mercredi 30 septembre 2015

La place du Martinisme dans l’histoire et dans la tradition

 


Article paru sur internet


Cet article sur le Martinisme, courant encore très vivant de l’Illuminisme Chrétien, a été transmis par Yves-Fred

Boisset, rédacteur en chef de la revue trimestrielle l’Initiation. La revue l’Initiation, créée en octobre 1888 par

Papus (Dr Gérard Encausse) a cessé de paraître en 1914 pour réapparaître en 1953 grâce à son fils, Philippe

Encausse dont Yves Fred Boisset a poursuivi l’oeuvre et assuré la continuité.



Contrairement à ce que pourrait laisser croire un examen trop superficiel de la question, le martinisme n’est pas

un phénomène surgi du néant mais, bien au contraire, il plonge ses racines aux sources mêmes de ce que

j’appellerais volontiers le noyau ardent de la tradition occidentale chrétienne. Le christianisme éclairé auquel le

martinisme se rattache est issu de la rencontre entre l’hellénisme platonicien et pythagoricien et le judaïsme

initiatique.

La gnose néo-platonicienne des premiers siècles de l’ère chrétienne a produit une masse d’enseignements

ésotériques qui valurent moultes ennuis à leurs auteurs (souvent soupçonnés d’hérésie) mais qui nous ont légué

un ensemble de réflexions propres à construire le merveilleux édifice de la connaissance mystique la plus pure et

la plus approfondie.

Sur ce tronc commun sont venus se greffer les grands courants de la pensée ésotérique qui jalonnent l’histoire

du christianisme : hermétisme du Moyen Âge, rosicrucianisme de la Renaissance, illuminisme du XVIIIe siècle,

sans oublier les voies parallèles de l’alchimie et de la kabbale, les uns et les autres s’enrichissant mutuellement

de leurs travaux et de leurs découvertes.

On sait qu’à la charnière des XVIIe et XVIIIe siècles, le rosicrucianisme, né en Allemagne autour des années

1610 et 1620, fut introduit dans la franc-maçonnerie naissante sous sa forme philosophique. Cette opération se

déroula en Angleterre sous l’influence de quelques héritiers du rosicrucianisme : Bacon, Fludd, Ashmole… De

cette fusion naquirent, au fil des temps et au gré des réformes, apports et autres péripéties, les rites complexes

et un tantinet fourre-tout qui font des hauts-grades de la maçonnerie dite spéculative, mais que,

personnellement, je préfère appeler philosophique, une sorte de kaléidoscope certes brillant mais parfois teinté

de ridicule en raison des titres ronflants que se donnent ceux qui les détiennent.

Au début du XVIIe siècle le rosicrucianisme, fondé sur la légende de Christian Rozenkreutz, sur ses « Noces

chymiques » et sur les allégations religieuses et morales exposées dans la « Fama fraternitatis » et la «

Confessio », s’il n’eut jamais de structures formelles, fit de nombreux adeptes principalement dans l’Europe du

Nord et, par voie de conséquence, dans son prolongement qu’est l’Amérique anglo-saxonne. Ce rosicrucianisme

pourrait être comparé à un laboratoire vers lequel ont convergé les différents courants de la pensée traditionnelle

et duquel ont, après filtrage, jailli divers mouvements initiatiques telle que la franc-maçonnerie philosophique,

comme nous l’avons vu plus haut, l’illuminisme du XVIIIe siècle, et, dans un autre ordre d’idées, le romantisme.

C’est sur le terrain de l’illuminisme que germera, à travers toute une série d’événements que je vais évoquer à

présent, le martinisme potentiel.


L’origine du martinisme



Si je parle de martinisme potentiel, c’est parce que, avant toute autre considération, je désire établir la

distinction fondamentale qui existe historiquement entre le martinisme du XVIIIe siècle et de ses pionniers que

je vais présenter à présent et celui fondé par Papus en 1891.

Trois hommes sont à l’origine du martinisme : Martinez de Pasqually, Louis-Claude de Saint-Martin et Jean-

Baptiste Willermoz.


