taine promiscuité dans leur vie sexuelle. Jusqu’à notre viie siècle, l’Égypte a été la terre de la filiation matrilinéaire. Le Pr Mitteis confirme : « L’oncle maternel est nommé comme important. Le père de la mère est plus important que celui du père. »

Il n’y avait pas d’enfants illégitimes en Égypte, un enfant hors mariage jouissait exactement des mêmes droits qu’un enfant né dans le mariage. Tous les enfants appartenaient à la mère. Pour Gaston Maspéro « la femme égyptienne de la classe moyenne et inférieure était plus respectée et plus indépendante que n’importe quelle autre femme au monde. Aussi tardivement qu’à la XIXe dynastie, l’idée qu’un homme n’était qu’un locataire dans la maison de sa femme demeurait vivace. Si un homme construisait une maison, elle devenait immédiatement propriété de sa femme ».



De l’époque ptolémaïque, on conserve plusieurs contrats de mariage dans lesquels la femme impose à l’homme ses conditions…

« Si je te laisse parce que j’en arrive à te haïr ou parce que j’aime un autre homme, je te donnerai deux mesures et demie d’argent et te rendrai le cadeau de mariage. » Cela, apparemment, ne prêtait pas à discussion ! Dans un poème de la période Ramsès II, une femme s’adresse à l’homme qu’elle aime : « O mon bel ami ! Mon désir est de devenir ta femme, la maîtresse de toutes tes possessions ! »

Pendant longtemps, les égyptologues ont refusé d’accorder le moindre crédit aux propos de Diodore de Sicile qui prétendait que dans l’union conjugale, le mari appartenait à sa femme et devait lui obéir. Pourtant, dans les maximes de Ptah-Hotep, l’un des plus vieux livres du monde, l’obéissance du mari était indiquée comme un devoir absolu et cela, donc, autour de 3200 avant Jésus-Christ.24 25 Lilith… ou une histoire vieille comme le monde

Robert Briffault11 nous rapporte même un extraordinaire contrat de mariage, qui nous laisse rêveurs. Voici ce que signe un homme, en possession apparente de tous ses moyens : « Je reconnais tes droits en tant qu’épouse car à partir de ce jour je ne m’opposerai à aucun moment à tes exigences. Je te reconnais avant quiconque comme ma femme mais je n’ai aucun pouvoir de te dire : tu es ma femme. C’est moi qui suis l’homme qui est ton mari. À partir de ce jour je ne peux m’opposer à toi, quel que soit le lieu où tu aies envie de te rendre. Je te cède (suit la liste des biens…) qui t’appartiennent. Je n’ai aucun pouvoir d’interférer dans aucune transaction que tu déciderais. N’importe quel document fait en ma faveur par quiconque est maintenant placé entre tes mains et à la disposition de ton père ou n’importe quel parent agissant en ton nom ! »



De quels pouvoirs les femmes n’étaient-elles alors investies ? Max Miller écrit : « Aucun peuple, ancien ou moderne, n’a donné aux femmes un statut légal aussi haut que ne l’ont fait les habitants de la vallée du Nil. » Quant à Hérodote, ne nous conte-t-il pas que les femmes vont au marché, font des affaires, tandis que leurs maris restent à la maison et filent ? Nous possédons encore, toujours grâce aux sources de R. Briffault, des détails sur la carrière d’une femme qui débuta comme clerc dans le bureau de son père, fut promue à divers postes administratifs et devint gouverneur du Fayoum et même commandante en chef du district militaire occidental ; ultérieurement, on lui confia le gouvernement et le commandement militaire du Kynopolis et de la frontière orientale. Elle serait devenue ainsi l’un des personnages les plus importants et fortunés de la région.

11. Op. cit.

 




Table des matières

Quelques précisions astronomiques.................................7

Des valeurs noires..........................................................13

Lilith… ou une histoire vieille comme le monde...........17

Les mots de Lilith..........................................................37

La Lune Noire en astrologie...........................................91

La Lune Noire dans les secteurs ou Maisons..................99

La Lune Noire en Maison II..........................................101

La Lune Noire en Maison III.........................................102

La Lune Noire en Maison IV.........................................105

La Lune Noire en Maison V..........................................106

La Lune Noire en Maison VI.........................................108

La Lune Noire en Maison VII.......................................110

La Lune Noire en Maison VIII......................................111

La Lune Noire en Maison IX.........................................112

La Lune Noire en Maison X..........................................114

La Lune Noire en Maison XI.........................................116

La Lune Noire en Maison XII........................................117




Les aspects de la Lune Noire........................................121

Rapports Lune Noire/Soleil...........................................121

Rapports Lune Noire/Lune............................................123

Rapports Lune Noire/Mercure.......................................125

Rapports Lune Noire/Vénus..........................................127

Rapports Lune Noire/Mars............................................128

Rapports Lune Noire/Jupiter.........................................130

Rapports Lune Noire/Saturne........................................131

Rapports Lune Noire/Uranus........................................133

Rapports Lune Noire/Neptune......................................135

Rapports Lune Noire/Pluton.........................................137

Rapports Lune Noire/axe de Dragon.............................139

La Lune Noire dans les douze signes............................141

La Lune Noire en Bélier................................................141

La Lune Noire en Taureau.............................................147

La Lune Noire en Gémeaux...........................................152

La Lune Noire en Cancer..............................................155

La Lune Noire en Lion..................................................161

La Lune Noire en Vierge...............................................171

La Lune Noire en Balance..............................................177

La Lune Noire en Scorpion...........................................182

La Lune Noire en Sagittaire...........................................190

La Lune Noire en Capricorne........................................198

La Lune Noire en Verseau..............................................207

La Lune Noire en Poissons.............................................213

La Lune Noire dans les signes........................................221




Les transits de la Lune Noire........................................223

Paul Valéry...................................................................233

Pierre Jean Jouve..........................................................245

Marguerite Duras........................................................255

Le cas de Leïla..............................................................263

Conclusion..................................................................269

Un jeu-test...................................................................277

Inventaire de la Lune Noire..........................................279

Bibliographie restreinte...............................................283


samedi 25 juillet 2015

 
 
RITUELS D'INITIATION
 
 

DES ÉLUS COËN

par Robert

AMADOU

i.o. Eques ab Ægypto

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Martines de Pasqually ou le soi disant tel (1727 1774) commença entre 1754 et 1758, de

propager en France l'Ordre des chevaliers maçons élus coën de l'Univers, pour lui donner son titre

exact et éloquent. C'est un rite maçonnique, en effet, un système de hauts grades monté sur la base

des trois degrés communs à toute branche de la maçonnerie ; son but est d'enseigner à ses membres

— des « prêtres choisis » la théorie de la réintégration et de les habiliter à la théurgie.

Conformément à l'histoire de l'humanité et de sa classe sacerdotale que cet ordre rapporte, Martines

se défendait de l'avoir façonné ; il protestait même qu'en tant que grand souverain, son pouvoir était
(1) limité géographiquement et qu'il avait des collègues .


L'Ordre se donne pour la perfection de la maçonnerie, qui en explicite et communique tous les

secrets. D'autres, maçons ou profanes, jugeront que Martines de Pasqually, soit qu'il ait composé

l'ordre de toutes pièces, soit qu'il ait remployé des matériaux antérieurs, a donné une forme

maçonnique à son école de mystères, parce qu'en son temps c’était le plus commode et le plus

efficace. On peut enfin tenir que la Réintégration des êtres créés dans leurs premières propriétés,

vertus et puissances spirituelles divines (c'est le titre du Traité de Martines), et d'abord la

réconciliation avec Dieu de l'homme «prévaricateur», sont inhérentes à la franc maçonnerie, à tout

rite maçonnique authentique, mais non point la méthode des opérations qui engagent activement,

rituellement, les bons anges et les mauvais esprits.

Les rituels d'initiation et de magie divine comme on pourrait qualifier le système des

cérémonies théurgiques) exposent la théorie et comment l'appliquer. Or, un lot de ces rituels, copiés

par le Philosophe inconnu, Louis Claude de Saint Martin (1743 1803) dont Martines de Pasqually a

été le premier maître, est compris dans le lot de manuscrits autographes, dit fonds « Z », déclaré par

la revue l’Initiation, en 1978 sous le titre : « Le Ciel sourit aux martinistes ».

L'édition intégrale du fonds Z est en préparation, les premiers volumes paraîtront bientôt, dont

deux qui relèvent de la magie des élus coëns, notamment les registres des anges.

En primeur, nous sommes heureux d'offrir aux lecteurs de l'Autre Monde quelques textes

fondamentaux, d'initiations d'une part, d'opérations, d'autre part.

Les premiers appartiennent au genre littéraire du catéchisme par demandes et réponses,

classique en franc maçonnerie. Le recueil dont ils sont extraits traite des grades suivants : apprentif,

compagnon, maître, élu, apprentif coën, compagnon coën, maître coën, grand architecte, chevalier

d'Orient, commandeur d'Orient : soit tous les grades de l'ordre, excepté le réau croix, degré

suprême, qui investit des pleins pouvoirs théurgiques.

L'orthographe et la présentation ont été modernisées, les abréviations ont été développées, un

petit lexique ci joint donne le sens des expressions qui auraient arrêté le lecteur de nos textes. Mais

au lecteur d'apprécier la valeur que ces textes conservent ; du moins d'estimer si les formes y

décrites demeurent actuelles, car la doctrine de la réintégration, que le symbolisme et peut être la

réalité des formes démontre, est au coeur de la Gnose éternelle.
(Extrait de la revue l’Autre Monde n°68 – février 1983 - pp. 12-17).

(1) Sur Martines de Pasqually et l'ordre des Elus coëns ( ainsi que sur le

Régime écossais rectifié et l'Ordre martiniste ) voir « Martinisme », aux

Documents martinistes, 29 rue des Archives, 75004 Paris.

Ci-contre : Un cachet de Martines de Pasqually.

Ci-dessous : Tableau pour une opération théurgique (inédit). (Dessin de

Prunelle de Lière, BM. de Grenoble).

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LE CI EL SOU RI T AU X M ART I N I ST ES

__________________________________________

La chose la plus merveilleuse, la plus extraordinaire, la plus étonnante. Mais non ! Cette découverte, qu'on

exulte d'annoncer ici, est tout simplement unique, c'est à dire d'une importance sans seconde pour connaître

Louis Claude de Saint Martin. Elle nous procure, en effet, la fleur des papiers personnels du théosophe.

