lundi 31 août 2015

Toutes ses vérités se trouvent écrites dans le cercle divisé naturellement en six parties


Ordre Martiniste Papus
"Toutes ses vérités se trouvent écrites dans le cercle divisé naturellement en six parties.

Ce cercle naturel s'est formé différemment du cercle artificiel des ...géomètres.

Le centre a appelé le triangle supérieur et le triangle inférieur, qui, se réactionnant mutuellement,

ont manifesté la vie. C'est alors que l'homme quartenaire a paru. Il serait de toute impossibilité de

trouver ce quartenaire dans le cercle sans employer des lignes perdues et superflues, si l'on se

bornait à la méthode des géomètres.

La nature ne perd rien : elle coordonne toutes les parties de ses ouvrages, les unes pour les autres.

Aussi dans le cercle régulièrement tracé par elle on voit que les deux triangles, en s'unissant

déterminent l'émancipation de l'homme dans l'univers et sa place en aspect du centre divin ; on voit

que la lumière ne reçoit la vie que par des reflets jaillissant de l'opposition que le vrai éprouve de la

part du faux, la lumière de la part des ténèbres, et que la vie de cette matière dépend toujours de

deux actions ; on voit que le quarternaire de l'homme embrasse les six régions de l'univers, et que

ces régions étant liées deux par deux, la puissance de l'homme exerce un triple quarternaire dans ce

séjour de sa gloire."

Louis-Claude de Saint-Martin, Des nombres

samedi 29 août 2015

Les classes d'esprits dans la tradition martinésiste


Publié le 29 août 2015 par Esh494

Hiérarchie céleste

Pour celui qui étudie un tant soit peu la doctrine des Elus Coëns telle que présentée par le Grand

Souverain de l’Ordre, Martinès de Pasqually (1710 ? – 1774,) dans son Traité de la réintégration
des êtres, ou bien même dans les différents catéchismes et textes historiques de l’Ordre, il apparaît



comme une évidence que les êtres spirituels sont au coeur des travaux de l’Ordre et des

enseignements qui les sous-tendent.

Pour Martinès l’oeuvre de l’Eternel est tout d’abord spirituelle avant que d’être une oeuvre de

création en deux temps. Par son oeuvre spirituelle, antérieure au temps, il exprima sa gloire en

donnant, par son opération d’émanation, l’être à différentes classes d’esprits que nous nommons

communément anges. Puis, consécutivement à la chute de certains de ces esprits, l’ensemble des

esprits furent émancipés dans une création création universelle temporelle constituée d’une sphère

surcéleste, toujours baignée de la lumière divine, et à l’opposé, des ténèbres dans lesquelles furent

précipités les esprits déchus, en privation de toute lumière. Ces deux espaces furent séparés par une

barrière spirituelle, constituée d’esprits émancipés qui composèrent l’axe feu central incréé - car

émané - privant ainsi les êtres déchus de toute lumière divine. Une deuxième barrière sensible et

temporelle devait contenir l’action des esprits rebelles. Cette barrière constituée d’une couche de

matière glorieuse, dite materia prima, contenait en elle tout l’univers créé et les êtres qui l’habitent,



chacun ayant un rôle à jouer dans cette création temporelle initiale. Création temporelle car la

privation des esprits déchus devait avoir un terme.

Puis vint l’émanation du mineur spirituel quaternaire, autrement appelé esprit d’Adam, qui sitôt

émané fut placé - Martinès dira émancipé - au centre de cette création glorieuse. C’est Adam devait

gouverner l’ensemble de la création et des êtres l’habitant mais aussi abréger la peine des esprits

déchus en les amenant au repentir. Mais Adam chuta à son tour et du fait de cette chute la création

initiale fut bouleversée tant dans son organisation que dans sa qualité. Le ciel, ou sphère céleste, la

terre et tous ses habitants, végétaux ou animaux, furent emportés dans un mouvement de

dégénération par transmutation. En effet, dans sa chute, Adam entraîna l’entièreté de la création

dont la chute se traduisit par une dégradation de sa qualité matérielle, ainsi que de celle de toutes les

formes corporelles qui l’habitaient. Toute cette création se densifia par l’apport d’éléments mixtes et

sa qualité glorieuse pure et incorruptible devint élémentaire composée et corruptible. Seuls les

esprits émancipés dans cette création furent protégés des effets de cette chute.

Les premières lignes du Traité de la réintégration nous apprennent ainsi qu’avant toute création



Dieu émana de son sein quatre classes d’esprits : dénaires, octénaires, septénaires et quaternaires

suivant la classification martinésienne. Chacun des esprits porte ainsi un nombre qui exprime les

qualités de sa classe soit 10, 8, 7 ou 4. Par addition arithmosophique l’ensemble de ces nombres se

réduisent à 10 qui est le nombre de leur racine, certains directement et d’autres indirectement. En

effet 7 donne 10 par 1+2+3+4+5+6+7=28=10 et 4 donne directement 10 par 1+2+3+4=10. Il ne faut

pas confondre ces esprits quaternaires avec le mineur spirituel qui ne fut émané qu’après la chute

des premiers esprits. En effet bien que portant le nombre 4, ces esprits de l’immensité divine ne

possédaient en eux qu’une puissance ternaire. Quant à l’octénaire il doit être regardé comme un

double quaternaire ce qui signifie qu’il peut lui aussi être ramené directement à 10.

Nous connaissons le rapport qui existe entre 10 et 1 où entre l’Unité et le cercle de son émanation

par le symbole qui est la représentation de ce dénaire. Ce dénaire  est ainsi considéré comme



l’expression de la manifestation de la quatriple puissance divine par 1+2+3+4 qui font 10 et donc

comme le symbole du monde des êtres émanés de l’Unité ou du potentiel d’émanation divine. Ainsi,

par sa racine dénaire, le nombre attaché à chaque classe montre bien l’origine d’émanation divine

de chaque classe d’esprit.

Ce nombre 10 contient aussi tous les autres nombres et donc potentiellement toute la puissance

d’émanation et de création divine. Car tout fut créé par nombres, poids et mesures, et toute création

est contenue dans l’ensemble des nombres. Nous pourrions ainsi dire que toutes les idées créatrices

sont contenues dans les nombres qui les mettront en oeuvre, donc dans le dénaire, c’est à dire de

toute éternité dans la le sein même de Dieu.

La mission, le rôle et le dessein, que le Créateur avait donnés à ces 4 classes d’esprits émanés dans

son immensité avant la création, nous sont inconnus. C’est un grand mystère qui demanderait pour

l’approcher, de pénétrer la nature divine ainsi que son ontologie. Ceux qui prétendraient approcher

ce mystère courent un grand risque, car il est dangereusement fautif pour l’homme que de prétendre

saisir l’insaisissable, connaître l’inconnaissable, comprendre l’ineffable. Le peu que nous pouvons

savoir de ces esprits avant la première chute, nous le tenons du Grand Souverain de l’Ordre qui

révèle à leur sujet : « Les noms de ces quatre classes d'esprits étaient plus forts que ceux que nous




donnons vulgairement aux Chérubins, Séraphins, Archanges et Anges, qui n'ont été émancipés que

depuis. » (Traité, 3)
Ainsi Martinès entendrait que les hiérarchies angéliques de l’angélologie traditionnelle qui distribue

celles-ci en 9 choeurs établis selon 3 ordres, selon Denys l’Aéropagite, ne correspondraient qu’à une

classification postérieure à la chute des premiers esprits prévaricateurs. Nous pouvons seulement

dire que Dieu émana ces premiers esprits afin de manifester sa gloire et son amour. Cet amour pour

s’exprimer devait trouver un réceptacle qui lui-même lui rendrait grâce et louanges.