Martinez de Pasqually



Le premier des trois fut un homme des plus mystérieux. On ne sait de lui que peu de choses et toutes sortes de

légendes ont couru quant à ses origines, à sa naissance, à sa religion, à sa carrière. Même les diverses

orthographes de son nom patronymique et de son prénom sont de nature à brouiller les pistes quant à sa

véritable nationalité. Il apparaît en la ville de Bordeaux en 1767 ; il a auparavant accompli un grand périple qui

l’a emmené de Paris à Bordeaux en passant par Amboise, Blois, Tours, Poitiers, La Rochelle, Rochefort, Saintes et

Blaye. Il avait fondé l’Ordre des Chevaliers Maçons Élus Cohen de l’Univers et la vocation de cet Ordre était

double : la mise en pratique d’opérations théurgiques et la remise dans le droit chemin initiatique de la francmaçonnerie

française qui, perdant de vue ses racines traditionnelles, s’engluait déjà dans des marécages

politiciens où elle n’avait rien à faire. Il s’agissait vraisemblablement dans l’esprit de Martinès de créer un

système de hauts-grades maçonniques souché sur des loges dites bleues, c’est-à-dire limitées aux trois premiers

grades. Martinez mourut le 20 septembre 1774 à Port-au-Prince où il était venu deux ans plus tôt dans le but,

dit-on, d’y récupérer un héritage. Il ne laissera qu’un ouvrage : « Traité sur la Réintégration des Êtres dans leur

première propriété, vertu et puissance spirituelle divine ». Avec le « Tableau naturel des rapports qui existent

entre Dieu, l’homme et l’univers » de Louis-Claude de Saint-Martin, cet ouvrage de Martinez de Pasqually

constitue l’un des deux piliers de la tradition martiniste.


Louis-Claude de Saint-Martin



Louis-Claude de Saint-Martin (surnommé le « Philosophe Inconnu ») se fit d’abord connaître comme secrétaire

de Martinez de Pasqually qui n’avait, paraît-il, qu’une idée très approximative des nuances de la langue française.

Titulaire d’un titre de noblesse et ancien officier d’un régiment basé à Foix (Ariège), sa rencontre avec Martinez

le poussa à quitter l’armée pour se consacrer à sa mission, c’est-à-dire à l’élaboration de la doctrine martiniste

sous l’éclairage de la tradition occidentale chrétienne. Il s’éloignera peu à peu de Martinez et de ses opérations

pour se tourner vers ce que Papus appellera plus tard la voie cardiaque. Outre l’ouvrage doctrinal cité plus haut,

il laissera une importante bibliographie qui fait encore autorité de nos jours. Malgré ses origines nobiliaires, il

échappa à la guillotine révolutionnaire et mourut en 1803, âgé de soixante ans.


Jean-Baptiste Willermoz



Le troisième personnage de ce triptyque, c’est Jean-Baptiste Willermoz. Ce commerçant lyonnais devint francmaçon

très jeune et consacra à l’Ordre maçonnique le meilleur de sa vie et de son activité. Déçu par le manque

d’intérêt que ses frères de loge manifestaient à l’égard de la tradition, il oeuvra inlassablement dans le but de

redonner à l’ordre les couleurs initiatiques dont il n’aurait jamais dû se départir. Il réussit ce tour de force de

réunir des traditions chevaleresques germaniques et les enseignements de Martinez de Pasqually et de Saint-

Martin en un régime maçonnique qu’il fonda et dont il établit les règles, les rituels et les usages à partir de 1778

au cours de deux convents où il parvint à imposer ses idées et ses idéaux. Retiré de ses diverses activités pour

cause de révolution, il mourra en 1824 à l’âge de… quatre-vingt quatorze ans.


Joseph de Maistre



À ces trois personnages déterminants dans l’histoire du martinisme, il y a lieu de mentionner une quatrième

personnalité qui fut, en quelque sorte, l’ambassadeur de la pensée saint-martinienne et maçonnique

traditionnelle auprès de la Cour de Russie où il voyagea plusieurs fois et devint un familier de la Grande

Catherine. J’ai nommé l’écrivain Joseph de Maistre.


Gérard Encausse (Papus)




Bien qu’il ne fondât jamais d’école ni de société ou d’ordre initiatique, la pensée et l’enseignement de Louis-

Claude de Saint-Martin eurent des disciples et, ainsi, se propagea discrètement jusqu’à l’arrivée de Papus. Celuici,

tout en poursuivant des études de médecine, se passionna très tôt pour toutes les choses de la tradition. Bien

qu’il eût exploré toutes les pistes de l’ésotérisme et tenté d’en faire la synthèse dans ses premiers ouvrages, il

accorda une priorité à l’oeuvre et à l’enseignement de Martinez de Pasqually et de Louis-Claude de Saint-Martin.