SAINT-MARTIN.

Des Nombres — de l'Origine et de l'Esprit des formes — Leçons de Lyon — Notes diverses et nombreuses,

notamment sur la langue hébraïque — Lettres. — MANUSCRITS AUTOGRAPHES : Copie très minutieuse des

Lettres à Kirchberger et à Effînger.

KIRCHBERGER.

Lettres à Saint-Martin.

MARTINES DE PASQUALLY.

MANUSCRIT AUTOGRAPHE : Traité de la réintégration. — COPIE PERSONNELLE DE SAINT MARTIN.

DOCUMENTS COËN.

Catéchisme de tous les grades Rituels de réunion et de réception. - Rituels très complets d’opérations

-Tableaux et dessins théurgiques (dont quelques uns se trouvent à la B.M. de Grenoble – Table des 2.400 noms -

Recueil d’hiéroglyphes - Prières, prosternations, instructions, etc. — COPIES PERSONNELLES DE SAINT

MARTIN.

Ces quelques mille sept cents pages apporteront une contribution inégalable à l'histoire du martinisme : enfin une

édition correcte des Nombres, enfin les leçons de Lyon dans le texte du professeur ; enfin ce tant espérée Traité

des formes, etc., etc. Mais aussi, enfin la clef de la théurgie coën. Etc., etc.

_________________

PET I T LEX I QU E

_________________

ATTOUCHEMENT : Contact manuel de deux frères, selon un rite propre à chaque grade.

CIRCONFÉRENCE : Cercle tracé à un endroit déterminé du sol de la loge, où sont inscrits des mots et d'autres

signes.

ESCALIER À VIS : Symbole, habituellement dessiné, de l'accession à la maîtrise.

FERMETURE (des travaux ) : Rites consécutifs à une cérémonie.

GRAND ARCHITECTE DE L'UNIVERS : Dieu.

INTELLIGENCE : Dans le contexte analogue, désigne un esprit angélique, doté d'un hiéroglyphe, c'est à dire un

caractère spécifique et secret, sorte de sceau.

LOGE : Groupe structuré de frères ; local où il se réunit.

MAÎTRE DES CÉRÉMONIES : Officier d'une loge, chargé d'assurer le bon déroulement des rites.

MARCHE : Mode rituel de locomotion, différent selon les grades.

ORIENT : Haut de la loge, symboliquement situé à l'est.

OUVERTURE (des travaux) : Rites préliminaires à une cérémonie.

PARVIS : Espace situé devant la porte du temple, à l'extérieur de celui ci.

PRÉVARICATION : Péché ; souvent péché originel.

SIGNE : Geste rituel de reconnaissance, propre à chaque grade.

RESPECTABLE, RESPECTABLE MAÎTRE, RESPECTABLE MAÎTRE D'ORIENT : Ici, l'initiateur.

SURVEILLANT : Officier d'une loge, chargé de maintenir la discipline et d'instruire les frères.

TEMPLE : Lieu d'une réunion maçonnique rituelle.

TUILEUR : Frère qui, à l'entrée de la loge, vérifie la qualité maçonnique.

VÉNÉRABLE MAÎTRE : Frère titulaire du troisième grade de la franc maçonnerie ; plus particulièrement,

président d'une loge.

VOÛTE D'ACIER : Voûte constituée par les épées, dont les pointes se touchent, que brandissent des frères vis à

vis sur deux rangées.

_____________________

APPREN T I F

_____________________
D. Quelle est la connaissance que l'homme a perdue ?

R. Celle du corps, de l'âme, de l'esprit, et de tout ce qui est contenu dans le macro — et le

microcosme.

D. Comment a t il perdu cette connaissance 7

R. Par la prévarication de nos premiers parents.

D. Quelle est la cérémonie pour l'illumination ?

R. Le souverain allume son chandelier à la bougie qui est placée sur l'autel, à l'orient, laquelle ne

doit jamais sortir de sa place. On ne fait dans le temple aucune cérémonie, ni on ne donne aucun

mot de puissance, qu'au préalable tout ne soit allumé du feu nouveau par l’ordre du souverain

maître.

D. Comment se donne l'ordre ?

R. Sous une voûte d'acier.

D. Par quel nombre s'ouvrent les portes ?

R. Par trois coups de foudre, ensuite par trois coups de marteau : OO O.

D. Par quel nombre se ferment les portes ?

R. Par quatre coups de foudre et un coup de marteau de chaque surveillant, ce qui fait 4.

D. Quelle est la batterie des apprentifs, compagnons, et maîtres, de grand élu, apprentif, compagnon

et maître coën ?

Apprentif Par six pour l'ouverture : O O O OO O (allusion à la création).

Par cinq pour la fermeture : O O OO O (allusion à la destruction).

Par six et par neuf, toujours de cette manière : OO O.

Par six, allusion à la division simple du corps de l'homme dans son double

triangle, actionné par six planètes : la tête par Saturne, le tronc par

Mercure,

le membre droit supérieur par Mars, le gauche par Jupiter, le gauche inférieur

Compagnon par Vénus, le droit par le Soleil. On ne comprend point la Lune ou la

Terre,

parce que c'est la même chose que le corps qui en a été tiré.

Par neuf, allusion i la division et subdivision terrestre dans le contenu des

différentes puissances ternaires :3x3=9x3=27, cube du sacré ternaire.

Nota. les premières pour l'ouverture, les deuxièmes pour la fermeture.

Par quatre et par six.

Maître Par quatre : OO O O (allusion à la puissance animale).

Par six : OO O OO O (allusion à l'opération par laquelle l'âme a été placée

dans sa loge ).

Par sept et par huit.

Par sept : OO O OO O O (allusion aux sept esprits soumis à la disposition

de

Grand élu l'homme par l'opération du Christ qui les a mis par là à leur place).

Par huit: OO O O OO O O (porte la double puissance animale que nous

pou

vons interpeller d'après les différentes opérations de Jean, des apôtres, etc).

Apprentif coën par sept : OO O OO O O ( les sept chefs d'Israël, ou conducteurs répandus

aujourd'hui sur la surface de la terre ).

O O

Compagnon par 21 ; c’est celle de l’apprentif répétée trois fois O (allusion aux sept

coën chefs opérant sur les trois différentes parties de la terre).

O O

O

Maître coën Par 81, mais par abréviation : O O (pour interpeller tous les

chefs qui opèrent sur la totalité terrestre dans sa division et subdivision).

D. Quelles cérémonies observe t on pour la préparation du candidat dans le parvis ?

R. Après l'ordre du souverain, le maître des cérémonies va, avec les deux tuileurs, frappe cinq

coups à la porte du parvis, et, au sixième, un frère garde ouvre brusquement, tenant son poignard,

portant la main gauche en forme de griffe, le pied droit en arrière du gauche formant un compas

ouvert. Le frère dit : « Que demandez vous ? » Le maître des cérémonies répond : « Je viens, de la

part de mon maître et le tien, voyager dans ce bas lieu pour le purger des maçons prévaricateurs s'il

s'y en trouve ». Le frère répond : « Faites vous connaître, donnez moi la parole d'ordre, alors les

portes vous seront ouvertes ». Ce qui se fait.

D. Quelle est la batterie pour les visiteurs 7

R. Par 6. Le frère garde répond de même, ce qui fait 12. Ensuite, le visiteur donne 3 autres coups,

ce qui fait 15 = 6.
^(Nota. Les Rx., commandeurs et chevaliers d'Orient ne se lèvent qu'avec le souverain et non point


avec les respectables et vénérables maîtres).

D. Quelle est la garniture des circonférences pour la réception d'apprentif ?

R. À l’est, une palme ; à l'ouest, un cèdre ; au midi, du saule ; au nord, de l'olivier ou du houx ;,ces

quatre choses dans le temple. Puis, dans le porche, le feu élémentaire vis à vis le saule, et l'eau vis

à vis l'olivier, enfin la terre pétrie vis à vis le frère vicaire. Ce qui fait sept.

D. Combien y a t il de circonférences ? Et combien de bougies ?

R. 6 circonférences et 30 bougies en triangle. Le candidat est porté, dénué de métaux, au centre de

ces circonférences, enveloppé de trois tapis, blanc, rouge et noir. On met à côté de sa tête le feu
er e élémentaire, vers la partie du coeur la terre pétrie, et l'eau du côté opposé. 6 tours : 1 vers midi, 2

e vers nord, 3 vers midi, etc.


D. Quelle est la cérémonie de l'ordination ?

R. Le respectable, avec une baguette de houx, touche les genoux du candidat disant un mot + 4, qui

contient la matière.

Le vénérable avec une baguette de frêne, touche le coeur + 4, puis le côté droit + 6. Le

respectable, pour la seconde fois, touche les genoux ; le vénérable, de même, les deux autres parties

que l'on découvre du tapis noir. Au troisième coup du respectable, on lève le tapis rouge. Après la

prière, il le découvre du tapis blanc.

Le vénérable et le candidat se prennent réciproquement par les mains pour former le réceptacle

extérieur de la nature. On relève ainsi le candidat. Puis, le respectable lui appuie les trois doigts sur

le front, + 7 ; puis sur le coeur, + 7 ; puis au côté droit et au dessus de la tête, 7.

D. Quelle est la prévarication ?

R. Devant l'olivier : A ; devant le cèdre : E ; devant la palme : 1 ; et devant le saule : 0. Puis, H à

côté de A, B à côté de E, V à côté de I, et M à côté de 0. Puis, au milieu des circonférences :
E

A

D

CB

Puis, il les prononce et, à chaque fois, on les efface et on enlève les branches, excepté les cinq

lettres du centre et la branche de saule que l'on renverse et à côté de laquelle on met la terre pétrie,

l'eau et le feu, en triangle. La condamnation et le supplice suivent ; l'escalier à vis, 3, 5, 7 ; les

éléments, puis la grâce et la proclamation.

D. Quelle est la marche d'apprentif ?

R. 1 2 3
_____________________

M AÎ T RE

_____________________
D. Quelle est la préparation du candidat ?

R. Nu, en chemise et avec la culotte, sans métaux, le bras droit hors de la chemise, une corde au col,

une bougie allumée dans la main gauche. On le met à genoux, au bas des circonférences, la face à

l'orient.

On lui fait renouveler son obligation. Pour cela, il laisse sa lumière au bas des circonférences et se

tourne vers l'occident.

Un couche le candidat au centre des circonférences, couvert du tapis noir la tête à l'orient.