L’immensité divine ne resta pas inerte face à la chute et à la création temporelle première qui

l’accompagna. La prévarication du plus grand des esprits qui habitait cette immensité, et que nous

appelons communément Lucifer, vint semer un trouble immense dans toutes les classes d’esprits.

En effet tous les esprits furent atteints et même altérés par la prévarication de Lucifer, qu’ils l’aient

suivi dans son misérable dessein ou non. Même les esprits restés fidèles à l’Eternel furent affectés

du fait de leur exposition à l’action de l’esprit prévaricateur et qu’un doute, un questionnement,

voire même qu’un trouble ait pu de ce fait naître en eux. L’immensité divine étant immuable et

infiniment pure, elle ne pouvait souffrir aucun changement, aussi éphémère et subtil soit-il, dans les

êtres qui la composaient et qui devaient être totalement impassibles. Cette perte momentanée de

leur impassibilité fut pour eux comme une dégradation de leur état et une sorte de condamnation.

Ce changement intervenu dans leur état marqua leur exposition aux lois du temps. Ils ne pouvaient

donc plus demeurer dans l’immensité divine impassible et éternelle de toute éternité.

Ainsi, tous les esprits furent projetés, émancipés dira Martines, dans les sphères surcélestes et

célestes soumises au temps, à l’exception des esprits dénaires qui eux restèrent dans le sein de

l’immensité divine. En effet, les esprits dénaires sont les plus proches de Dieu car portant

directement en eux le nombre de puissance dénaire. Mais, dans leur éternelle béatitude, ils sont

aussi les moins libres de Dieu car leur proximité de Dieu les remplit de Dieu dont ils sont comme le

miroir, et sans la volonté duquel ils ne peuvent agir. Leur impassibilité et donc absolue en ce sens et

ils ne purent donc être touchés par la chute. Que devint alors l’immensité divine ? les esprits

septénaires, octénaires et quaternaires en furent émancipés pour prendre leur place dans la toute

nouvelle création temporelle. Cependant, l’Eternel continua à y émaner des esprits purs suivant les

mêmes 4 classes car cette immensité, non sujette au temporel, ne pouvait souffrir aucun

changement.

Que devinrent alors ces premiers esprits déplacés de l’immensité divine et quel fut leur nouveau

séjour ?

Le Créateur opérant toujours par sa puissance quaternaire ne pouvait que créer un monde à l’image

de cette puissance. Ainsi, la sphère surcéleste dans laquelle ces esprits furent envoyés devait se

présenter comme un miroir de l’immensité divine et donc accueillir 4 classes d’esprits portant des

puissances identiques à celles de l’immensité divine.

Les esprits dénaires étant restés dans le sein de l’immensité divine, certains esprits septénaires

furent dotés d’une puissance dénaire. Ils furent alors appelés dénaires majeurs bien que n’étant pas

dénaires dans leur essence. Portant une puissance toute divine, ils sont considérés comme les

transmetteurs de la pensée de Dieu qu’ils reçoivent directement sans avoir à lire dans celle-ci. En

effet, par leur position dans le surcéleste ils jouxtent l’immensité divine dont ils reçoivent les

lumières en abondance. Même si le quaternaire est présent en eux par le nombre 10 qui en est la

racine, il n’agit pas par eux qui n’opèrent en rien sur la création. Cependant, en proximité du Père,

ils participant à l’illumination des autres classes d’esprits, leur communiquant toutes les idées

créatrices.

Les esprits octénaires, comme nous l’avons souligné, portent le double quaternaire du Fils dont ils

composent la cour. Ils sont pour cela dits supérieurs. Consécutivement à la chute ils opèrent sur les

différents cercles de la création universelle car le Fils règne sur l’ensemble de la création et des

êtres créés visibles ou invisibles. Ils opèrent donc la volonté du Fils qui par son règne exprime la

pensée du Père au sein de la création primitive et de l’actuelle d’apparence matérielle. C’est pour

cette raison que ce quaternaire est double car le Fils le reçoit du Père mais possède en lui-même son

propre quaternaire comme hypostase divine ou comme Adam céleste. Il ne faut pas pour autant

comprendre que cet octénaire dépasse par sa puissance le dénaire car il ne tient son nombre double

que par sa participation au quaternaire du Père qui Lui ne tient sa puissance que de Lui-même.

Les esprits septénaires, nous l’avons vu, remontent au dénaire par 28. Ils sont dits inférieurs car ne

remontant à 10 qu’indirectement. Ils constituent la cour céleste du Saint Esprit dont ils opèrent

l’action au sein du cercle surcéleste en commandant aux esprits ternaires qui eux agissent

directement sur la création temporelle dans le cercle céleste et sur l’immensité terrestre. Ils règlent

et ordonnent ainsi le mouvement et l’organisation de toutes les choses créées. C’est par

l’émancipation hors de la sphère divine de ces esprits septénaires que put se faire la création. Ils

portent le nombre des dons de l’Esprit Saint, mais aussi ils expriment par ce septénaire le type

d’action spirituelle-temporelle à laquelle ils sont dévolus par l’addition de 4 et de 3. C’est pour

celma que les esprits dits « bon compagnon » , que la tradition nomme anges gardiens, relèvent de

cette classe car ils ont pour mission de faire jonction avec le mineur spirituel de l’homme afin de lui

transmettre les connaissances, les forces et les vertus qui lui sont nécessaires et qu’ils tiennent soit

de l’Esprit saint dont ils sont les agents soit des esprits dénaires immédiatement supérieurs qui les

leur infusent, ces derniers les tenant directement de leur contemplation. C’est aussi pour cela que

ces esprits remontent à 10 indirectement.

Les esprits ternaires, ou de type ternaire comme les sénaires et neuvaires, sont d’une toute autre

classe. Ils ne portent pas 10 dans leur racine mais 6, ce qui les rattache au temporel et à la

manifestation temporelle des opérations spirituelles portées par les autres classes d’esprits.

Une classe aurait donc été manquante si le mineur spirituel, ou esprit d’Adam, n’avait été émané

suite à la prévarication du Prince de ce monde. C’est lui qui vint alors régner au centre de la

création universelle et donc compléter le quaternaire spirituel.

Notons à ce stade que le système de Martinès de Pasqually s’éloigne substantiellement de celui

d’Origène. En effet, selon l’Alexandrin, toutes les « natures raisonnables », c'est-à-dire les êtres



spirituels, ont existé dès le principe donc de toute éternité. Elles ont été créées selon une nature

unique et porteuses de puissances, vertus et qualités sans différenciation aucune. La distinction qui

est apparue par la suite est subordonnée à la distance qu’elles prirent avec Dieu et consécutivement

à l’intensité de leur chute. Du fait de cette chute, il se produisit alors dans ces êtres, dont la nature

est toute fougueuse car issue du seul et unique feu qui est divin, un « refroidissement » qui les
transforma en « âmes ». Ainsi apparurent, par ordre croissant de dégénérescence, les anges, les



astres et les corps planétaires – que Martinès qualifie d’esprits planétiques – les hommes et enfin les

démons[1]. Nous voyons de toute évidence que cette conception origénienne est très éloignée de



celle de Martinès qui introduit une distinction de puissance des êtres spirituels dès leur émanation

dans l’immensité divine et surtout situe l’émanation du mineur spirituel - ou noûs humain -



postérieurement à celle des premiers êtres. Postérieurement car après la création du temps

consécutive à la chute des premiers esprits émanés dans l’immensité divine. Ce qui lui fait aussi

accompagner cette émanation d’une émancipation directe du mineur dans un corps de gloire au sein

de la création première. Cette conception martinésienne diffère aussi du fait de l’hypothèse sousjacente