C’est ainsi qu’en 1888, à l’âge de vingt-trois ans, il créa «l’Initiation», revue mensuelle d’ésotérisme, et en 1891,

à l’âge de vingt-six ans, il fonda l’Ordre martiniste dont la vocation était essentiellement de propager la pensée

saint-martinienne enrichie des autres recherches traditionnelles. Autour de Papus, on retrouvait quelques noms

prestigieux, tels que ceux de Paul Adam, de Stanislas de Guaita, de Joséphin Péladan, de Sédir, de Marc Haven et

de Maurice Barrès qui démissionnera peu de temps après la fondation de l’Ordre pour mieux se consacrer à sa

carrière littéraire et politique.

Sous l’impulsion dynamique de Papus qui ne se reposait jamais – il déclarera un jour que « l’on se repose d’un

travail en en faisant un autre » et je crois qu’il avait bien raison – , le martinisme, désormais structuré et

organisé, connut une grande et rapide expansion. Des groupes de travail s’ouvrirent en France comme dans les

autres pays et on peut affirmer que, si Martinez de Pasqually et, plus sûrement encore, Saint-Martin lui

donnèrent une âme, c’est à Papus qu’il revint de lui donner un corps sans lequel aucune âme ne peut se

manifester.

Papus mourut le 25 octobre 1916 des suites d’une pneumonie contractée à la guerre où il avait été mobilisé en

qualité de médecin. Avec ce départ prématuré (il n’était âgé que de cinquante et un ans), s’arrêta la parution de

«l’Initiation» et l’Ordre martiniste subit quelques scissions. Les successeurs directs de Papus furent d’abord Teder

(Charles Détré) qui ne devait lui survivre que deux ans, puis Jean Bricaud qui décédera en 1934, Constant

Chevillon (auteur du « Vrai visage de la franc-maçonnerie ») qui sera assassiné à Lyon dans des circonstances

pour le moins mystérieuses et pas éclaircies à ce jour en 1944, Charles-Henri Dupont qui nous quittera en 1960.

À cette époque, l’Ordre martiniste n’avait qu’une activité quasi confidentielle ; c’est au fils de Papus qu’il

appartiendra de lui donner un nouvel essor.


Philippe Encausse



Papus avait un fils, Philippe (filleul de Monsieur Philippe de Lyon). Ce fils n’avait que dix ans à la mort de son

père et ce fut Marc Haven (le docteur Lalande), gendre de Monsieur Philippe, qui assura son éducation et le suivi

de ses études jusqu’au doctorat de médecine. En 1953, Philippe Encausse, alors âgé de trente-sept ans, réveilla

la revue «l’Initiation» qui, depuis, paraît trimestriellement sans interruption. Sa rencontre précédente avec

Robert Ambelain, Grand-Maître des Élus-Cohen, l’avait conduit à réveiller l’Ordre martiniste selon les vues de son

père Papus. En 1960, il devint Président de l’Ordre martiniste, succédant ainsi à Charles-Henri Dupont qui le

reconnut et lui transmit rituellement et administrativement sa succession. Plus tard (en1971), il sera remplacé

pour un court laps de temps par Irénée Séguret, puis par Emilio Lorenzo qui exerce toujours cette présidence.

Philippe nous a quittés le 22 juillet 1984. Son souvenir est immortel, tous ceux qui l’on approché ont gardé de lui

la mémoire d’un homme décidé, volontaire (et pas velléitaire, importante nuance !), généreux et fidèle en amitié.

C’est en hommage permanent à Papus et à Philippe que je m’efforce de maintenir la revue «l’Initiation»,

remplissant cette tâche avec la foi et la discrétion qui sont les qualités premières de tout martiniste.


Ordres et désordres (scissions)




J’ai dit plus haut que Pasqually et Saint-Martin avaient donné une âme au martinisme et que Papus l’avait doté

d’un corps. Or, s’il est vrai que les âmes, par leur privilège d’immortalité, échappent au tourment des

dissensions, des jalousies, des ambitions, il n’en est jamais ainsi des corps qui ne sont que passagers. Aussi, au

fil des temps et selon l’humeur des uns et des autres, l’unité se défit et des branches poussèrent sur le tronc

commun. Dès 1922, Victor Blanchard fonda l’Ordre Martiniste Synarchique (O.M.S.), dirigé plus tard par Louis

Bentin, ressortissant français vivant en Angleterre. En 1975, une patente fut délivrée à Sâr Affectator, martiniste

français. En 1931, Augustin Chaboseau fonda l’Ordre Martiniste Traditionnel (O.M.T.) et, en 1948, Jules Boucher

créa l’Ordre Martiniste Rectifié. En 1968, sous l’impulsion de Robert Ambelain, fut créé l’Ordre Martiniste

Initiatique (O.M.I.), souché sur la maçonnerie de Memphis-Misraïm. On pourrait également évoquer des scissions

plus récentes du tronc commun qu’est l’Ordre martiniste, présidé, comme nous l’avons vu, par Emilio Lorenzo,

successeur de Philippe Encausse : l’Ordre Martiniste Libéral (O.M.L.) qui lui même a connu une scission qui

déboucha sur l’Ordre Martiniste des Supérieurs Inconnus (O.M.S.I.).