D. Quelle est la cérémonie que fait alors le vénérable maître ?

R. Le glaive à la main droite, la gauche en équerre en avant, il fait un cercle autour du candidat en

commençant par le nord, en marchant ainsi :

Quand il est à la tête, il fixe attentivement tout le corps ; ensuite il descend la main en griffe vers la

dite tête ; puis il se relève, il forme une croix de son corps et de ses bras toujours avec le glaive ;

il continue ainsi le tour jusqu'aux pieds, où il fait la même cérémonie ; ensuite, il dépose son

glaive au bas des circonférences.

Après cela, on porte dans la chambre de retraite le maître enveloppé du tapis noir, et on

l'enferme.

Alors, le vénérable maître ordonne qu'on apporte sa tête au sein des circonférences ; ce qui

s'exécute a la manière accoutumée.

Après un discours sur cet événement, on fait ôter ta tête.

Et le maître des cérémonies va chercher le candidat. Il l'introduit dans le temple, précédé du

chandelier à trois branches et des tuileurs en triangle, avec chacun une bougie.

D. Quelle est la cérémonie que lui fait le respectable maître d'Orient ?

R. Il lui répand de l'eau en croix sur les mains pour les rendre pures dans toutes leurs opérations

spirituelles, célestes et terrestres.

D. Quelle est L'ORDINATION ?

R. Le souverain décrit sur le sommet de la tête une circonférence en prononçant + 10, sur son coeur

un compas + 10, sur la partie opposée une équerre + 10, et du front à l'estomac une perpendiculaire

+ 10. Et lui souhaite que ces cérémonies aient tout l'effet qu'il doit désirer.

D. Quel est l'attouchement ? le signe ? et la marche ?

R. Sur la troisième jointure de l'index le premier angle de côté du pouce, etc. Ensuite, par le double

V, ou l'équerre et le compas. Le signe est celui de Jupiter pour la main droite ; la gauche est en

équerre en avant, le pouce à la hauteur du menton et placé horizontalement, le bras gauche formant

une équerre avec le buste et le bras droit un triangle. C’est l'attitude de celui qui opère sur Jupiter et

sur la Lune.

La marche par 9 :
|__



9 |

| 8

7 |

| 6

| 5

3 | 4 | 2 | 1

Elle est la figure de celle que Noé fît en sortant de l'arche. Ses trois sacrifices furent faits : l'un

au nord avec un chevreuil, le second au midi avec un bouc, le troisième à l'est avec un bélier. Elle se

rapporte encore au partage de la terre, a ses trois enfants : Sem le Nord, Cam le Midi, Japhet

l'Ouest. Noé garda le centre. Adam avait représenté la même chose : il tenait l'Ouest, Abel le Nord,

et Cam le Midi. Jean rappela cette figure en se plaçant sur un trépied de terre au milieu des eaux du

Jourdain.

D. Quelle est la décoration du temple?

R. Le temple est décoré de trois circonférences, au centre desquelles est un triangle dans lequel est

une croix. A chaque angle, un poignard et une branche à l'angle méridional.

Devant le respectable maître, une circonférence dans laquelle sont inscrits les mots qu'on doit

donner au candidat. Les cercles garnis de neuf bougies, qui sont la figure des neuf esprits qui
^dirigent et actionnent toute l'universalité. Leur propriété ne s'explique qu'au grade de Rx .


_____________________

M AÎ T RE COËN

_____________________
D. Quelle est la préparation de la chambre de retraite ?

R. Une grande circonférence, le candidat au centre, quatre bougies allumées. Dans le discours que

le maître des cérémonies fait au candidat, il lui dit qu'il est placé au centre de la lumière, qu'il a

passé la mer Rouge, et qu'il est sur le point de passer l'immensité des déserts qu'il faut parcourir

avant d'arriver à la Terre promise.

D. Par quel nombre se fait l'ouverture ?

R. Par un. Le souverain apprend ensuite aux frères que, dans le partage Je la Terre promise, il sera

destiné a tous les signalés destines à servir devant le tabernacle de l'alliance, deux mille coudées

vers l'orient, deux mille vers occident, deux mille vers midi et deux mille vers septentrion, ce qui

fait en tout huit mille, et il leur ordonne de s'établir dans le centre.

On introduit ensuite le candidat. On l'examine.

D. Quelle est la préparation à l'ordination ?

R. Le maître des cérémonies prend le candidat par la main droite et lui fait faire sept pas en partant

du pied gauche et, le dirigeant du coté du midi, il lui fait faire sept autres pas en arrière, en partant

du pied droit, et sept autres pas en avant, avec l'attention que les pieds forment bien l’équerre.

Arrivé à l'angle méridional, il le fait mettre à genoux, la face vers midi, et le fait prosterner sur le

tapis noir, la face sur le dedans des mains qu'il tient en équerre, et le couvre du tapis couleur de feu.

La voûte d'acier se forme au dessus de lui.

Le souverain vient faire l'invocation, l'exorcisme, dans lequel il employé le signe qui est le

symbole de la perfection, savoir de jeter les yeux sur l'équerre en avant. Il trace en outre sur le corps

du candidat l'hiéroglyphe de l'intelligence qui règne le jour de la réception et le sceau de l’ange de

l'homme. Ensuite, il penche un peu la tête sur le corps du candidat, en prononçant le quadrilettre 10.

Après, il fait relever le candidat sur les genoux, le tait mettre i l'ordre et le fait découvrir du tapis

rouge.

Le souverain appuyé sur le front du candidat sa main droite en équerre, la paume de la main en

dehors, les ongles sur la face et tendant contre terre ; ce qui le remet au rang des triples forts

marqués. Puis, il l'ordonne par fa puissance de ces trois mots ineffables : + 10, +10, + 10, en portant

en même temps le compas de la main droite sur la tête du candidat, et décrit trois circonférences sur

le crâne. Après, il impose sa main droite en équerre sur fa tête du candidat sans le toucher, en

continuant ainsi : « Sois béni au nom de 8, et au nom de 8 sois revêtu de puissance et mis au rang

des triples forts marqués, comme le furent ceux que le Grand Architecte de l'Univers choisit par sa

pure miséricorde pour délivrer son peuple de servitude par le ministère de Moïse ».

Le souverain prend la plaque triangulaire d'or fin sur laquelle est gravée un mot de double

puissance, 8, et la donnant au candidat : « C'est, lui dit il, le sceau de la double et triple puissance

qui est maintenant attachée en vous par la vertu des cérémonies que vous sont départies. Fasse le

Grand Architecte de l'Univers que vous soyez un jour à portée d'en connaître l'importance ! ».

On lui fait invoquer les mots tracés sous le tapis noir qu'on relève ; ensuite il se les répète

mutuellement avec le souverain, à la manière accoutumée, les mains sur les épaules.

Les signes, la marche, les attouchements, le cordon en écharpe de gauche à droite. Dans

l'attitude de maître, les deux mains en équerre sur les hanches, le poignard dans la main droite.

Pendant la proclamation, le candidat fait face à l'orient. Le vivat par 40 : 13 x 3 = 39, et 1 len

tement détaché.

La clôture par un coup comme l'ouverture.

D. Quelle est la marche de maître ?

R. Elle se fait comme les pas en arrière et en avant des compagnons, excepté que l'on ne tourne

jamais le dos aux circonférences. On doit faire 80 pas, mais, pour les abréger, on fait obliquement

deux pas en avant sur la droite et sur la gauche, et un pas en droite ligne, en formant à chaque pas

une équerre.

D. Quelle est l'explication des principaux signes, marches, attouchements, etc., pratiqués dans la

réception de maître coën ?

R. Ce grade a pour emblème les opérations de Moïse et l'ordination de Josué. « Vois », lui disait il,

en faisant le premier temps du signe, « c'est au centre de ma main où gît ma puissance et la tienne,

ainsi que celle de l'homme. Présente ta main comme la mienne ». Alors, Moïse lui traça dessus la

main avec sa baguette le caractère de l'esprit fort et à l'instant il sortit un rayon de feu.
e e e Les 2 , 3 et 4 temps représentent la plaque triangulaire d'or fin, ayant à chacun de ses angles


la lettre initiale des trois principaux chefs qui président aux trois régions.

Le quatrième, joint au cinquième, forme celui que Josué employa avant de livrer bataille. Il

appuyait le pouce sur le centre de son talisman qui avait une forme carrée et sur lequel était gravé le

nom ineffable. Il tenait sa min en équerre, comme pour se garantir des rayons du soleil. Josué ne

donnait que le simple signe, Moïse seul donnait le double signe en qualité de quadruple fort.

Les cinq autres temps sont les signes qui apparurent à Josué dans le combat. C'est un

hiéroglyphe enflammé qui serpentait de droite à gauche, du côté où les ennemis étaient menacés.

Josué répéta ce signe et tous les ennemis furent écharpés par des hommes dont les Israélites

n'étaient que la figure. Les triples forts portent depuis cette époque le cordon de feu de gauche à

droite, pour faire voir que ces ennemis furent détruits de cette manière.

Les maîtres n'ont jamais la tête découverte dans le temple.

________________________________________________________________________________
Nota. L'explication de la marche n'est que morale, excepté qu'il y est dit qu'on frappe du pied pour empêcher que les

mots ne soient entendus.

Mais la marche majeure par quarante coups interpelle, par les trente premiers, les trente mots de puissance

spirituelle. Les dix autres interpellent ceux dont il se servait pour arrêter les trente émissaires qui défirent totalement

l'armée des ennemis d'Israël. Les différents temps que l'on observe en donnant cette batterie désignent les invocations à

basse voix 7 que Josué faisait après chaque mot.

L'addition du nombre de coups produit 240, qui valent 6. Les six coups séparés qui se donnent forment le nombre

246 = 12 = 3, qui désignent la terre frappée : 3 1 2. L'addition de ces nombres produit 6 qui désigne l'homme et, en

ajoutant au nombre 6 celui de 3 qui l'a produit, on a 9 qui explique sa prévarication.

I. RITUELS D’INITIATION DES ÉLUS COËN

(Seconde partie)

Voici donc, comme promis, la seconde partie des extraits du rituel coën d’initiations, offerts
e en primeur aux lecteurs de l’Autre Monde. Le texte en est dû au fameux thaumaturge du XVIII


siècle, qui garde des fidèles, Martines de Pasqually,grand souverain de l’Ordre des chevaliers

maçons élus coën de l’univers. (Voir la première partie — apprenti, maître et maître coën —, avec

une notice explicative, dans le précédent numéro).