à la spéculation d’Origène qui est celle de la préexistence des âmes. Or, cette préexistence

est implicitement contredite par Martinès de plusieurs façons. Concernant Adam, nous venons de

voir que l’émanation de son âme est concomitante à son émancipation dans un corps glorieux : donc

point de préexistence de l’âme du premier homme. Il affirme aussi que des mineurs quaternaires ne

devaient être par la suite émancipés dans un corps glorieux, créé par Adam afin de former une

postérité d’hommes-dieux, dès lors que la volonté d’Adam se joindrait à celle de Dieu pour créer

cette postérité dans une opération commune[2]. Mais à aucun moment il ne laisse entrevoir que le



Créateur aurait émané des mineurs quaternaires avant cette émancipation. Car cette postérité n’avait

d’autre but que de seconder Adam dans son oeuvre au centre de la création première. Concernant

l’ensemble des classes d’esprit de l’immensité divine et du surcéleste, Martinès ne fige pas les

choses à la chute. Bien au contraire, il écrit que l’Eternel ne cesse d’émaner et émanciper des êtres

spirituels[3] ce qui rend toute préexistence impossible. Considérer que Martinès a adopté la théorie



origénienne de la préexistence des âmes nécessiterait alors d’assimiler le dessein divin ou l’idée

divine d’émanation à une existence en Dieu. Cette position nous paraît intenable car il faudrait alors

admettre que des êtres spirituels puissent exister indistinctement du Créateur sans liberté ni libre

arbitre, ce qui contrevient totalement à l’idée d’amour divin et de gloire divine, ainsi qu’à la

première affirmation de Martinès selon laquelle « Avant le temps, Dieu émana des êtres spirituels,




pour sa propre gloire, dans son immensité divine. Ces êtres avaient à exercer un culte que la

Divinité leur avait fixé par des lois, des préceptes et des commandements éternels. Ils étaient donc

libres et distincts du Créateur ; et l'on ne peut leur refuser le libre arbitre avec lequel ils ont été

émanés sans détruire en eux la faculté, la propriété, la vertu spirituelle et personnelle qui leur

étaient nécessaires pour opérer avec précision dans les bornes où ils devaient exercer leur

puissance. » (Traité, 1)
Le système de Martinès semble donc tout à fait original et particulier. Pourtant, il n’est pas

fondamentalement éloigné de la classification traditionnelle. Même s’il est impossible d’y retrouver

une correspondance directe de classe à classe avec les 9 choeurs et 3 ordres traditionnels déjà

mentionnés, nous pouvons cependant établir une relation systématique suivant les rôles attribués à

chaque classe d’esprit. En effet, si certaines classes d’esprits n’ont d’autre mission que la

contemplation divine dont ils transmettent la connaissances à une classe directement subordonnée

chargée de faire jonction avec le mineur – ou esprit de l’homme, d’autres de gouverner aux classes

dites inférieures et chargées de présider aux chréations secondes - c'est-à-dire la création universelle

et matérielle - et d’en assurer la subsistance, il en est de même dans l’angélologie traditionnelle. Les

chérubins, séraphins et trônes qui brûlent du feu divin et siègent devant la face de Dieu qu’ils

contemplent, les puissances, dominations et vertus qui sont les recteurs de l’ordre universel et sur

lesquels reposent la création et enfin les principautés, archanges et anges qui sont en charge de la

transmission aux hommes selon leur hiérarchie et leurs vertus n’ont-ils pas des fonctions et missions

analogues ?

[1] Origène, Traité des Principes, Tome 1, Livre II, Le Cerf, 2008
[2] Traité, 22
[3] Traité 1, 223, 232

lundi 24 août 2015

La Kabbale Pratique par Wynn Westcott

 


18 octobre 2005 1 Commentaire Par Spartakus FreeMann


Considérons la Kabbale Pratique avant la Dogmatique ; il se peut qu’elle ait précédé la Philosophie
Théorique car elle était au départ concernée par l’étude intime du Pentateuque ; une recherche


basée sur la théorie que chaque phrase, mot et lettre fut donnée par l’Inspiration Divine et que pas

un point ou un Yod (le Yod est la plus petite lettre hébraïque) ne doive en être ignoré. Les Rabbis

comptaient chaque mot et chaque lettre et alors que leurs nombres étaient représentés par leurs

lettres, ils comptaient la numération de tous les noms et titres de Dieu ainsi que tous les noms

propres, ainsi que la numération des phrases contenant des commandements divins.

Les lettres et nombres hébraïques sont :
 

* Les valeurs des lettres finales sont indiquées en bleu :

Il est à noter que le nom divin Yah donne 15 et par conséquent, l’usage veut que le nombre 15
s’écrive avec un 9 et un 6, טו , Teth et Vav.

Les Rabbis de la Kabbale confèrent une signification naturelle aux mots de la Torah ou aux Livres

de la Loi de l’Ancien Testament en tant que guides vers une connaissance de la conduite probe dans


la vie et comme lecture adéquate pour la Synagogue et la maison mais ils soutiennent que chaque
verset, chaque loi et chaque accident ont aussi une signification mystique profonde et occulte que


l’on peut trouver dans le calcul, les permutations et les substitutions, selon les règles de la

Guematria, du Notariqon et de la Temurah : le premier terme est d’origine grecque, le deuxième
d’origine latine, mais le troisième est d’origine hébraïque, תמורה , de la racine מטר , changer.


Le plus célèbre Rabbi du XVIIème siècle appelé Menasseh ben Israël, comparait les Livres de

Moïse au corps de l’homme, les commentaires appelés Mishna à l’âme, et la Kabbale qu’il appelait
Esprit de l’âme : « les gens ignorants peuvent étudier les premiers, les gens instruits les seconds,

mais les plus sages dirigent leur contemplation aux troisièmes » ; c’est eux qu’il appelait les


kabbalistes – les divins théologiens possédaient les treize règles par lesquelles ils peuvent pénétrer

les mystères liés aux Écritures.

De nombreux kabbalistes proclament que leurs doctrines et leurs méthodes furent apportées des
Cieux au premier homme par des Anges, et ils croyaient tous que les quatre premiers Livres du

Pentateuch contenaient leurs doctrines particulières aussi bien sous la forme de narrations que de


lois.
Le Zohar dit : « Si ces Livres de la Torah contiennent seulement des histoires à propos d’Esaü,



d’Hagar, de Laban et de Balaam pourquoi les appeler Lois Parfaites, Loi de la Vérité, Véritable

Témoin ? Il doit exister une signification cachée ». « Sot est l’homme qui dit que la Loi (Torah)



contient seulement des paroles communes et des histoires : si cela était vrai nous pourrions même à

notre époque composer un livre doctrinal qui serait plus respecté. Non, chaque mot a un sens

sublime et est un mystère du ciel. La Loi ressemble à un Ange : pour faire descendre un ange

spirituel sur terre l’on doit mettre un vêtement connu et compris d’ici bas, ainsi la Loi doit s’être

habillée de vêtements de mots comme le corps des hommes ; mais le sage regarde sous ces

vêtements ».


À certaines époques, les juifs ordinaires et même les Pères chrétiens ont fait des déclarations
similaires sur la signification littérale et mystique des Écritures. Le Talmud dans le livre Sanhedrin


remarque que le Roi d’Israël Manasseh se demandait si Moïse n’aurait pas pu raconter quelque

chose de plus de valeur que les histoires de Timnah la concubine et de Rachel et ses maris, et on lui

répondit qu’il y avait une signification occultée dans ces narrations.
Le Père chrétien Origène (253 de notre ère), dans ses Homélies, a écrit que tous devaient considérer


ces histoires, la création du monde en six jours et Dieu plantant les Arbres dans le jardin d’Éden,

comme des figures de style sous lesquelles un sens plus profond est caché. Origène attribuait une

triple signification – somatique, psychique et pneumatique – le corps, l’âme et l’esprit de l’Écriture.