Initiateur libre



En dehors et à-côté de ces multiples organisations, il existe le statut d’initiateur libre. Ceux qui possèdent cette

qualité transmettent l’initiation en leur âme et conscience aux postulants qui leur semblent dignes de la

recevoir ; ils n’ont de compte à rendre à aucune autorité.

Je ne sais, en vérité, si l’on doit déplorer cette balkanisation du martinisme ou s’en réjouir selon que l’on veut y

voir une source d’appauvrissement ou une source d’enrichissement. Quoi qu’il en soit, le martinisme est UN en

cela qu’il véhicule une forme de mysticisme particulier qui est commun à toutes les formes qu’il revêt

actuellement.


Ce que n’est pas le martinisme



Parvenu à ce point de mon propos, il me semble indispensable de faire quelques mises au point afin que ne

subsiste aucune ambiguïté.

Le martinisme n’est pas une secte

En premier lieu, il faut déclarer haut et fort que le martinisme n’est pas une secte pour la simple raison que l’on

ne demande pas d’argent aux adhérents (hormis une participation raisonnable aux frais de fonctionnement,

celle-ci étant fixée collégialement), que l’on n’y impose pas une doctrine et une pensée unique, qu’on y laisse

libre les membres de poursuivre leur vie privée (conjugale, familiale et professionnelle) en toute liberté, étant

bien entendu que ce sont précisément ces méthodes financières, intellectuelles et morales ci-dessus dénoncées

qui caractérisent les sectes et les font reconnaître par les gens libres et avertis. Aucune des enquêtes officielles

qui ont été menées en France (par l’Assemblée nationale, entre autres) sur les sectes n’a classé le martinisme au

nombre de celles-ci.

Le martinisme n’est pas une forme de franc-maçonnerie

En second lieu, il y a lieu de corriger une confusion fréquente qui voudrait assimiler le martinisme à une forme de

franc-maçonnerie. Le martinisme n’est pas une obédience maçonnique et il est absolument indépendant de toute

organisation maçonnique, même s’il entretient généralement d’excellentes relations avec les obédiences qui

pratiquent une maçonnerie initiatique, c’est-à-dire empreinte de la pensée traditionnelle telle que je l’ai définie

au début de cet article. Il y a incontestablement convergence de vues entre les maçons respectueux de la

tradition mystique et les martinistes, sachant que la double appartenance est fréquente. De plus, et j’ajoute ceci

pour répondre à certaines accusations qui ont traîné et traînent encore de ci, de là, le martinisme n’est en aucun

cas une copie de la franc-maçonnerie, même si, dans ses structures et son système hiérarchique, il semble s’en

rapprocher.

Le martinisme entretient des relations privilégiées avec le Régime Écossais Rectifié pour les raisons

précédemment exposées et qui ont voulu que Saint-Martin et Willermoz fissent un bout de chemin ensemble ; la

pensée martiniste survit également dans de nombreuses loges de cette maçonnerie particulière pratiquée

presque exclusivement en France et en Suisse. De nos jours, la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra

et, plus particulièrement, la loge « la France », sont animées par un esprit martiniste sans pour autant renier

leur appartenance à l’Ordre des francs-maçons. De même, certaines loges de la Grande Loge de Memphis-

Misraïm, dont Robert Ambelain fut le réveilleur et le Grand-maître, est très proche de l’Ordre Martiniste

Initiatique, fondé en 1968 à l’initiative de frères maçons de cette obédience.

Le martinisme n’est pas une église

En troisième lieu, le martinisme, s’il proclame son attachement au Christ et sa fidélité au christianisme non

confessionnel, ne saurait être assimilé à une Église. Tous les membres de l’Ordre demeurent libres de pratiquer

la religion chrétienne de leur choix ou de n’en pratiquer aucune. Le fait que le martinisme ait toujours entretenu

d’étroites relations avec l’Église Gnostique Universelle (fondée par l’abbé Julio et au sein de laquelle certains

membres éminents du martinisme exercèrent des fonctions sacerdotales) ne met nullement en cause

l’indépendance réciproque de ces deux organisations.