Ces textes cérémoniels sont ici précédés d’un exposé autorisé et inédit des bases de la doctrine

martinésiste, et martiniste, par Louis-Claude de Saint-Martin, le Philosophe inconnu, en

provenance du même fonds de ses papiers posthumes.

Le discours de la Sagesse est lumineux ; le catéchisme où s’analyse le rite de réception au

grade de grand architecte a parfois l’allure d’une énigme, à cause du vocabulaire technique et

parce que c’est un aide-mémoire. L’ensemble du rituel coën, tant pour les initiations que pour les

opérations de théurgie, permettra de comprendre mieux ce grimoire et les trois publiés

antérieurement. Mais, déjà, leurs indications suggèrent un style et maint détail en est aussi clair

que précieux. Surtout, n’oublions pas que, selon Martines, la pratique, dont notre deuxième texte

résume un exemple, tient indissolublement à la théorie que l’exhortation initiale rappelle. (Mais

Saint-Martin voudra qu’une autre pratique s’ensuive,sans cérémonial, tout interne).

Le prochain numéro présentera des extraits du rituel théurgique.

R. A.

Portrait

apocryphe de Martines de

Pasqually !

(d’après l’Initiation,

octobre 1965).
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I N ST RU CT I ON S SU R LA SAGESSE

_______________________________________
Grandeur de la Sagesse

Comme il n’est rien que j’aime plus que toi,

homme, je veux te montrer tout ce que j’ai fait en

ta faveur, et tout ce que tu dois attendre de moi,

pour peu que tu m’aimes à ton tour. Je ne te

demande que de la confiance en mes promesses, et

je te donnerai cent fois plus que je ne t’aurai

promis. Je dissiperai toutes tes craintes,

j’éclaircirai tous tes doutes. Je suis la force et la

lumière même.

Raison des misères de l’homme

Le premier doute qui te tourmente est de

savoir pourquoi tu te trouves emprisonné dans une

épaisse matière, dont les besoins et la corruption te

retiennent comme dans l’esclavage et t’entraînent

si souvent dans la confusion.

Émanation des aînés

Pour te tranquilliser sur ce point, je

t’apprendrai qu’avant ta formation et celle de cet

univers, j’avais émané de moi même des êtres

spirituels comme toi. Je les avais émanés pour ma

gloire, pour qu’ils me rendissent ce culte d’amour

et de vénération qui m’est agréable et qui en même

temps fait le bonheur de l’être qui ne cherche qu’à

m’honorer.

Loi, précepte et commandement

En qualité d’êtres spirituels, ils étaient libres et, comme émanant de moi, ils avaient une loi

prise dans leur émanation même, qui consistait à ne pouvoir sortir des bornes de leur nature et à ne

pouvoir jamais s’égaler à moi, quelque violents que fussent leurs efforts. Car je suis le seul être, et il

n’y en aura jamais de semblable à moi.

Ils avaient encore un précepte pour les diriger dans le culte qui devait faire l’essence de leur

nature spirituelle, et un commandement pour l’exécuter.

Si ces êtres n’eussent pas tenté de sortir des bornes que je leur avais prescrites en les émanant

de moi, s’ils eussent marché selon mes préceptes et qu’ils n’eussent point abusé de leur

commandement, une paix inaltérable et des délices sans nombre eussent été leur récompense, le mal

serait encore inconnu.

Leur liberté

Mais, étant indépendants de moi, quant à leurs volontés et actions spirituelles, je ne pouvais

contraindre leur libre arbitre sans le détruire. Ils avaient en eux un principe de vie indestructible que

je donne à tout ce qui émane de moi, et que je laisse ensuite opérer selon son gré, sans que je sois

pour rien dans l’action de l’être qui en est revêtu.

Mes lois sont immuables. Comme je porte en moi la source intarissable de l’infinité des êtres

(spirituels), tous ceux qu’il me plaît émaner de moi ne peuvent manquer de sentir et de connaître le

bien, tant qu’ils me restent attachés ; s’ils s’écartent de moi, ils ne trouvent plus que la confusion.

Ma loi ne peut être fondée que sur leur liberté ; autrement, ils ne seraient plus mes enfants, et,

bien plutôt, ils seraient mes esclaves.

Prévarication en raison de leur liberté

C’est par le pouvoir de cette liberté que les premiers êtres spirituels osèrent porter leur audace

jusqu’à mon trône. Ils ont voulu contester mon éternité en me donnant une émanation semblable à

la leur. Ils ont voulu borner ma toute puissance dans mes opérations de création. Enfin, ils ont

formé le dessein d’être créateurs eux mêmes des causes troisièmes et quatrièmes, qu’ils savaient

être innées en ma toute puissance, puisqu’en qualité d’êtres spirituels divins ils pouvaient lire dans

mon sein.

Leur chute

Mais mon trône est à jamais inébranlable et, comme rien n’est caché devant moi, je pénétrai

leur pensée criminelle aussitôt qu’ils l’eurent formée. Alors, je leur fis connaître qu’il n’est point de

puissance qui ne se brise contre la mienne. Je les chassai loin de mon enceinte sacrée, 10, d’où ils

pouvaient connaître et lire en moi ma quatriple essence divine, dans laquelle devait agir et opérer

pour ma gloire tout être spirituel, savoir : supérieur 10, majeur 8, inférieur 7, et mineur 4, quoique

n’étant pas encore émané.

Création de l’univers physique

Quand je les eus privés de ma lumière, je créai cet univers physique de formes matérielles,

dans lequel ces prévaricateurs exercent continuellement les désordres qu’enfante leur volonté

déréglée ; volonté, cependant, dont l’effet ne prévaudra jamais contre les lois d’ordre et de durée

que j’ai données à ma création universelle, générale et particulière.

C’est au centre de cet ouvrage de ma puissance que je leur ai réservé des abîmes pour être

l’asile de leurs opérations ténébreuses.

Émanation de l’homme

Alors, homme, j’ouvris mon sein une seconde fois, et tu reçus l’être. Je te confiai la défense de

ma gloire, je transportai sur toi tous les droits dont j’avais dépouillé tes aînés. Je soumis à ta

puissance ces mêmes êtres qui n’auraient jamais dû reconnaître d’autre maître que moi. Je te donnai

comme à eux des lois, des préceptes et un commandement. Tu étais libre comme eux d’en faire

usage pour ma gloire, mais l’ange des ténèbres, qui a juré la perte de tout ce qui m’appartient,

n’oublia rien pour te séduire.

Sa tentation

II insinua dans ton âme cet orgueil criminel, qui l’avait rendu l’objet de ma colère ; il te

persuada qu’il n’y avait aucune borne à la puissance que je t’avais donnée, et qu’étant fait à mon

image, tu devais partager mes droits.

Au lieu de chasser loin de toi ce monstre d’exécration, comme tu en avais le pouvoir, tu fus

assez faible pour te complaire dans cette ambition qu’il te peignait si belle. Il profita de ta facilité

pour imprimer plus profondément la pensée du crime dans ton coeur.

Sa prévarication

Et bientôt tu te portas à mettre en exécution ce projet funeste, qui aurait dû t’effrayer plus que

la mort ...

Sa misère

Pleure, homme ; laisse toi aller à l’amertume. Apprends dans le frémissement de ta douleur ce

que tu dois à ma justice ; apprends à juger de ton crime par le genre de ta punition, car c’est une de

mes lois que tu sois tourmenté par l’endroit même où tu as péché, afin que ta faute ne sorte point de

devant tes yeux.

Rappelle toi, chaque jour de ta vie, ce qu’il t’en coûte pour obtenir quelques rayons de ma

lumière, et tu verras jusqu’où je porte la vengeance contre celui qui m’outrage.

Tu habitais une demeure de paix et de clarté : tu t’es plongé dans un précipice de confusion et

de ténèbres.

Tu vivais : tu t’es dégradé jusqu’à te bâtir toi même ton tombeau.

Tu étais maître, étant formé à mon image : tu es devenu l’esclave des esclaves, le rebut de la

terre et des cieux.

Il n’est point de tourment et de persécutions que tu n’aies à souffrir de la part de ton ennemi,

puisque tu lui as laissé prendre l’empire sur toi. Il n’est rien qu’il n’employe pour dévorer jusqu’aux

moindres traces de vérité qui te restent. Il n’est pas content de t’avoir entraîné dans sa demeure

ténébreuse, il voudrait encore t’y fixer à jamais.

Bonté de la Sagesse

Mais, homme, comme tu es toujours l’objet de mon amour, je n’ai point ôté mes yeux de

dessus toi. Je t’ai puni comme mon enfant, afin que, lors même que tu éprouverais ma justice, tu

sentisses encore plus ma miséricorde, et qu’enfin reconnaissant la grandeur de mon nom, tu

t’humiliasses devant moi, et que tu rentrasses dans mon sein. Si j’avais voulu te perdre, je t’aurais

entièrement séparé de moi, comme j’en ai séparé celui qui t’a fait prévariquer.

Force qu’elle rend à l’homme

Au contraire, j’ai voulu te donner tout l’avantage du combat, je t’ai puissamment armé contre

ton ennemi, j’ai répandu autour de toi abondamment les preuves de ma puissance, pour t’engager

par des marques sensibles à n’adresser tes hommages qu’à moi, comme étant le seul à qui ils soient

dûs et qui puisse te récompenser.

Exhortation

Ô mon fils, jusqu’où porteras tu l’aveuglement et l’insensibilité ! Jusqu’à quand oublieras tu

ce que j’ai fait et ce que je fais tous les jours pour toi ! Mes plus grandes merveilles t’occupent à

peine ; mes fléaux ne t’épouvantent point ; ma voix tonnante ne te frappe pas ; mes lois écrites

partout en caractères ineffaçables ne t’en impriment pas.

Pourquoi donc aurais je mis mon sceau dans ton coeur ? Non, je ne veux point que tu t’éloignes

plus longtemps de moi, je veux te préserver de cet état de mort où tu t’enfonces à chaque instant. Je

veux t’enseigner à observer mes oeuvres, je veux que tu reconnaisses ma vérité à tous tes pas.

Ressources de l’homme

Alors, tu n’hésiteras plus à me prendre pour ton guide, et ton âme avouera qu’elle ne peut être

ferme et inébranlable qu’en vivant éternellement selon ma loi.