Nicolas de Lyre, qui mourut en 1340, acceptait quatre modes d’interprétation : la littérale,
l’allégorique, la morale et l’analogique ou mystique. En ceci il suit presque le schéma du Zohar II,


99 dans lequel il y a une parabole comparant la Loi Sacrée à une femme amoureuse qui se révèle à

son ami et amant, premièrement par signes, ramaz, ensuite par des mots soupirés, derush, enfin en

conversant face révélée, hagadah et finalement elle se révèle entièrement et dit tout son amour, sod,

association dans le secret, mystère.

Les kabbalistes ont découvert de profondes significations dans chaque lettre hébraïque, communes

et finales, et trouvèrent des secrets dans les grandes lettres, les lettres mal placées et dans des mots
écrits de manière inhabituelle. À des époques différentes, ils représentaient Dieu par un Aleph, ; א

ou par un Yod, י ; ou par un Shin, ש ; ou par un point au sein du cercle ; ou même par un triangle ;


et encore par une décade de 10 yods.
La Guématria était un mode d’interprétation par lequel un nom ou un mot ayant une certaine valeur


numérique est supposée avoir un lien avec d’autres mots ayant la même valeur numérique ; ainsi

certains nombres peuvent représenter différentes idées et s’interprétaient les unes les autres. Par
exemple, Messiah, épelé, משיח , vaut 358, ainsi que la phrase יבא שילה , Siloh viendra ; et ainsi, ce

passage de Genèse 49, 10 était considéré comme étant une prophétie sur le Messie. Notez que

Na’hash, נחש , le Serpent, vaut aussi 358. La lettre Shin, 300 , ש, devint un emblème de la divinité

par sa correspondance avec Ruach Elohim, , רוח אלהים , l’Esprit du Dieu Vivant.

Le Notariqon est de deux formes : un mot est formé à partir de l’initiale et de la lettre finale d’un


mot ; ou les lettres d’un nom sont prises comme initiales ou finales d’un mot ou d’une phrase. Par
exemple, Deut. 30 12, Moïse demande « Qui ira pour nous au Ciel ? » La lettre initiale des mots

מע חעלה לנו השמילה , à partir du mot מילה , Milah, qui signifie circoncision et les lettres finales

sont יהוה , le nom de Dieu. D’où il a été suggéré que la circoncision était un moyen d’atteindre


Dieu.
Amen, אמן , est issu des initiales d’Adonaï melekh namen, le Seigneur et Roi fidèle, et le fameux

mot de pouvoir utilisé pour les talismans, אגלא est formé à partir des initiales des mots « Ateh

gibor leolam Adonaï« , Au Seigneur, la puissance, à jamais.

La Témura est un procédé plus complexe et qui a mené à une variété immense de curieux modes de


divination : les lettres d’un mot sont transposées selon certaines règles et avec nombre de

limitations ; ou encore, les lettres d’un mot sont remplacées par d’autres lettres selon un schéma

défini, souvent sous forme de diagrammes. Par exemple, une forme assez commune était d’écrire
une moitié d’alphabet sur l’autre dans un ordre inversé, et ainsi, la lettre א était remplacée par la

lettre ת, et ב par ש, et ainsi de suite. Suivant cette règle, le mot Sheshak (Jérémie 25, 26) est censé

signifier Babel, cette permutation est connue comme אתבש , Atbasch. Selon ce principe nous avons


21 autres possibilités et l’ensemble était appelé « La Combinaison de Tziruph ». Les autres formes

étaient « rationnelles », « droites », « inverses » et « irrégulières » et étaient obtenues par des carrés

de 22 cases dans chaque direction, donc 484 carrés secondaires dans lesquels on inscrivait les lettres

afin de les lire dans tous les sens. La « Kabbale des Neuf Chambres » est un procédé de ce type.

Un développement supplémentaire de l’art numérique existe dans les modes « Contraction » et «
Extension ». Ainsi, יהוה , de valeur 26, est étendu en יוד הא וו הא , et donc vaut 20 + 6 + 12 + 6 =

44. Par extension, ז Zaïn, 7 vaut 28 ou 10. Le Tétragramme, 26 , יהוה est 8 et El Shaddaï, , אל שדי

345 vaut 3.

Dans le très ancien Sepher Yetsirah on trouve des allocations de lettres aux planètes, à partir de cette


origine s’est développé un système de talismans écrits sur des parchemins ou gravés sur des

médailles ou des pierres. Comme chaque planète avait une lettre et un nombre, à chacune fut

allouée un Carré Magique, ainsi, pour Jupiter le 4 était le nombre et Dalet la lettre. Jupiter avait un
carré de 16 cases et chaque ligne valait 34 et le Carré totalisait 136. Chaque talisman portait au

moins un nom de dieu afin de le sanctifier. Les noms les plus significatifs étaient יה , Iah, ,הלה

Eloah, יהוה , le Nom de 42 lettres : Aheie asher aheie, Iah, Iehuiah, El, Elohim, Iehovah, Tzabaoth,


El Chaï and Adonaï.

Le Shemhaephorash, ou Nom Inneffable était un Nom de Pouvoir très célèbre et était formé de trois

fois 72 lettres, les mots des trois versets 19, 20 et 21 de l’exode XIV étaient pris : les lettres du

verset 19 étaient écrites, ensuite celles du verset 20 étaient écrites, dans l’ordre inverse et enfin

celles du verset 21 dans l’ordre normal. Cela nous donne 72 Noms de trois lettres auxquels on
ajoutait אל ou יה afin d’obtenir les 72 anges de l’Échelle de Jacob qui dirigent la terre et les cieux.


Ces noms étaient souvent placés sur le revers et l’avers des médailles ou des rouleaux de parchemin

afin de former les 36 Talismans.

Selon certains kabbalistes, le Roi David et le Roi Salomon étaient capables de faire des choses

merveilleuses avec les Arts Magiques Kabbalistiques : le pentagramme était appelé Sceau de

Salomon et l’Hexagramme était appelé Bouclier de David ; aux angles du premier on assignait

l’Esprit et les Quatre Éléments alors que ceux du dernier étaient attribuées les Planètes. Le Traité
appelé Les Clavicules du Roi Salomon est bien sûr une fraude médiévale.


Les lettres hébraïques sont aussi associées aux 22 Lames du Tarot ; ces cartes sont utilisées

principalement à des fins de divination. Les Gitans de l’Europe du Sud utilisent ces cartes pour dire

la bonne aventure. L’auteur français Court de Gebelin (1773-1782)a soutenu que ces Lames étaient
des emblèmes mystiques dérivés de la magie de l’Égypte ancienne. La Science Occulte attribue à


chaque carte un nombre, une lettre et un objet naturel ou une force, les planètes, des signes
zodiacaux, des éléments, etc. Le Sanctum Regnum des Lames du Tarot édité par moi-même peut


être consulté à ce propos.

Le Docteur Encausse de Paris, qui écrit sous le pseudonyme de « Papus, » a écrit aussi une oeuvre

sur le Tarot et donne des attributions kabbalistiques aux Lames du Tarots que les rosicruciens

considèrent comme fausses.

Selon mes connaissances la pratique de la Kabbale comme Art Magique est aujourd’hui presque

réservé aux Rabbis russes et polonais, et à quelques étudiants de l’occultisme dans ce pays, dont

certains portent un talisman kabbalistique bien qu’ils soient chrétiens.

mercredi 19 août 2015

Société Cabalistique de la Rose+Croix

 




 


STATUTS

DES PHILOSOPHES INCONNUS

DE LA SOCIÉTÉ CABALISTIQUE

DE LA ROSE+CROIX

SOUVERAIN SACTUAIRE DES CHEVALIERS DE PALESTINE

« Filiation : Robert AMBELAIN et Gérard KLOPPEL »

1691-1948-1984-2008

Traités du Cosmopolite donnant une idée d’une Société de Philosophes, qui décrit les « Statuts et

Règles de la Société Cabalistique des Philosophes Inconnus ». (Éditeur : Laurent d'Houry 1691).