Organisation : Les 5 grades martinistes



L’Ordre martiniste, tel que l’a conçu Papus, se partage en plusieurs grades, chacun d’entre eux donnant lieu à

une cérémonie rituelle au cours de laquelle est dispensée une initiation. On y est d’abord reçu au premier grade

en qualité d’Associé, qualité indispensable pour assister aux réunions rituelles. Puis, si le nouveau martiniste

persiste dans son intérêt pour l’Ordre et s’il en est jugé digne, on lui confère le deuxième grade d’Associé-Initié.

Enfin, il peut atteindre le troisième grade de Supérieur Inconnu qui lui donne la plénitude de l’initiation

martiniste. Un quatrième grade, dit de Supérieur Inconnu Initiateur, est délivré à ceux qui seront appelés à

diriger un groupe ou un chapitre – La terminologie varie selon les ordres – et à recevoir à leur tour des

impétrants. Au-delà, il existe des Grands Initiateurs ou des Philosophes Inconnus (les deux expressions sont

équivalentes) appelés à des fonctions plus importantes.

Chaque grade donne accès à un enseignement qui lui est propre et la décoration du local où l’on se réunit

comme celle des membres change à chaque grade, demeurant cependant toujours bien plus sobre que celle des

loges maçonniques et des frères qui y siègent.

Chaque groupe ou chapitre est dirigé par un membre ayant la qualité de Supérieur Inconnu Initiateur ; il est

assisté par un collège d’officiers qui l’aident particulièrement dans les cérémonies de réception. Cependant, il ne

faut jamais perdre de vue que l’initiation martiniste ne se fait que d’initiateur à récipiendaire et qu’elle peut être

aussi valablement transmise en l’absence de tout témoin.

L’ordre est mixte et ouvert à tous ceux qui en manifestent la volonté sous réserve de l’opinion que les Supérieurs

Inconnus du groupe ou du chapitre peuvent se faire du candidat au cours d’entretiens préalables. Il fut

cependant une époque où la qualité de maître maçon était requise mais cette règle ne subsiste plus que dans

quelques organisations. Ni le niveau d’études, ni la position sociale, ni tout autre critère extérieur à la vie

initiatique ne peut être pris en considération pour l’acceptation ou le refus d’un nouveau membre. Seul, le DÉSIR

dans l’acception saint-martinienne de ce mot (que je vais tenter de définir dans la dernière partie de cet article)

peut faire d’un profane un martiniste et c’est devant sa conscience et sa conscience seule qu’il doit en répondre.


Le DÉSIR et l’Homme de désir



Le DÉSIR, voilà le maître mot du martinisme. Le martiniste est un Homme de désir. L’Homme de Désir s’oppose à

l’Homme du Torrent. Entre les deux, il y a la chute et le lent processus de la réintégration. L’homme s’étant

séparé de Dieu, de la Lumière et du Verbe est tombé dans la ténèbre ; c’est notre état présent. Par l’exercice de

la théurgie (selon Martinez de Pasqually, voie opérative) ou de la prière (selon Louis-Claude de Saint-Martin, voie

cardiaque), l’homme peut s’évader de la ténèbre et commencer la reconquête de son état primitif, autrement dit

revenir auprès de Dieu. Retrouver la Lumière et le Verbe, voilà quels sont les buts de toutes les initiations dont

les variantes rituelles ne sont que secondaires et sans réelle importance.

Les gnostiques, en leur temps, commentaient la Genèse par la rébellion luciférienne qui conduisit cet ange déchu

à s’éloigner de Dieu et à créer l’univers en ses différents plans jusqu’à la cristallisation matérielle. Ils voulaient

voir en Jésus-Christ le premier réintégré et celui qui nous ouvrait la voie vers la réintégration par l’amour, la

rémission du péché originel qui est justement cette rébellion (les scribes de l’Ancien Testament ont tout

mélangé…) et par le désir, le vrai désir, de la connaissance des rouages de la spiritualité. Le prologue de

l’Évangile de Jean comme son Apocalypse témoignent de cette démarche spirituelle et initiatique et ce n’est pas

un hasard si les gnostiques se référaient à saint Jean comme le feront plus tard les bâtisseurs de cathédrales, les

francs-maçons et, d’une manière plus étendue, tous les initiés, cependant que saint Jacques deviendrait le

patron des Adeptes. Dans ce plan, on laissa à Pierre et à Paul le soin d’évangéliser les foules et d’opérer les

conversions des Gentils et des païens.

Le martinisme se rattache à ce que j’appelle ce christianisme éclairé qui, en dépit de l’hostilité des corps

constitués (Église catholique, en particulier), a cheminé au long des siècles sous des formes différentes et

adaptées à leur temps. La franc-maçonnerie et le martinisme sont les derniers avatars de cette merveilleuse

épopée ; ils sont les héritiers de cette tradition deux fois millénaire qui a pour nom Amour et qui se fonde sur

l’étude et la compréhension des textes fondamentaux des Écritures.