Observations sur les formes et sur leur ordre

Lorsque tu commences à te connaître, le premier usage que tu fasses de tes sens est d’observer

tout ce qui est autour de toi. Tu aperçois des formes différentes les unes des autres, tu aperçois

certaines proportions et certaines règles tant pour la forme des êtres matériels que pour toutes leurs

révolutions. Cette proportion t’attache et t’entraîne malgré toi. Tu sens que tu es fait pour l’ordre,

par l’attrait que tu trouves pour toutes les choses où il y en a. C’est de cette première et simple

observation que je veux te conduire à reconnaître l’éternité de mon nom et mes lois immuables que

j’ai gravées sur les plus grossiers ouvrages de mes mains, afin que tu n’en doutasse jamais.
Lettre de Martines de Pasqually à Jean-Baptiste Willermoz

(B.M.de Lyon ; d’après Van Rijnberk, Martinez de Pasqually, Ed. G. Olms, 1982).

—————————————————

GRAN D ARCH I T ECT E

____________________________
D. Quelle est la préparation de la chambre de retraite ?

R. On fait vêtir te candidat d’une aube blanche, les souliers en pantoufle, etc.

Dans le temple, on tracera six cercles dont les circonférences seront éloignées les unes des

autres, selon le tableau de préparation. On y joindra les quatre cercles angulaires et les quatre

vautours, ou correspondances, aux circonférences. Dans le cercle angulaire de l’Est, le nom d’un

ange, au n° 8 ; dans ceux de midi et de Septentrion, dans chaque, un nom d’ange, 7 ; dans celui

d’Occident, 6. Dans chaque vautour un hiéroglyphe d’intelligence bénigne : celui de Saturne entre

l’Orient et le midi, celui de Jupiter entre le midi et l’Ouest, celui de l’intelligence de la Lune entre le

Couchant et le Septentrion, celui de Mars entre le nord et le levant.

Dans les espaces des circonférences : d’abord, dans l’espace de la première, appelée cercle

terrestre lunaire, les caractères du bon et du mauvais démon de la Lune, avec leurs hiéroglyphes,

ayant attention qu’ils soient en aspect les uns des autres. L’on y joindra les deux caractères de la

Lune, l’un au commencement, de gauche à droite, et l’autre de droite à gauche, de façon que les

hiéroglyphes des intelligences quelconques soient placés entre les deux caractères lunaires. On fait

la même chose pour les autres cercles, pour Mercure, Vénus. Mars, Jupiter et Saturne.

On placera sur le quatrième cercle, la figure du Soleil du côte de l’Est, et, sur le troisième

cercle, vers Ouest, celle du croissant de la Lune, autour de laquelle il y aura trois étoiles placées

triangulairement, l’une à droite, l’autre à gauche, et la troisième au dessus de la Lune.

Le Soleil sera seul dans son cercle, sans aucun hiéroglyphe. On mettra au premier hiéroglyphe

du bon démon de Saturne un mot de puissance de quatre lettres, au nombre 8 ; à hiéroglyphe

premier de la Lune un mot de puissance en quatre lettres, au nombre 4 ; et à tous les hiéroglyphes

premiers de chaque planète le quadrilettre, au nombre 7 ; et sur les autres hiéroglyphes nommés

seconds un mot de puissance, au nombre 6 ; tous les mots vérifiés sur l’alphabet, en commençant

par J. pour Jupiter, M. pour Mercure, etc.

On mettra au dessus des caractères un mot selon leur rang alphabétique, c’est à dire, sur le

premier caractère placé au cercle terrestre, un nom terrestre au nombre 3, et sur le dernier caractère

un nom au nombre 5, nombre matériel, etc.

L’on garnira les sept circonférences que font six cercles de tout ce qui a été dit, avec le plus de

soin possible. On placera ensuite 98 bougies de cire vierge, nombre de double puissance, comme

Moïse le reçut du Grand Architecte de l’Univers ; duquel nombre 98, Moïse s’est toujours servi

lorsqu’il demandait au Tout Puissant des grâces relatives à son ministère, et, lorsqu’il voulait

travailler avec les élus, il ornait ses circonférences de 20 x 8 = 160 bougies, non comprises les

quatre des vautours ni les quatre des cercles angulaires ; lesquels nombres sont très propres à la

réception d’un candidat et aux opérations spirituelles, parce que 160 = 7, 2 x 4 = 8. Il en est de

même du nombre 98 = 8.

On placera les bougies sur toutes les lignes circulaires, avec l’attention qu’elles décrivent en

tous sens des triangles. Elles seront ainsi distribuées :
er e e e e e Au 1 cercle extérieur 28 ; au 2 , 14 ; au 3 , 28 ; au 4 , 14 ; au 5 , 7 ; au 6 , 7. Le total se monte


à 98 = 8.

Lorsqu’on voudra se servir du nombre 160, on distribuera les étoiles par 26 et par 28.

Les huit bougies que l’on place ordinairement dans les circonférences ne sont que de pure

cérémonie. Moïse ne s’en servait que pour les travaux journaliers, ou pour annoncer les élections

qu’il avait faites pour la conduite des tribus en général et en particulier, il se servait aussi du nombre

100, qui se place sur cinq cercles, 20 à chaque, de sorte que chaque cercle comporte le nombre 2 qui

est de confusion ; et le nombre de 5, que forment les 5 cercles, porte aux cinq principaux ennemis

destructeurs. Par le nombre de 100, Moïse inspirait la terreur aux ennemis d’Israël, en l’opérant

d’après les règles.

Pour une réception, il faut toujours se servir de 98. Mais si l’emplacement ne le permet, on se

sert de 17, valeur inverse de 98.

D. Quelle est l’explication des batteries ?

R. 3 interpelle les puissances spirituelles à qui Dieu a commis le soin de l’homme. Moïse

interpellait par 3 les puissances qui président à la Terre, sur laquelle il opérait pour la première fois.

5 maudit et contient l’esprit malin, par 9, sur les parties animales de l’homme. 12 interpelle les

trois puissances quinaires démoniaques attachées aux trois régions terrestres, par 7 opérations

spirituelles, dans les trois régions céleste, terrestre, aquatique. 21 : confusion terrestre ; Moïse se

servait par ce nombre du pour et du contre. 41 : dans un seul angle, sur la matière, par le nombre

mystérieux de 5, produit de 41.

81 interpelle la double puissance dont il ne reçut l’ordre de se servir qu’à 80 ans. L’unité qui

est ajoutée à 80 désigne cette unité d’où tout est dérivé et où tout retourne. C’est par ce nombre de

80 qu’il confondit les mages, changea la baguette en serpent, etc.

100 interpelle les différentes puissances dont Moïse se servait pour les opérations de toutes

sortes dont il avait besoin ; l’unité jointe à 100 est de convention, pour désigner aux disciples l’unité

de Dieu. C’est pourquoi les Hébreux avaient coutume de mettre au commencement des mots

mystérieux, aleph, qui ne se prononçait point et qui n’était mis que pour désigner la paternité.

D. Qu’y a t il à considérer dans l’illumination ?

R. Que la bougie du centre ne soit allumée que par le souverain, et qu’on prenne garde d’y mêler un

feu étranger.

Pour la bénédiction des cercles.

Après l’illumination, le souverain s’avance à l’orient des circonférences, il prend son cordon

blanc et tourne trois fois autour des circonférences en lançant son cordon vers le centre ; et, le

retirant, il commence les trois premiers tours du côté du midi. A chaque fois qu’il est parvenu à un

cercle vautour, il dit en lançant son cordon : « Descendez et sortez, esprit que j’invoque par vos

noms qui sont ici au centre de ce feu qui vous est consacré. Obéissez à mon être qui vous

commande par le nom redoutable de l’Eternel + 10 ».

Il fait trois autres tours du côté du septentrion et, en s’arrêtant à chaque vautour, il fait une

nouvelle conjuration, par les trois paroles que l’Eternel donna au premier homme : + 10, + 8, + 7 ;

le tout conformément aux choses qu’il désire, pourvu que cela tende au bien. Le maître des

cérémonies le suit à tous les tours et encense les cercles, et par trois coups les cercles de

correspondance.

Puis, ayant quitté ses souliers, les mains en équerre sur la face, il entre dans le saint des saints,

puis prend de la main droite, des mains du maître des cérémonies, une bougie jaune allumée à celle

qui brûle sur l’autel à l’orient. Là, il dit « Quam dilecta (Que sont aimables) etc... (psaume 83) ;

Benedic (Bénis), + 10 ».

Le souverain, de sa bougie, allume celle du saint des saints. Il impose dessus ses mains en

équerre pour la bénir par le quadrilettre 10. « Veni Sancte Spiritus (Viens, Saint Esprit) etc. ». Le

grand signe. « In nomine Patris (Au nom du Père) etc., + 10, + 8, 4 7 Extinguetur in te in omnibus

his circulis presentibus et candelis omnis virtus diaboli per impositionem manuum mearum et per

invocationem omnium sanctorum, angelorum, archangelorum, patriarcharum, prophetarum,

apostolorum et omnium sanctorum, etc. (Que s’éteigne en toi, dans tous ces présents cercles et

bougies, toute vertu diabolique, par l’imposition de mes mains et par l’invocation de tous les saints,

anges, archanges, patriarches, prophètes, apôtres et de tous les saints, etc. ).
^Après la consécration, prend l’encensoir des mains d’un R , encense le premier cercle de


correspondance qui est celui de l’orient, puis celui d’occident, celui du midi, celui du septentrion ;

ensuite, les circonférences et les vautours terrestres. Le maître des cérémonies prend l’encensoir et

fait partout la même chose.

Chaque exorcisme est différent et tous sont à la volonté du souverain maître opérant.

Avant l’ouverture des portes, le souverain s’informe si les frères ont lavé leurs vêtements, s’ils

ne se sont point approchés des femmes et s’ils sont purifiés.

On consigne les quatre correspondances par des mots sacrés pris au V 10. Les paroles seront

prises dans Saturne et Vénus, au nombre 7. On donne trois paroles et un mot sacré ; en tout : 4.

Puis la prière.

D. Quelles sont les batteries ?
: R. 11 y en a par 3, 5, 9, 12, 15, 7, 21, 41, 81, 101. La dernière, par abréviation, se marque ainsi :

: . On rend au souverain les batteries à mesure qu’il les donne.