Ce texte publié en 1691 par l'éditeur Laurent d'Houry est particulièrement intéressant car il est un

témoignage d'une fraternité initiatique rattachée au courant Hermétique qui s'est développé en

Europe après la publication des manifestes rosicruciens.

Certaines de ces Confréries hermétiques, fortement axées sur l'Alchimie opérative, ont constitué le

terreau d'où naîtra la Franc-Maçonnerie Spéculative moderne au tournant des XVIIème et

XVIIIème siècles, puis la Franc Maçonnerie « Illuministe » française (Rite Écossais Philosophique,

Rite de Tschoudy-Pernety, ...) et allemande (Ordre Rose Croix d'Ancien Système).

I. LES ASSOCIÉS PEUVENT ÊTRE DE TOUT PAYS.

Cette Compagnie ne doit pas être bornée par une contrée, une Nation, un Royaume, une Province,

en un mot, par un lieu particulier ; mais elle doit se répandre par toute la terre habitable qu'une

Religion sainte éclaire, où la vertu est connue, où la raison est suivie : car un bien universel ne doit

pas être renfermé dans un petit lieu resserré ; au contraire il doit être porté partout où il se rencontre

des sujets propres à le recevoir.

II. DIVISIONS EN CORPS PARTICULIERS.

Pour qu'il n'arrive pas de confusion dans une si vaste étendue de pays, nous avons trouvé bon de

diviser toute la compagnie en compagnies ou assemblées, et que ces corps particuliers soient

tellement distribués, que chacun ait son lieu marqué, et sa province déterminée.

Par exemple, que chaque colonie se renferme dans un Empire où il n'y ait qu'un seul chef ; que

chaque assemblée se borne à une seule province, et ne s'étende pas plus loin qu'un canton de pays

limité.

Si donc il arrive qu'il se présente une personne pour être associé avec nous, qui ne soit pas d'un pays

stable, et que l'on connaisse ; qu'on l'oblige d'en choisir un où il établisse son domicile, de peur qu'il

ne se trouve en même temps attaché à deux colonies ou assemblées.

III. LE NOMBRE DES ASSOCIÉS.

Pour ce qui est du nombre des associés dans chaque colonie ou assemblée, il n'est ni facile ni utile

de le prescrire par les raisons ci-après : la Providence y pourvoira, puisqu'on effet c'est uniquement

la gloire, le service de Dieu, celui du Prince et de l'État, qu'on s'est proposé pour but dans toute cette

institution.

Ce qu'on peut dire en général, c'est qu'il s'en faut rapporter là-dessus à la prudence de ceux qui

associeront, lesquels, selon le temps, le lieu et les nécessités présentes admettront plus ou moins de

personnes dans leur corps.

Ils se souviendront seulement que la véritable Philosophie ne s'accorde guère avec une multitude de

personnes, et qu'ainsi il sera toujours plus sûr de se retrancher au petit nombre.

Le plus ancien ou le premier de chaque colonie, ou assemblée, aura chez lui le catalogue de tous les

associés, dans lequel seront les noms et le pays de ceux de son corps, avec l'ordre de leur réception

pour les raisons que nous dirons tantôt.

IV. GENS DE TOUTE CONDITION ET RELIGION PEUVENT ÊTRE ADMIS.

II n'est aucunement nécessaire que ceux que l'on recevra dans la compagnie soient tous d'une même

condition, profession ou religion.

Il sera requis en eux qu'ils soient au moins convaincus des Mystères saints de la Religion

chrétienne, qu'ils aiment la vertu, et qu'ils aient l'esprit propre pour la Philosophie, de manière que

l'athée et l'idolâtre ne puisse être admis : seulement par une exception fondée sur le respect pour la

loi ancienne, le Juif pourra, quoique rarement, y participer, pourvu qu'il soit doué d'ailleurs des

qualités d'un honnête homme ; ainsi donc on n'aura aucun égard à l'extraction des personnes ; car

n'ayant point d'autre fin que d'aider les pauvres de la République chrétienne, et de donner du

soulagement à tous les affligés du genre humain en quelque lieu et de quelque condition qu'ils

soient; les Associés d'une médiocre naissance y pourront aussi bien réussir, que ceux d'une qualité

plus relevée.

Ce serait donc au détriment de l'humanité qu'on les bannirait de notre corps, vu principalement que

ces sortes de personnes sont d'ordinaire plus portées à pratiquer les vertus morales que celles qui

sont le plus constituées en dignité.

Le mélange de religions et de cultes ne peut en attaquer aucune» ni nuire à la véritable, ni élever

contestation ou fomenter schisme, par la loi qui sera imposée de ne jamais converser sur des

matières de ce genre, et n'étant pas au surplus probable que le Grand Architecte accorde à des

hommes quelconques la faveur de conduire à une heureuse fin le grand ouvrage, dont notre

Philosophie découvre les principes, s'ils n'ont auparavant purgé leur coeur de toutes sortes de

mauvaises intentions : cependant l'Ordre n'éclairera véritablement sur les mystères des Philosophes

que ceux qui cesseront d'être aveugles sur les mystères de la foi.

V. ON ADMETTRA DIFFICILEMENT LES RELIGIEUX.

Quoiqu'il soit indiffèrent, comme je viens de le dire, de quelle condition soient les associés il est à

souhaiter pourtant qu'on n'en prenne point ou peu parmi les Religieux ou gens engagés dans des

voeux monastiques, principalement de ces Ordres qu'on appelle mendiants, si ce n'est dans une

extrême disette d'autres sujets propres à notre institut.

Que la même loi soit pour les esclaves, et toutes personnes qui sont comme consacrées aux services

et aux volontés des Grands ; car la Philosophie demande des personnes libres, maîtres d'ellesmêmes,

qui puissent travailler quand il leur plaira, et qui, sans aucun empêchement, puissent

employer leur temps et leurs biens pour enrichir la Philosophie de leurs nouvelles découvertes.

VI. RAREMENT LES SOUVERAINS.

Or, entre les personnes libres les moins propres à cette sorte de vacation, ce sont les Rois, les

Princes et autres Souverains.

On doit juger de même sous un autre regard de certaines petites gens que la naissance a mis, à la

vérité, un peu au-dessus du commun, mais que la fortune laisse dans un rang inférieur ; car, ni les

uns, ni les autres ne nous sont guère propres, à moins que certaines vertus distinguées, qui brillent

dans toute leur conduite, tant en public qu'en particulier, ne les sauvent de cette exception.

La raison de cela, c'est qu'il ne se peut guère faire que l'ambition ne soit la passion dominante de ces

sortes d'états: or, partout où ce malheureux principe a lieu, on n'y agit plus par les motifs d'une

charité et d'une affection générale pour le genre humain.

VII. QUE L'ON REGARDE SURTOUT AUX MOEURS.

En général, que personne de quelque état ou condition qu'il puisse être, ne prétende point entrer

dans cette compagnie, s'il n'est véritablement homme de bien ; il serait fort à souhaiter, comme il a

été dit, qu'il fît profession du Christianisme ; et qu'il en pratiquât les vertus ; qu'il eût une foi

scrupuleuse, une ferme, espérance, une ardente charité.

Ce sont les trois principales colonnes de tout édifice solide; que ce fût un homme de bon commerce,

honnête dans les conversations, égal dans l'adversité et dans la prospérité ; enfin, dans lequel il ne

parût aucune mauvaise inclination, de peur que les personnes par lesquelles on prétendrait aider au

bonheur des autres, ne servissent elles-mêmes à leur perte.