Les martinistes ne sont pas des mystiques passifs, buvant les bonnes paroles et attendant on ne sait quelle grâce

divine. Ce sont des travailleurs, des cherchants, des éternels étudiants. Fondant leurs plans d’études sur les

textes fondamentaux de Martinez de Pasqually et de Louis-Claude de Saint-Martin, ils savent élargir leur champ

de vision à tous les enseignements ésotériques qu’ils examinent et analysent avec la plus grande tolérance. Ils

désirent toujours oeuvrer pour une plus grande fraternité humaine, pour le progrès, car s’ils sont traditionalistes,

ils ne sont ni conservateurs ni passéistes. Ils sont toujours à l’écoute des autres et restent disponibles envers les

souffrances de leurs semblables.

.



vendredi 25 septembre 2015

Ambelain Les Rose+Croix

 

(Le Sacramentaire du Rose+Croix)

Avertissement au lecteur

En publiant une très grande partie du formulaire secret des Rose+Croix d’Orient, nous avons

tout tenté de mettre aux mains de tous ceux que passionne le prestigieux plan de la

Rose+Croix générale un véritable outil de travail.

Il est bien évident que les Rose+Croix du XVIII éme siècle étaient profondément

mystiques et chrétiens.

Adversaires du Catholicisme d’alors, (intolérant et impitoyable) ils étaient anticléricaux, et

donc très proches du Protestantisme, l’anti occultisme de ce dernier mis à part. Mais il est non

moins évident que le terme même n’a plus guère d’écho aux seins des milieux qui se parent de

ce nom, les « Rose+Croix » de la Franc-Maçonnerie ne sont pas toujours chrétiens, rarement

occultistes et les « Rosicruciens » modernes ont une orientation différente. Néanmoins, il faut

restituer à César ce qui ce qui lui appartient, et à ce titre, l’Enchiridion que nous présentons

par la première fois au public ne surprendra pas, par son climat mystique, le lecteur de bonne

foi et suffisamment ouvert ; c’est là un manuel authentiquement rosicrucien, et il est

absolument dans l’esprit de ceux qui, seul, eurent dans l’histoire le privilège d’oeuvrer sous ce

vocable et dans porter le nom. Que le lecteur rationaliste, égaré en ses pages ne s’en offusque

donc pas !
1

Les véritables Rose+Croix d’autrefois ne pensaient pas comme lui …

Au surplus occulte, martiniste, maçon, templier, Kabbaliste et gnostique, l’auteur de

ces lignes s’excuse auprès de certains de ses lecteurs, qui désireraient (ou simplement

souhaiteraient) le voir se réserver pour telle manière de leur choix ! Les mystiques déplorent

le voir publier des ouvrages d’occultisme, les occultistes déplorent le voir rédiger des livres de

mysticisme, et les Francs-maçons parfois regrettent qu’il ne consacre pas uniquement au

symbolisme, hautement ésotérique, de leur rites séculaires. Le dit auteur s’excuse auprès de

tous. Mais les raisons qui l’incitent à publier à telle époque tel ouvrage, et à tel autre moment,

tel autre livre, ces raisons ces raisons doivent demeurer secrètes.

Que tous les lecteurs se rassurent, il existe pour tout ceci, des motifs parfaitement

valables et sérieux, motifs qui donnent néanmoins demeuré obscur…

Grâce donc à ces Oraisons secrètes, merveilleusement composées ou sagement

recueillies, reposant sur des traditions ésotériques qui leur permettent de faire vibrer, en un

autre « plan » l’archétype initial auquel elles se rattachent, grâce à elles, le Rosicrucien

authentique pourra oeuvrer, à chaque instant de sa vie et en toute circonstances prévisibles, au

plan général de la Rose+Croix Universelle.

Dès qu’un problème se posera pour lui, dans le cadre de cette action occulte à laquelle il a

librement consenti de collaborer, le rosicrucien n’aura qu’à se souvenir de l’existence de ce

formulaire, dont le forma, d’ailleurs, lui permettra de l’avoir constamment sur lui ou à la

portée de main, il sera certain d’y trouver l’oraison ésotérique propre à résoudre le problème

posé, la rencontre d’un infirme, d’un miséreux, d’un animal blessé, le soulagement d’un

malade, l’assistance à une famille éprouvée, l’arrêt d’un fléau naturel, etc…, pour toutes ces

choses, il rencontrera en ce petit livre, la possibilité d’une action bienfaisante, efficiente,

désintéressée, et que nous lui recommandons de conserver secrète.