La bénédiction sous la voûte d’acier, puis la consigne, en formant une chaîne, les bras sur les

épaules réciproquement les uns des autres, le pied gauche dans l’intérieur du premier cercle où est

marqué le W. Le souverain donne le grand signe et prononce le mot inscrit au saint des saints ; les

frères le prononcent aussi. On introduit le candidat. Le souverain répète sur son corps les

exorcismes, bénédictions et invocations, comme au maître coën. Ensuite, il procède à l’ordination.

Pour cet effet, il impose sur sa tête le triangle avec les trois premiers doigts de la main gauche,

le petit doigt croisé sur le pouce qui est appuyé sur la paume de la main ; et, à chaque fois qu’il tait

sentir un des trois doigts, il prononce : + 7, + 7, + 7. Il en fait autant de la main droite prononçant

trois autres + 7, + 7, + 7. 6 x 7 = 42 = 6 : 6 est attaché à l’âme, 7 à l’esprit. Puis, il lui met sur le

front la plaque triangulaire d’or fin faite à l’heure de Mercure et semblable à celle d’Aaron, puis il

impose la main droite en équerre sur la place où est la plaque, en faisant des voeux pour ses succès.

Ensuite, on va le purifier dans la mer d’airain, qui est au septentrion.

Après quoi, on le mène, les pieds nus, par le pas d’apprentif au cercle de correspondance

oriental, où il parfume trois fois le cercle où il est. Il en va faire autant aux autres cercles, en passant

toujours par l’occident et saluant l’orient. Il ne parfume point les vautours terrestres. En passant

d’un cercle à l’autre, il fait la marche de maître coën.

Le candidat met le genou droit en terre, lève la main droite en équerre en l’air, la gauche de

champ sur la terre. Le souverain vient lui donner la bénédiction. On purifie la bouche du candidat

avec la bougie du centre sans qu’il la touche des mains, mais il faut qu’il sente la flamme.

On lui fait invoquer les mots et les noms spirituels renfermés dans les cercles de

correspondance, par les pas d’apprentif, les mains en équerre sur le coeur, la gauche de champ.

Le souverain fait mettre à genoux tous les frères autour des grands cercles, où ils déposent

leurs glaives. Ils invoquent ensemble les mots et, éteignant les bougies de chaque, sans l’effacer, les

frères se lèvent et prononcent ensemble le grand mot, une seule fois. Le candidat ensuite relève tous

les mots des grands cercles, les efface et éteint les bougies de sorte qu’il n’en reste que six autour de

la grande circonférence, et une au centre.

Alors, on procède à sa dernière ordination, qui s’exécute par le souverain, qui est sous la voûte

d’acier. Le souverain met sa main gauche en équerre sur la hanche et présente la droite en équerre

sur le corps du candidat. Il prononce 4 quadrilettres, les deux premiers au nombre 8, les deux autres

au nombre 4, qu’il attache sur les quatre horizons de la personne du candidat ; et, pour cet effet, il
e e e e jette à chaque mot les yeux 1 ) aux pieds du candidat, 2 ) à la tête, 3 ) au côté droit, 4 ) au gauche,


pris pour le nord.

Ensuite, on couvre le candidat d’un tapis blanc, on lui fait mettre la main droite en équerre sur

la Bible au premier chapitre de la Loi. Dans cette attitude, il professe son obligation. Après quoi, la

voûte se brise et on donne au nouvel architecte les mots et paroles.

On lui donne la ceinture rouge en écharpe, le glaive qui n’est que la figure de celui qui précède

le Seigneur. On bénit son glaive, en disant à chaque croisade : « + 10, + 4, + 8 », tous quadrilettres.
^Le souverain, et ses R en triangle, va, dans le saint des saints, relever tous les mots et les


consignes. Les frères s’approchent des cercles pour cette cérémonie. Les mots au saint des saints ne

peuvent être écrits ni effacés que par un commandeur au moins.

Le souverain relève seul le grand mot du W et prend la bougie, après en avoir respiré la

flamme par trois fois.

D. Quelle est l’explication des signes ?

R. Le premier répond aux cornes de Moïse, celui de la croix avec les yeux ne peut s’expliquer
^e e qu’aux R , le 6 et le 7 font allusion au urim et au thumim.


L’attouchement se fait les bras croisés sur la poitrine, les retourner équerre contre équerre, les

rapporter et se baiser réciproquement le front, par respect pour la plaque triangulaire que les grands

architectes doivent porter sur cette partie de la tête.

La marche : les mains croisées sur la poitrine, par 100 pas en équerre, en commençant du pied

droit ; pour abréger on tait la marche par 40.

Le grand signe est une convention tacite, dont l’effet durera jusqu’à la consommation des

siècles en faveur des sujets bien disposés.

Robert AMADOU
(Extrait de la revue l’Autre Monde n°69 - mars 1983 - pp. 32-35).

Tableau pour une opération

théurgique.

(Dessin de Prunelle de Lière -

B. M. de Grenoble –

Précédemment publié dans

l’ouvrage d’Alice Joly, « Un

mystique lyonnais … », Protat,

Mâcon, 1938).
RITUELS DES

ÉLUS COËN

par Robert

AMADOU

i.o. Eques ab Ægypto

La théurgie cérémonielle, c'est à dire les rites propres à mettre l'opérant en rapport actif avec

les esprits, les dieux, les anges, bons ou mauvais, cette théurgie là, qu'on ne confondra pas avec la

théurgie interne des néoplatoniciens et de Saint Martin où le rapport s'établit entre l'âme et Dieu par

des moyens spirituels et, éventuellement, des procédés psycho physiologiques ordonnés ; la

théurgie des élus coëns faisait précisément des disciples de Martines de Pasqually, qui les y

habilitait en les initiant rituellement aussi, des prêtres choisis (et non pas investis par une

appartenance tribale ainsi que dans la loi de Moïse) ; mais le détail rituel n'en a jamais été

reconstitué avec exactitude.

La raison de cette lacune est simple : manquaient les textes d'initiations aux divers grades,

lesquels fixent la théorie et le symbolisme corrélatifs propre à chaque grade, et aussi, et surtout les

textes de pénitence, d'invocation, de conjuration et d'exorcisme constituant à proprement parler le

rituel théurgique. Papus et Le Forestier ont fait ce qu'ils ont pu avec la documentation dont ils

disposaient et, le plus souvent, ils se sont égarés dans leurs conjectures : la part de reconstitution

était trop forte, en effet.

Des indications plus précises ont été fournies par Robert Ambelain (qui ne désirait pas en

publier beaucoup), parce que celui ci avait bénéficié d'un gros volume manuscrit du XVIIIe siècle

désormais connu sous le nom « manuscrit d'Alger » (à cause du lieu de résidence de l'inventeur qui

le lui remit). Ainsi fut publiée (Les Cahiers de la Tour Saint-Jacques, II III IV (1960), l'invocation

des maîtres coën alléguée dans une lettre de Saint Martin à Willermoz, du 7 juillet 1771, suivie

d'une conjuration aux anges — rituel mensuel pour les maîtres coën, que célébraient journellement

les réaux croix.

Ces derniers, titulaires du plus haut degré de l'ordre, sont prêtres en plein, non pas selon le

sacerdoce organique des Églises chrétiennes, mais d'un sacerdoce ésotérique et, en même temps,

réputé le plus général qui, cependant, loin de se déclarer anti chrétien, se réfère à des vérités

catholiques, au double sens universel et confessionnel du terme. A bon droit ou à contre sens ? C'est

affaire de jugement théologique. En tout cas, rien d'une caricature, encore moins d'un sacrilège

délibéré. Les titulaires des grades mineurs sont autorisés et même astreints à participer, chacun en

ce qui les concerne, aux opérations.

Celles ci se déroulent selon des prescriptions extrêmement minutieuses, d'une complexité qui

croît avec la hauteur du degré. Martines de Pasqually, dans son Traité de la réintégration (éd. du

bicentenaire, 1974, p. 392) distingue les types suivants d'opérations : « 1° le culte d'expiation, 2° le

culte de grâce particulière générale, 3° le culte contre les démons, 4° le culte de prévarication et de

conservation, 5° le culte contre la guerre, 6° le culte pour s'opposer aux ennemis de la Loi divine, 7°

le culte pour faire la descente de l'esprit divin, 8° le culte de foi et de la persévérance dans la vertu

spirituelle divine, 9° le culte pour fixer l'esprit conciliateur divin avec soi, 10° le culte annuel ou de

dédicace de toutes ses opérations au Créateur. Tous ces cultes ont été compris dans les deux qui ont

été opérés par Moïse chez Israël et par Salomon dans le temple, où les différents bois et les

différents parfums consacrés aux sacrifices ont été mis en usage. Le temps où chacun de c«s cultes

s'opérait était à chaque renouvellement de lune, et, depuis que les hommes existent, ce culte s'est

opéré parmi eux ».

Cette liste tient moins du catalogue exact, quoiqu'elle paraisse s'y apparenter, que de la

délimitation d'un champ d'action.

Le champ, c'est le monde, l'immensité, dit Martines de Pasqually, terrestre et l'immensité

céleste, mais elle implique aussi les deux autres immensités qui, avec celles là, composent le Tout :

immensité surcéleste et immensité divine. Quant à l'action, c'est un combat, une participation, et la

plus utile, la plus nécessaire qui soit, de l'homme au combat de l'ombre et de la lumière : à son

profit, pour l'humiliation des démons, esprits de par leur volonté déchus, en vue de les neutraliser et

de leur réintégration ultime (comme de tout ce qui n'est pas Dieu, dans la cour divine), avec le

concours des esprits fidèles, et à la gloire de l’Éternel, jusqu'à ce qu'elle soit entière et que ce nom

seul se fasse entendre, ainsi que d'une seule voix, par sept fois sans cesse répétées.

Mais l'homme étant incorporisé, d'après la doctrine des élus coën, qu'il tourne donc à son

avantage et à l'avantage du spirituel, le matériel si souvent dommageable ! Les rites naissent de

cette conversion, où interviennent figures, notamment cercles et quarts de cercle, « vautours »,

paroles, parfums, chandelles et calendriers, ornements personnels, surtout les noms des bons et des

mauvais esprits avec leurs hiéroglyphes, ou leurs griffes, respectifs, leurs signatures. Au cours des

opérations, des esprits, qu'il a d'abord fallu appeler, convoquer à toutes fins utiles (et c'est selon leur

nature), se manifestent, si tout va bien, par des signes visibles les « passes » que le recueil des

hiéroglyphes permet d'identifier. Une importance particulière est reconnue à l’aide de l'esprit « bon

compagnon », exotériquement l'ange gardien ou à peu près.