Qu'on se garde par-dessus toute chose de gens adonnés au vin ou aux femmes ; car Harpocrates luimême

garderait-il sa liberté parmi les verres ?

Et quand ce serait Hermès serait-il sage au milieu des femmes ?

Or» quel désordre, que ce qui doit faire la récompense de la plus haute vertu, devint le prix d'une

infâme débauche.

VIII. QUE CE SOIT GENS QUI AIENT DE LA, CURIOSITÉ NATURELLE.

Ce n'est pas assez que les moeurs soient irréprochables, il faut en outre dans nos prosélytes un

véritable désir de pénétrer dans les secrets de la chimie, et une curiosité qui paroisse venir du fond

de l'âme ; de savoir, non pas les fausses recettes des charlatans, mais les admirables opérations de la

science hermétique, de peur qu'ils ne viennent peu-à-peu à mépriser un art, dont ils ne peuvent pas

tout à coup connaître l'excellence.

Ceci après tout ne doit pas s'entendre de cette manière, que dès qu'un homme est curieux, et autant

que le sont la plupart des Alchimistes, il soit aussitôt sensé avoir ce qu'il faut pour être agrégé parmi

nous ; jamais la curiosité ne fût plus vive que dans ceux qui ayant été prévenus de taux principes,

donnent dans les opérations d'une chimie sophistique; d'ailleurs il n'en fût jamais de plus incapables

et de plus indignes d'entrer dans le sanctuaire de nos vérités.

IX. LE SILENCE, CONDITION ESSENTIELLE.

Pour conclusion, qu'à toutes bonnes qualités on joigne un silence incorruptible, et égal à celui

qu'Harpocrates savait si bien garder ; car, si un homme ne sait se taire, et ne parler que quand il faut,

jamais il n'aura le caractère d'un véritable et parfait Philosophe.

X. MANIÈRE DE RECEVOIR.

Quiconque une fois aura été admis au nombre de nos élus, il pourra lui-même à son tour en recevoir

d'autres, et alors il deviendra leur Patron.

Qu'il garde, dans le choix qu'il en doit faire, les règles précédentes, et qu'il ne fasse rien sans que le

Patron, par lequel il avait été lui-même agrégé, en soit averti, et sans qu'il y consente.

XI. FORMULAIRE DE RÉCEPTION.

Si donc quelqu'une attiré par la réputation que s'acquerra cette Compagnie, souhaitait d'y être admis,

et si, pour cet effet, il s'attachait à quelqu'un de ceux qu'il soupçonnerait en être, celui-ci

commencera par observer diligemment les moeurs et l'esprit de son postulant, et le tiendra durant

quelque temps en suspens, sans l'assurer de rien, jusqu'à ce qu'il ait eu des preuves suffisantes de sa

capacité, si ce n'est que sa réputation fût bien établie, qu'on n'eût aucun lieu de douter de sa vertu, et

des autres qualités qui lui sont requises.

En ce cas, l'associé proposera la chose à celui qui lui avait à lui-même servi de Patron ; il lui

exposera nettement, sans déguisement et sans faveur, ce qu'il aura reconnu de bien et de mal, dans

celui qui demande ; mais en lui cachant en même temps sa personne, sa famille, son nom propre, à

moins que le postulant n'y consente, et que même il ne vienne à le demander instamment, instruit

qu'il aura été de la défense expresse, qu'on a sans cela de le nommer dans la Société; car c'est une

des constitutions les plus sages de la Compagnie, que tous ceux qui en seront, non seulement soient

inconnus aux étrangers, mais qu'ils ne se connaissent pas même entre eux, d'où leur est venu le nom

de Philosophes inconnus.

En effet, s'ils en usent de la sorte, il arrivera que tous se préserveront plus facilement des embûches

et des pièges qu'on a coutume de dresser aux véritables Philosophes, et particulièrement à ceux qui

auraient fait la pierre, lesquels, sans cette précaution, deviendraient peut-être par l'instinct du

Démon en proie à leurs propres amis, et toute la Société courrait risque de se voir ruinée en peu de

temps ; mais au contraire en prenant ces mesures, quand il se trouverait parmi elle quelque traître,

ou quelqu'un, qui, sans qu'il y eût de sa faute, fût assez malheureux pour avoir été découvert :

comme les autres, qui, par prudence sont demeurés inconnus, ne pourront être déférés, ni accusés,

ils ne pourront aussi avoir part au malheur de leur associé, et continueront sans crainte leurs études

et leurs exercices.

Que si après ces avis quelqu'un est assez imprudent, que de se faire connaître, qu'il ne s'en prenne

qu'à lui-même, s'il s'en trouve mal dans la suite.

XII. DEVOIRS DES PATRONS.

Afin que l'ancien Patron, qui est sollicité par le Patron futur de donner son consentement pour

l'immatriculation de son nouveau Prosélyte, ne le fasse pas à la légère, il doit auparavant faire

plusieurs questions à l'associé, qui lui en parle, et même, pour peu qu'il puisse douter de sa sincérité,

l'obliger par serment de lui promettre de dire les choses comme elles sont.

Qu'après cela on propose la chose à l’assemblée ; c'est-à-dire à ceux de ses associés qui lui seront

connus, et qu'on suive leurs avis là-dessus.

XIII. PRIVILÈGE DES CHEFS.

Le chef, ou le plus ancien d'une colonie, sera dispensé de la loi susdite, aussi bien que de plusieurs

autres choses de la même nature.

Si cependant il arrivait, que le nombre des associés venant à diminuer, on fut obligé de ne plus faire

qu'une assemblée de toute la colonie ; alors le chef général perdra son privilège, en quoi l'on doit

s'en rapporter à sa propre conscience. Après sa mort aussi personne ne lui succédera, jusqu'à ce que

la multitude des associés ait obligé de les subdiviser en plusieurs assemblées.

XIV. RÉCEPTION.

Tout cela fait, et le consentement donné en ladite forme, le nouveau postulant sera reçu en la

manière que je vais dire :

Premièrement on invoquera les lumières de l'Eternel, en faisant célébrer à cette intention une

fonction publique, religieuse et solennelle, en un endroit consacré, suivant que le lieu et la religion

de celui que l'on doit recevoir le permettent. Si la chose ne se peut faire en ce temps, qu'on la diffère

à un autre, selon qu'en ordonnera celui qui reçoit.

Ensuite celui qu'on va recevoir promettra de garder inviolablement les statuts susdits, et sur tomes

choses qu'il s'engage à un secret inviolable, de quelque manière que les choses puissent tourner, et

quelque événement bon bu mauvais, qu'il en puisse arriver.

De plus, il promettra de conserver la fidélité aux Lois et aux Souverains, également envers ses

nouveaux Frères associés ; jurant d'aimer toujours tous ceux qu'il viendra à connaître tels, comme

ses propres frères.

Qu'enfin s'il se voit jamais en possession de la pierre, il s'engagera, même par serment, si son Patron

l'exige ainsi (sur quoi, comme dans toutes les autres lois de la réception il faudra avoir égard à la

qualité, et au mérite de ceux qu'on recevra) qu'il en usera selon que le prescrivent les constitutions

de la Compagnie.

Après cela celui qui lui aura servi de Patron, en recevant ses promesses, lui fera les siennes à son

tour au nom de toute la société et de ses Associés.

Il l'assurera de leur amitié, de leur fidélité, de leur protection, et qu'ils garderont en sa faveur tous

les statuts, comme il vient de promettre de les garder à leur égard ; ce qui étant fini, il lui dira tout

bas et à l'oreille les mots de l'Ordre, et puis en langage des Sages, le nom de la Magnésie ; c'est-àdire,

de la vraie et unique matière de laquelle se fait la pierre des Philosophes.