Car comme le maléfice le plus redoutable réclame le secret pour être réellement efficient, de

même la bonne action ne sera que plus réelle et plus profonde si elle est accomplie dans le

secret.

Indépendamment de ces buts particuliers, il est évidement que ce formulaire est également un

bréviaire, et que le Rosicrucien pourra l’utiliser ainsi.

La récitation quotidienne de tout ou en partie de ses chapitres, si elle est accomplie par

des milliers de Frères, est à même, à la longue de modifier la marche des événements

banalement prévisibles. « La foi est la substance des choses espérées… », Nous dit Saint Paul.

Mais c’est surtout à ceux qui seront à même de pratiquer les méthodes données dans

le tome premier de notre ouvrage, l’Alchimie Spirituelle, et surtout à ceux qui pourront

appliquer les techniques spéciales qui font l’objet dans le tome second, que nous avons songé

en publiant ce formulaire.
2

Nous ne publions pas, toutefois, certaines oraisons et formulaires très occultes,

véritables procédés d’action, et qui constituent quant à certaines de terribles armes Spirituelles

aux mains de la Rose+Croix.

Ces clés et formules seront remises par nos soins, ultérieument, à un très petit cercle de Frère

dument choisis, en fonction de la doctrine générale et du plan de l’Ordre. C’est Frères ne

seront pas choisis par nous, mais bien par ceux, qui de l’autre côté du voile, continuent de

veiller et sur les hommes et sur le monde, en un mot, par les Maîtres Passés, les seuls

véritables Supérieurs Inconnus…(1)
(1) Ce principe n’est pas nouveau. Dans l’Ordre des Elus Coëns, que constitua au


XVIIIème siècle don Martinez de Pasqually et qui fut le berceau du martinisme.

C’est par une cérémonie théurgique, que Réaux-Croix (le plus haut degré de l’Ordre)

apprenait de la « Chose » si le candidat, parvenait au seuil de cette ultime ordination, est ai

refusé ou accepté, c’était un glyphe lumineux, manifesté par la bougie de cire figurative de

« l’Ange du lendemain » qui donnait la réponse…
a) Aperçus sur l’Ordre


Le lecteur qui désire étudier l’histoire du mouvement rosicrucien, (les véritables, celui

des XVIIème et XVIIIème siècles, et non pas certaines « reconstitutions » américaines

modernes (1) aura intérêt à lire le très beau livre que Sédir consacra à cette question

sous le nom de « Histoire et Doctrine des Rose+Croix ».

Nous y ajouterons F.Wittemans : Histoire des Rose+Croix ; notre études : Templiers et

Rose+Croix, et ainsi le profane serra très suffisamment documenté sur la question.

Leur programme peut se résumer ainsi :

Guérison des malades, aide anonyme aux individus et aux sociétés humaines ou état,

lorsque leur cause est juste ; action politique tendant à l’établissement d’un vaste état

Universel européen d’abord, puis mondial(2)
(1) Ce sont toutefois de bonnes écoles d’occultisme, et leurs membres sont parfaitement


préparés à l’entrée dans les grands Ordres Initiatiques traditionnels, nous tenons à le

souligner ici.
(2) Il est bien évident que l’établissement d’un Etat mondial et le retour à un christianisme


plus près de sa source, ces deux postulats de départ, impliquent ipso facto la

disparition des monarchies héréditaires et l’établissement dans le monde entier d’une

sociologique réellement chrétienne, programme que l’Eglise Catholique elle-même,

sous la poussée de certains évêques, épouse et épaule depuis plusieurs années avec ses

propres encycliques, mais qui est également combattu avec violence par les milieux
3

intégristes, religieux et laïques. Sans doute ignorent-ils volontairement la parole du

Christ : « Ce qui est élevé devant les hommes est une abomination devant Dieu… »

(Luc, XVI, 15.)

Action religieuse, tendant un retour à un christianisme plus pur, plus près de sa source, et

surtout dépouillé de l’imagerie exotérique habituelle ; enfin et par l’action de frères de la

Rose+Croix, réintégration de l’homme et de la nature entière dans son état primitif. Ce

programme a était confié à des organisations moins mystérieuses, plus près du monde

profane. Parmi ces mouvements initiatiques, nous nous citerons les plus connus : le

Martinisme, la Franc-Maçonnerie. Si étrange paraisse notre affirmation, les deux branches de

la Franc-Maçonnerie, rationaliste, collaborent toutes les deux à la réalisation du programme

général des Rose+Croix, dans le plan politique et sociologique. Le Martinisme s’est vu

confier une tâche particulière, plus occulte et plus ésotérique, pour la réalisation de leur vaste

plan, couvrant nécessairement de leur vaste plan, couvrant nécessairement plusieurs siècles

des temps moderne, les Rose-Croix ont utilisé l’ensemble des connaissances occulte

traditionnelles ; Alchimie et spagirie, Magie Théurgie, Astrologie, naturelle et surnaturelle.