Désormais, nous aurons l'ensemble des rituels d'opérations, de même que des rituels
(1) d'initiations , copiés par Saint Martin, que le Philosophe inconnu conserva par devers lui jusqu'à


sa mort afin de les célébrer d'abord, puis, quand il eut renoncé à la théurgie cérémonielle, par

discipline et par piété, mais aussi, j'en suis convaincu, aux fins de consultations assez fréquentes.

Cette partie du fonds Z permet, en intégrant les éléments dispersés dont on devait se contenter
(2) auparavant , de tracer le tableau exact et presque complet du rituel composé par Martines de


Pasqually pour ses disciples. C'est la matière de deux volumes pourvus de commentaires. Mais,

après les indications élémentaires qui précèdent, voici, en primeur, disions nous, quelques textes

théurgiques qui contribueront déjà à fixer quelques idées relativement au sens de la théurgie du

maître de Bordeaux. « D'où venait il ? Où allait il ? ». André Breton

exigeait des professeurs censés savoir et accusés de dissimuler, qu'ils lui répondissent. Façon de

discréditer les imposteurs tout en exaltant la vie et la fonction de Martines.

Outre que beaucoup ont attesté son efficacité, la liturgie coën initiations et opérations —

possède une haute valeur philosophique et spirituelle, plus justement théosophique. Qu'on en juge à

la lecture de ces pages tirées de l'ombre pour la première fois ; elles sont dignes d'être méditées.

Même l'adepte de la théurgie interne trouvera à s'y instruire.
(3) L'illustration de cet article comprend trois nouveaux tableaux d'opération et quelques


hiéroglyphes d'esprits propices, d'après le registre copié par Saint Martin et à paraître en fac similé

dans l'édition annoncée.
(Extrait de la revue l’Autre Monde n°70 - avril 1983 - pp.18-21).

(1) — Des rituels d'initiations ont été publiés dans les deux numéros précédents de l'Autre Monde, n° 68 et n° 69.

(2) — Ajoutons y deux pièces majeures récemment mises au jour : une invocation de réconciliation, dans les

Archives théosophiques, I, 1981, pp. 99 108, et Invocation pour le maître élu, dans l'Initiation, juillet septembre 1977,

p. 140 143.

(3) — Deux autres sont parus dans les deux articles cités dans la note 1.

Ci-contre : cette figure, et les deux

précédentes du même genre, sont

des tableaux pour une opération

théurgique, inédits, dans la copie

de Prunelle de Lière (B.M. de

Grenoble). Réduits au tiers environ.

Ci-dessous : hiéroglyphes utilisés

par Martinez de Pasqually.
_______________________________

ASSI GN AT I ON ET RET RAI T E

_______________________________
L'opérant, debout sur le bord du cercle du centre, à l'ouest, et faisant face à l'est, prend

l'encensoir ou la terrine où il a déjà mis les parfums nécessaires et encense par trois fois chacun des
_quatre mots divins qui sont dans le centre du . Il remet la terrine hors des cercles, puis il fléchit


les deux genoux en terre, sur le bord du même cercle, toujours à l'ouest, la face a l'est. Il joint ses

deux mains, les doigts entrelacés, il les descend avec le corps, en appuyant le front sur le dos de ses

mains ainsi jointes. Il restera dans cette position environ deux minutes, sans remuer ni parler et les

yeux fermés pour n'avoir aucune distraction et remarquer plus aisément le bruit qui se pourrait faire

par quelque esprit dans l'appartement et surtout auprès de lui même dans les cercles. Après cet

instant d'inaction et d'attention, l'opérant assigne tous les esprits des angles de l'appartement à venir
_se réunir avec tous ceux qui sont dans les cercles et dans les angles du ainsi qu'il suit.


L'opérant nomme tous les noms des esprits des angles, ensuite ceux des trois premiers cercles
_et ceux des angles du , et dit après : « Bénis soient ceux oui viennent à moi au nom de l'Éternel


». Il fait aussi lui même la réponse des esprits en disant : « Loué celui qui nous invoque en face des

mots redoutables par lesquels tout a été fait ! Amen ».
_L'opérant prononce ensuite les quatre mots divins qui sont dans le centre du , et dit après :


« Je vous conjure, esprits saints et purs, par les quatre mots sacrés que vous venez d'entendre

prononcer à mon Âme puissante, d'être par ces mêmes mots (qu'il prononce encore) intimement liés

à moi, de façon que, dans ce moment, il n'y ait aucune différence entre vous tous et moi seul ; que,

revêtu de toutes vos intelligences spirituelles et divines, vous ayez à m'écouter, m'entendre et me

parler sur tout ce que ma puissance vous demande et vous demandera par les mots sacrés et

ineffables (il prononce les quatre mots du centre). Je vous invoque et vous commande par eux, ainsi

que Moïse, Aaron et Josué vous ont commandé, auxquels vous avez obéi aussi promptement que

vous avez entendu leur invocation. Je vous invoque tous dans cet endroit sacré, par la toute

puissance des quatre mots divins qui contiennent l'univers (il prononce les quatre mots du centre), et

en vertu du grand et redoutable nom de l'Éternel devant lequel tout tremble et frémit, et que par

respect je ne saurais prononcer, je consacre ce lieu sanctifié et pur pour être l'endroit fixe de mon

invocation et commandement, ainsi que Moïse sacra et consacra le sommet de la montagne de Sinaï

où vous reçûtes de lui ordre et commandement d'agir et d'opérer selon ses désirs, suivant la force et

la puissance que l'Éternel lui donna sur vous.

Vous fûtes par lui commandés et assujettis pour sa défense contre les ennemis de la Loi divine

et du peuple choisi. Je suis un fidèle élu, sacré et consacré par le Dieu vivant de Moïse, d'Abraham,

d'Isaac et de Jacob, pour l'appui de cette même Loi que l'Éternel rappelle à l'homme par la voix de

Moïse ».
_L'opérant se relève et se tient debout au centre du . Là, il dit d'un ton ferme, haut et


absolu : « Je commande. Alerte, terreur, frémissement et soumission a la voix qui vous appelle ». Il

nomme par exclamation tous les esprits des angles des cercles des correspondances, des cercles
_d'opération et des angles du , par la vertu invincible, par la puissance redoutable, par le


pouvoir terrible et absolu et par la justice immuable des quatre mots sacrés et ineffables (les quatre

mots du centre) par lesquels tout est, et par lesquels tout être créé et soumis subsiste. « Je vous

conjure et vous commande, du saint des saints de mes cercles, d'aller en sentinelle, chacun aux lieux

qui vous sont destinés et assignés par moi, ainsi que j'en ai obtenu le pouvoir par celui qui est, et par

les quatre mots divins (les mêmes quatre mots du centre) qui vous soumettent aux invocations et

commandements de l’homme Dieu, roi et père de toute postérité terrestre. Je vous l'ordonne à tous,

en général et en particulier ».

L'opérant s'adresse en particulier aux quatre esprits des trois premiers cercles d'opération pour

leur demander généralement tout ce dont il a besoin, ne pouvant point s'adresser particulièrement

aux esprits des angles de l'appartement, parce que l'angle du midi est resté sans aucun bon esprit.

Ceux des correspondances et des cercles d'opération regardant les quatre régions sont à préférer

d'autant plus que l'opérant les a déjà établis chefs sur tous les esprits quelconques qui habitent dans

les quatre régions universelles.

Après que (opérant a demandé ou commandé ce qu'il aura voulu pour lui personnellement ou

pour autrui aux dits esprits des cercles d'opération ou des cercles de correspondances, il se remet à

genoux sur le bord du cercle intérieur, dans la même attitude, et dit à basse voix : « Je te rends

grâces, très haut et très puissant Dieu créateur universel, de la puissance qu'il t'a plu donner à ton

homme sur tout être créé, par le mot sacré et ineffable qui le constitue à ta ressemblance (le mot du

centre qui est vers l'est), que je remets à ta Sainte garde, à l'heure convenue de toi à moi. Amen ».

L'opérant efface le mot qu'il vient de nommer et continue : « Souviens toi, ô Éternel, Dieu fort

des armées célestes et terrestres, de ton homme et fidèle serviteur, que tu as doué supérieurement de

vertus, de puissance, de pouvoir, pour et contre tout être créé par ton propre mot doublement fort et

redoutable (le mot du centre vers ouest), que je remets à ta sainte garde, comme il m'est par toi

ordonné, à l'heure convenue de toi à moi. Amen ».

L'opérant efface le deuxième mot de la main droite comme le premier, et continue : « Ô

Éternel, Dieu fort et triple fort des esprits majeurs, inférieurs et mineurs, fortifie ton homme en

sainteté en vertus et en puissance, comme il t'a plu de faire pour Chiram ton député pour la

réconciliation du reste des mortels avec toi. Qu'il me soit fait ainsi, ô Éternel, et par ce triple et

ineffable mot (le mot du centre qui est vers nord) qui me caractérise tel que tu m'as fait, que je

remets en toute sainteté et respect à sa première place, selon qu'il te plaît, à l'heure convenue de toi à

moi. Amen ».

L'opérant efface le troisième mot comme les autres et continue ; « Je remets à toi seul, ô

Éternel, qui est sans principe et sans fin, la puissance immense et invincible qu'il t'a plu me donner

par ta seule volonté sur tout ce qui peut avoir rapport à ta création. Oui, Dieu vivant de nos pères,

oui. Dieu fort, vengeur et rémunérateur, je soumets ton homme et toutes les puissances qui sont

contenues en lui à ta sainte garde et sous la protection de la quatriple essence, comme tu as daigné

le permettre et l'accorder par ta pure miséricorde à Noé, à Abraham, à Moïse et à David, qui régnent

et vivent en toi et parmi nous. Amen. Reçois, ô tout puissant Éternel, le sacrifice sincère et pur que

je te fais en ce moment de mon corps, de mes peines, de mon âme et de tout ce qui peut être sous sa

dépendance. Reçois ce sacrifice aux pieds de ton saint et très saint tabernacle, ainsi que je le désire

et le demande par mon existence et pour ta plus grande gloire. Je t'en conjure, ô Éternel, par ce

quatriple mot (le quatrième mot du centre qui est au sud) qui contient, dirige et gouverne l'univers,

que je remets sous ta sainte garde et sous ta protection, ainsi que tous les esprits qui me servent et

me serviront jusqu'à l'heure convenue entre toi qui es et celui qui sera en toi. Amen ».