Il sera néanmoins plus à propos de lui donner auparavant quelque description énigmatique, afin de

l'engager adroitement de le déchiffrer de lui-même ; que s'il reconnaît qu'il désespère d'en venir à

bout, le Patron lui donnera courage, en lui aidant peu-à-peu, mais de telle manière néanmoins, que

ce soit de lui-même qu'il découvre le mystère.

XV. DU NOM DE L'ASSOCIÉ.

Le nouveau Frère associé prendra un nom cabalistique, et, si faire se peut commodément, tiré par

anagramme de son propre nom, ou des noms de quelqu'un des anciens Philosophes ; il le déclarera à

son Patron, afin qu'il l'inscrive au plutôt dans le catalogue ou journal de la Société ; ce qui sera fait

par quelqu'un des anciens, qui prendra soin de le faire savoir, tant au Chef général de chaque

colonie, qu'au Chef particulier de chaque assemblée.

XVI. DE L'ÉCRIT QUE LE NOUVEAU FRÈRE DOIT À SON PATRON.

Outre ce qui a été dit, si le Patron juge qu'il soit expédient, il exigera, pour engager plus étroitement

le nouvel associé, une cédule écrite de sa main, et souscrite de son nom cabalistique, qui fera foi de

la manière dont les choses se sont passées, et du serment qu'il a fait ; réciproquement le nouveau

Frère associé pourra aussi obliger son Patron de lui donner pour valoir comme certificat, son signe

et nom cabalistique au bas d'un des exemplaires de ces statuts, par lequel il témoignera à tous ceux

de la Compagnie qu'il l'a associé dans leur nombre.

XVII. ÉCRITS NÉCESSAIRES QUE LE NOUVEL ASSOCIÉ DOIT RECEVOIR.

Quand le temps le permettra, on donnera la liberté au nouveau Frère de transcrire les présents

statuts, aussi bien que le tableau des signes et caractères cabalistiques, qui servent à l'art, avec son

interprétation, afin que quand par hasard il se rencontrera avec quelqu'un de la Compagnie il puisse

le reconnaître, et en être reconnu, en se faisant les interrogations mutuelles sur l'explication de ces

caractères. Enfin, il pourra prendre aussi la liste des noms cabalistiques des agrégés, que son Patron

lui communiquera en lui cachant leurs noms propres, s'il les savait.

Pour ce qui est de nos autres écrits particuliers que le Patron pourrait avoir chez lui, ou à sa

disposition par tout autre moyen, il sera encore obligé de les faire voir et procurer à son nouveau

Frère, ou tous à la fois, ou par partie, selon qu'il le pourra, et jugera à propos ; sans jamais

cependant y mêler rien de faux, ou qui soit contraire à notre doctrine ; car un Philosophe peut bien

dissimuler pour un temps, mais il ne lui est jamais permis de tromper.

Le Patron ne sera point tenu de faire ces sortes de communication ou plus amplement ou plus vite

qu'il ne voudra; davantage, il ne pourra même rien communiquer qu'il n'ait perçu du nouveau Frère

la taxe du tribut imposé pour entrer à' la masse commune de la Compagnie, et qu'il ne l'ait d'ailleurs

éprouvé sur tous les points, et reconnu exact observateur des statuts, de peur que ce nouvel agrégé

ne vienne à se séparer du Corps et découvrir des mystères qui doivent être particuliers et cachés.

Quant aux lumières qu'un chacun aura puisé d'ailleurs, il lui sera libre ou de le cacher, ou d'en faire

part à son choix.

XVIII. DEVOIRS DU NOUVEL ASSOCIÉ.

Il reste présentement à exhorter le nouvel Associé de s'appliquer avec soin, soit à la lecture de nos

livres, et de ceux des autres Philosophes approuvés, ou seul en particulier ou en compagnie de

quelqu'un de ses Confrères; soit à mettre lui-même la main à la pratique, sans laquelle toute la

spéculation est incertaine.

Qu'il se donne garde surtout de l'ennui qui accompagne la longueur du travail, et qu'une impatience

d'avoir une chose qu'il attend depuis si longtemps, ne le prenne point. Il doit se consoler sur ce que

tous les Frères associés travaillent pour lui, comme lui-même doit aussi travailler pour eux, sans

quoi il n'aurait point de part à leur découverte ; fondé sur ce que le repos et la science parfaite sont

la fin, et la récompense du travail, comme la gloire l'est des combats quand le Ciel veut bien nous

être propice; et sur ce qu'enfin la paresse et la lâcheté ne sont suivies gué d'ignorance et d'erreurs.

XIX. ANNIVERSAIRE DE LA RÉCEPTION.

Tous les ans, à jour pareil de sa réception, à moins que l'on ne soit convenu d'un jour commun pour

tous, chaque Associé, s'il est Catholique Romain, offrira à Dieu le saint Sacrifice, en actions de

grâces et pour obtenir de l'Eternel le don de science et de lumières.

Tout Chrétien en général ou tout autre de quelque secte qu'il puisse être, fera la même chose à sa

manière : que si on s'oubliait pourtant de le faire on ne doit pas en avoir de scrupule ; car ce

règlement n'est que de conseil et non pas de précepte.

XX. QU'ON NE SE MÊLE POINT DE SOPHISTICATIONS.

Qu'on s'abstienne de toutes opérations sophistiques sur les métaux de quelques espèces qu'elles

puissent être.

Qu'on ait aucun commerce avec tous les charlatans et donneurs de récentes ; car il n'y a rien de plus

indigne qu'un Philosophe Chrétien qui recherche la vérité, et qui veut aider ses Frères, que de faire

profession d'un art qui ne va qu'à tromper.

XXI. ON PEUT TRAVAILLER À LA CHIMIE COMMUNE.

Il sera permis à ceux qui n'ont point encore l'expérience des choses qui se font par le feu, et qui

ignorent par conséquent l'art de distiller de s'occuper à faire ces opérations sur les minéraux, les

végétaux et les animaux, et d'entreprendre même de purger les métaux, puisque c'est une chose qui

nous est quelquefois nécessaire ; mais que jamais on ne se mêle de les allier les uns aux autres,

encore moins de se servir de cet alliage ; parce que c'est chose mauvaise, et que nous défendons

principalement à nos Frères et associés.

XXII. ON PEUT DÉTROMPER CEUX QUI SERAIENT DANS UNE MAUVAISE VOIE.

On pourra quelquefois aller dans les laboratoires de la chimie vulgaire, pourvu que ceux qui y

travaillent ne soient pas en mauvaise réputation; comme aussi se trouver dans les assemblées de ces

mêmes gens, raisonner avec eux, et si l'on juge qu'ils soient dans l'erreur, s'efforcer de la leur faire

apercevoir, au moins par des arguments négatifs tirés de nos écrits ; et le tout, s'il se peut, par un pur

esprit de charité, et avec modestie, afin qu'il ne se fasse plus de folles dépenses ; mais en ces

occasions, qu'on se souvienne de ne point trop parler ; car il suffit d'empêcher l'aveugle de tomber

dans le précipice, et de le remettre dans le bon chemin ; on n'est pas obligé de lui servir de guide

dans la fuite : loin de cela, ce serait quelquefois mal faire, surtout si l'on reconnaît que la lumière de

l'esprit lui manque, et qu'il ne fait pas de cas de la vertu.

XXIII. ON PEUT DONNER ENVIE D'ENTRER DANS LA SOCIÉTÉ.

Que si entre ceux qui se mêlent de la chymie, il se trouve quelque honnête homme, qui ait de la

réputation, qui aime la sagesse et la probité, et qui s'attache à la science hermétique, par curiosité et

non par avarice; il n'y aura pas de danger de l'entretenir des choses qui se pratiquent dans notre

société et des moeurs de nos plus illustres associés; afin que si quelqu'un était appelé du Ciel et

destiné pour cet emploi, il lui pût par telle occasion venir en pensée de se faire des nôtres, et remplir

sa destinée. Dans ces entretiens, cependant, on ne se déclarera point associé, jusqu'à ce qu'on ait

reconnu dans cette personne les qualités dont nous avons parlé, et qu'on ait pris avis et

consentement de son Patron ; car autre ment ce serait risquer de perdre le titre de Philosophe

inconnu ; ce qui est contre statuts..