L'opérant efface le quatrième mot comme les autres. II se relève et enlève toute allumée la
_bougie du centre du double , pour s'en éclairer en lisant les demandes et invocations


particulières qu'il fera aux esprits à minuit précise. L'invocation et les demandes particulières qu'il

fera aux esprits ne dureront qu'un quart d'heure au plus. afin d'avoir les trois autres quarts d'heure

pour l'examen et la contemplation de la passe des esprits, caractères et hiéroglyphes.

Lorsque 1’opérant aura fini son invocation particulière, il ira cacher sa bougie dans l'angle

d'ouest, de façon qu'elle ne donne qu'une faible lueur dans l'appartement, attendu que les apparitions

spirituelles portent leurs lumières avec elles. Aussitôt que la lumière sera cachée, l'opérant prendra

du papier noir et un crayon blanc pour y marquer tout ce qui s'apparaîtra à lui, observant de marquer

la division où il verra chaque chose, afin de pouvoir faire un journal particulier et exact et un grand

pentacle pour vérifier et confirmer les différentes apparitions, soit de corporisations, soit de

caractères et hiéroglyphes, ou de lettres qui paraîtront dans les opérations suivantes. L'opérant

connaîtra par la répétition des visions, les esprits qui lui seront les plus familiers et les plus attachés,

il emploiera les bons plus particulièrement, en s'adressant de préférence à eux pour obtenir soit la

connaissance des autres esprits que l'on invoque et commande, soit tout ce qu'on désire en général et

en particulier de savoir.

Pour cet effet, le nom d'un esprit souvent répété à un opérant par caractère, hiéroglyphe ou

lettres sera placé dans le centre du deuxième et troisième cercles, sans son caractère ni son

hiéroglyphe, attendu qu'il n'est point du travail journalier que l'opérant fait. Il devient au contraire

son protecteur et son fidèle compagnon, il est neutre dans l'opération, on ne fait en son nom aucune

cérémonie. L'opérant lui demande ou lui commande ce qu'il juge à propos tout simplement.

Lorsqu'une heure sonne, l'opérant dit : « La première et la dernière heure du jour étant

consommées par le travail ordinaire du maître spirituel, il vous renvoie chacun à votre destination.

À l'ordre, soyez prompts au commandement de licence et de servitude. Que la paix soit entre vous

et moi à la fois. Amen ».

L'opérant se déshabille à la lumière qu'il avait cachée. Ensuite, il allume une autre lumière qui

n'ait point servi à l'opération, pour s'éclairer dans les besoins subséquents, attendu que toutes les

bougies qui ont servi à une opération ne sont consacrées qu'à cet usage. L'opérant aura attention de
_marquer la bougie du centre du , pour qu'elle y soit toujours placée.


Il en fera autant pour les quatre bougies de l'angle d'est, attendu qu'elles éclairent des mots

divins, et pour celles de l'angle du sud qui y ont éclairé le mot divin. Toutes les autres bougies de

l'opération qui n'ont point éclairé de mots divins peuvent être mêlées et reprises indifféremment.

(article illustré par des hiéroglyphes martinésiens).
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PROST ERN AT I ON S

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PROST ERN AT I ON DE L'EST
Prosterné, ô Éternel, aux pieds de ta suprême Divinité, je viens déposer dans cet angle

d'expiation la multitude des crimes que j'ai pu commettre contre toi même, contre ta divine

puissance, contre ton esprit et contre toute ta cour spirituelle divine, majeure, inférieure et mineure,

devant lesquelles je proteste pour ta plus grande gloire un repentir impénétrable au reste des

mortels. Oui, Éternel, couvert d'opprobres, de confusion et de honte, je viens ici gémir en ta

présence pour implorer ta miséricorde infinie que tu accordes avec satisfaction à tous ceux qui se

réclament à toi directement. Je m'écrie vers toi, Dieu vivant. Éternel, du profond de mes abîmes, et

je t'offre dans ce bas lieu en présence de toute ta cour spirituelle, mon coeur, mon corps et la

puissance de mon âme spirituelle divine, pour satisfaire à ta plus grande justice. Exauce, Seigneur,

la parole et l'intention de ton serviteur, ratifie la puissance de l'âme que j'ai soumise à ta divine

bonté, purifie son corps et fortifie son coeur pour que le tout ensemble n'opère à l'avenir que pour ta

plus grande gloire et pour l'exemple de mes frères, mes égaux et mes semblables ; qu'à cette

considération je sois ordonné et marqué du sceau sympathique spirituel dont tu fis marquer jadis par

ton serviteur Moïse tes vrais élus. Oui, Tout Puissant, je suis un de ceux que tu as destinés à ton

élection divine, que ton élu soit marqué par l'esprit qui marqua Jean dans le désert du Jourdain, à

qui ton Fils divin confirma par son apparition cet esprit fort que tu avais attaché à ce digne serviteur

ton fidèle élu. J’invoque l'esprit de Zorobabel en jonction de celui de Jean, de Jacques et de

Philippe, pour être mes guides, mes conseils et mon appui dans toutes mes pensées, paroles et

actions temporelles et spirituelles divines. Qu'ils règnent et vivent éternellement avec moi et tous les

miens ; qu'ainsi soit fait selon que je suis ordonné par le Dieu vivifiant, par le Dieu vivant et par le

Dieu de vie.

Amen, amen, amen.
PROST ERN AT I ON DE L'OU EST
Prosterné devant toi, ô Dieu vivant, action directe du Père créateur. Dieu des dieux. Dieu

vengeur et rémunérateur des cieux, de la terre et de tout ce qui actionne dans tout cet univers, je

viens devant toi recevoir confirmation de l'élection et ordination que je viens de recevoir sous les

trois puissances divines, que le Créateur accorda à son serviteur Zorobabel, pour l'entière délivrance

de la servitude et de la captivité où furent mis les restes infortunés des enfants d'Israël par la force

de leur prévarication. A cet exemple. Seigneur, je me prosterne devant toi pour t'offrir mon âme et

la soumettre sous ta puissance spirituelle divine. Qu'il te plaise, Seigneur, délivrer cette âme

pénitente de l'esclavage des démons et de la servitude de leurs intellects démoniaques, afin qu'étant

sous ta sainte et adorable protection, je sois dépouillé de toute ambition cupide, mondaine et

matérielle temporelle, pour n'être revêtu que de celle spirituelle divine, pour la plus grande gloire du

Créateur, pour celle de son Fils, pour celle de son Saint Esprit et pour celle de son fidèle serviteur et

son élu qui ne veut opérer, vivre et mourir qu'en eux.

Amen, amen, amen.
PROST ERN AT I ON DU N ORD
Prosterné devant toi. ô Esprit Saint, action du Père créateur, action du fils divin régénérateur,

et action de tout ce qui a vie dans cet univers, reçois la très humble invocation de celui qui te parle

au nom du Père, et au nom du Fils, par qui j'ai été régénéré spirituellement dans la plus grande vertu

et autorité spirituelle divine. J'ai été lavé, je suis aussi blanc que la neige, reçois le sacrifice que je te

fais de mon âme. de mon corps et de tous mes biens temporels, bénis le tout pour que, d'hors en

avant, ils ne servent que pour ta plus grande sainteté, pour être ton asile et ta demeure immémoriale.

Qu'étant ainsi joint avec moi, je puisse par ta toute puissance être joint à ton intellect divin, et me

conserver, pendant cette vie de larmes et pendant l'éternité à venir, dans le sentier de la vertu

spirituelle divine où je viens d'être remis de par l'Éternel. Sois mon guide, mon appui, mon soutien

et mon conducteur, ainsi que tu le fus en faveur des enfants d'Israël sous la conduite de Zorobabel.

Ratifie l'ordination qu'il a plu au Créateur me faire donner par celui qui prie pour moi et me soutient

par ses instructions spirituelles divines, pour la plus grande gloire du Père, ou Fils et du Saint

Esprit, envers qui et pour qui je ne veux vivre et opérer que pour leur plus grande justice.

Amen, amen, amen.
PROST ERN AT I ON DU SU D
Prosterné devant vous, esprits majeurs, inférieurs et mineurs, je viens vous invoquer pour

soumettre mon autorité et ma vertu spirituelle divine a la vôtre, afin qu'elle ne soit qu'une, et vous

conjure par tout ce qu'il a plu au Créateur me faire être dans son sanctuaire spirituel, de répondre à

ma parole et à mon intention. Que votre intellect se joigne a mon âme, et qu'il la tienne toujours

suspendue des sens de sa matière, pour qu'elle soit éternellement occupée à l'entendement spirituel

de vos intellects, et que par ce moyen mon âme soit spiritualisée et circoncise par votre feu spirituel.

Amen, amen, amen.
PROSTERN ATION DU CENTRE
Prosterné devant toi, unité ternaire, spirituelle divine, je viens soumettre dans ton immensité

dominante la vertu et l'autorité qu'il t'a plu me remettre relativement à mon ordination de

réconciliation, et qu'en vertu de cette ordination, tout esprit de ténèbres, d'horreur et d'abomination

démoniaque frémisse à ma parole ! Que l'enfer de privation spirituelle divine et tous ses habitants

soient en terreur et en frémissement à mon commandement ! Qu'il ne soit plus question d'aucune

communication d'eux avec moi, que pour recevoir leur condamnation et se voir par moi repousses

avec la plus grande impétuosité et précipités dans leurs abîmes sépulcrales pour une éternité f Que

ces monstres d'abomination et tous leurs adhérents s'éloignent de moi et de tous ceux qui sont à moi

directement et indirectement, de tous mes frères spirituels et temporels, de mes amis et de mes

bienfaiteurs ! J'abjure Satan, ses pompes, ses adhérents et tout ce qui en dépend. Que toute cette

cour démoniaque soit liée et ré-enchaînée par ma seule vertu et autorité spirituelle divine ! Je lie et

réenchaîne Satan, ses pompes et tous ses adhérents pour une éternité ; j'invoque l'esprit de Jean,

l'esprit de Jacques et de Philippe, et celui que le Créateur a donné à mon âme pour être son guide et

son appui, pour qu'ils soient pour un temps immémorial mes associés et mes alliés. Qu'ils soient

prompts à mon commandement, de même que ceux sur lesquels s'étend mon autorité.

Amen, amen, amen.