XXIV. SE VOIR DE TEMPS EN TEMPS.

Ceux des Confrères qui se connaîtront, de quelque manière que cela puisse être, et de quelque

colonie ou assemblée qu'ils soient, pourront se joindre et réunir ensemble, pour conférer, quand et

autant de fois qu'ils le trouveront à propos, dans certains jours et lieux assignés.

Là on s'entretiendra des choses qui regardent la Société : on y pariera des lectures particulières

qu'on aura faites, de ses méditations et Opérations, afin d'apprendre les uns des autres, tant eh cette

matière qu'en toute autre science.

Le tout sera suivi, autant que faire se pourra» d'un repas en commun, à condition que rien ne s'y

passera contre la sobriété, et que, vivant ensemble, soit dans les auberges, ou autres lieux où Us

prendront leurs banquets, ils y laisseront toujours une grande estime d'eux et de leur conduite : or,

quoique ces assemblées puissent être d'une grande utilité, on n'en impose cependant aucune

obligation.

XXV. S'ENTRETENIR PAR LETTRE.

Il sera aussi permis d'avoir commerce par lettres les uns avec les autres, à la manière ordinaire ;

pourvu que jamais on n'y mette par écrit le nom et la nature de la chose essentielle qui doit être

cachée.

Les associés ne souscriront point ces lettres autrement que par leurs noms cabalistiques; pour le

dessus il faudra y mettre le même, et ensuite ajouter une enveloppe sur laquelle on écrira l'adresse,

en se servant du nom propre de celui à qui l'on écrit. Si l'on craint que ces lettres soient interceptées,

on se servira de chiffres, ou de caractères hiéroglyphiques, ou de mots allégoriques.

Ce commerce de lettres peut s'étendre jusqu'à ceux des associés qui seraient dans les lieux les plus

éloignés du monde, en se servant pour cela de leur Patron, jusqu'à ce qu'on ait reçu les

éclaircissements dont on peut avoir besoin, sur les difficultés qui naissent dans nos recherches

philosophiques.

XXVI. MANIÈRE DE S'ENTRE CORRIGER.

Si l'on vient à remarquer que quelqu'un des associés ne garde pas les règles que nous venons de

prescrire, ou que ses moeurs ne soient pas ; aussi irréprochables que nous le souhaitons; le premier

associé, et surtout son Patron, l'avertira avec modestie et charité; et celui qui sera ainsi averti, sera

obligé d'écouter cet avis de bonne grâce et avec beaucoup de docilité : s'il n'en use pas ainsi, il ne

faut pas tout d'un coup lui interdire tout commerce avec les autres ; mais seulement on le dénoncera

à tous les Frères que l'on connaîtra de son assemblée ou colonie, afin qu'à l'avenir on soit sur la

réserve avec lui, et qu'on n'ait pas la même ouverture qu'auparavant. Il faut néanmoins s'y conduire

avec sagesse, de peur que venant à s'apercevoir qu'on le veut bannir, il ne nuise aux autres : mais

que jamais on ne lui fasse part de la pierre.

XXVII. CELUI QUI AURA FAIT L'OEUVRE EN DONNERA AVIS.

Si quelqu'un des Frères est assez heureux pour conduire l'oeuvre à sa perfection, d'abord il en

donnera avis non pas de la manière que nous avons prescrit les lettres ci-dessus, mais par une lettre

sans jour et sans date, et s'il se peut, écrire d'une main déguisée qu'il adressera à tous les chefs et

anciens des Colonies, afin que ceux qui ne pourront voir cet associé fortuné, soient excités par

l'espérance d'un bonheur semblable, et animés par-là à ne pas se dégoûter du travail qu'ils auront

entrepris.

Il sera libre à celui qui possédera ce grand trésor, de choisir parmi les associés, tant connus,

qu'inconnus, ceux auxquels il voudra faire part de ce qu'il a découvert : autrement il se verrait

obligé de le donner à tous, même à ceux auxquels la société n'a point encore d'obligation ; en quoi il

s'exposerait, ainsi que toute la compagnie, à de très grands périls.

XXVIII. IL EN FERA PART À CEUX QUI LE VIENDRONT TROUVER.

On obligera surtout cet heureux associé par un décret qu'on gardera plus inviolablement que tous les

autres, de faire part de ce qu'il aura trouvé d'abord à son propre Patron, à moins qu'il n'en soit

indigne, ensuite à tous les autres confrères connus ou inconnus, qui le viendront trouver, pourvu

qu'ils fassent connaître qu'ils ont gardé exactement tous les règlements ; qu'ils ont travaillé sans

relâche, qu'ils sont gens secrets, et incapables de faire jamais aucun mauvais usage de la grâce qu'on

leur accordera.

En effet, comme il serait injuste, que chacun conspira à l'utilité publique, si chaque particulier n'en

marquait en temps et lieu sa reconnaissance ; aussi serait-il tout-à-fait déraisonnable de rendre

participants d'un si grand bonheur les traîtres, les lâches, et ceux qui craignent de mettre la main à

l'oeuvre.

XXIX. MANIÈRE DE FAIRE CETTE COMMUNICATION.

La méthode pour communiquer ce secret, sera laissé entièrement à la disposition de celui qui le

possède ; de sorte qu'il lui sera libre, ou de donner une petite portion de la poudre qu'il aura faite, ou

d'expliquer clairement son procédé, ou seulement d'aider par ses conseils ceux de ses compagnons

qu'il saura travailler à la faire. Le plus expédient sera de se servir de cette dernière méthode; afin

qu'autant qu'il se pourra, chacun ne soit redevable qu'à lui-même, et à sa propre industrie, d'un si

grand trésor.

Quant à ceux qui, par une semblable voie, s'en trouveraient enrichis, ils n'auront pas le pouvoir d'en

user de la sorte à l'égard de leurs autres confrères, non pas même de leur propre patron, s'ils n'en ont

du moins demandé la permission auparavant à celui de qui ils auront été instruits ; car le secret est

la moindre reconnaissance qu'ils lui doivent, et celui-ci même ne le permettra pas aisément, mais

seulement à ceux qu'il en trouvera dignes.

XXX. DE L'EMPLOI QUI EN DOIT ÊTRE FAIT.

Enfin l'usage et l'emploi d'un si précieux trésor doit être réglé de la manière qui suit, un tiers sera

consacré à l'Eternel à bâtir de nouvelles Églises, à réparer les anciennes, à faire des fondations

publiques, et autres oeuvres pies.

Un autre tiers sera distribué aux pauvres, aux personnes opprimées et aux affligées de quelque

manière qu'elles le soient ; enfin la dernière partie restera au possesseur, de laquelle il pourra faire

ses libéralités, en aider ses parents et ses amis, mais de telle sorte qu'il ne contribue point à nourrir

leur ambition, mais seulement autant qu'il est nécessaire pour qu'ils glorifient le grand architecte de

l'univers, qu'ils le servent, et leur patrie, et qu'ils fassent en paix leur salut.

Qu'on se souvienne que dans un soudain changement de fortune rarement on sait garder de la

modération ; et même que jusque dans les aumônes qu'on fait aux pauvres, si on ne les fait que par

vanité, l'on peut trouver occasion de se perdre.

Fin des Statuts et Règles de la Société Cabalistique des Philosophes Inconnus de la Société

Cabalistique de la Rose+Croix…

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