Leur doctrine est un combiné de gnose chrétienne et de kabbale judaïque. Ce sont, en fait, des

kabbalistes chrétiens.

Le fondateur légendaire, Christian Rosenkreutz, qui aurait vécu au XIII éme siècle, en

Allemagne, a jusqu’à présent échappé à toutes les recherches et conclusions scientifiques

sérieuses. En fait il s’agit d’un hiéronyme. L’hébreu rôz (rosah) signifie secrets, rosen signifie

prince, et en la même langue, korôz signifie héraut. C’est ainsi que Keraziel, en hébreux

héraut de Dieu, et dans l’angéologie juive, le nom de l’Ange de la proclamation. Ainsi

Rosenkreutz ne serait nom germanique qu’n apparence ; en réalité il s’agit d’un nom de

fonction, par déformation de l’hébreux rosah korôz, signifiant ainsi héraut du secret, ou héraut

secret, ce qui qualifie parfaitement la fonction des Rose+Croix. Mais quel secret ? Ce nom

désigne Dieu lui-même, dans les écritures ésotériques ; qui s’agisse de Siphra DiDzéniutha,

des commentaires de la traditionnelle Gemara, du Talmud ou des écritures saintes, tout

particulièrement le livre de Daniel (II,19), Dieu est son secret lui-même… Le Rosah Korôz de

la Rose+Croix n’est que le Héraut de Dieu, et à ce titre, le véhicule de l’Ange Keraziel.

On observera que Rosen (signifiant prince), donne une signification très proche :

Prince-héraut, avec Rosen Korôz. Quant au Prince du Royal-Secret, de la Franc-Maçonnerie

(Rite d’Heredom et Rite Ecossais), source de tant de fines plaisanteries chez les antis maçons,

il a un rapport évident avec le plan rosicrucien primitif et ses réalisations politiques.

* * *

Le Sacramentaire que nous publions ici est particulier à une des branches de la

Rose+Croix générale, celle dite des Rose+Croix d’Orient. Nous avons effleuré cette question

dans un précédent ouvrage (1) et nous bornerons à renvoyer le lecteur à certains chapitres qui

seront relus avec fruit, tels ceux sur Elias Artista, La Rose sur la Croix ou le secret des

symboles, et La Rose+Croix, dans lequel nous rappelions le rôle joué auprès d’Henri IV par le
4

Rose+Croix Irénée Philalèthe, qui lui inspira son « grand dessein » d’abaissement de la

maison d’Autriche et de la création d’une sorte de ligue européenne.
1) Templiers et Rose+Croix, Adyar, Paris 1955.


Gérard Heym dans la revue Initiation et Science (1963, n°57), a cité l’Ordre des Frères

Asiatiques, dit encore Chevaliers de Saint- Jean l’Evangéliste, réorganisé vers 1750, puis

vers 1780, et donc le berceau se situait à Thessalonique. Il s’agit en fait des Frères de la

Rose+Croix d’Orient, Papus (le Docteur Gérard Encausse) avait reçu, avant 1914, d’un

membre du Suprême Conseil de l’Ordre Martiniste, qui avait lui-même reçu au Caire, la

Filiation desdits Rose+Croix d’Orient. Nul autre que Papus ne la posséda, pas même

Teder, son successeur, au sein du Martinisme d’alors.

Il convient d’ailleurs d’observer que l’Asie n’a rien à voir avec cet Ordre de chevalerie

ésotérique. Il s’agit en fait de la contraction des lettres désignant la qualité, de façon à

constituer un sigle, une abréviation.

En effet, le Candidat à son entrée dans l’Ordre, recevait l’ordination d’Eques A Sancti

Joannis Evangélistae, mots dont les Initiales regroupées, donnent EASIE. Le Manteau

d’Ordre était noir, doublé intérieurement de blanc, le tout en laine, tombant à quelques

doigts du sol. Le noir, à l’extérieur, signifiait selon la tradition classique : prudence,

sagesse, constance dans l’adversité et les périls, humilité, connaissance cachée. Couleur

du deuil il signifiait que l’initié était mort au monde. A l’intérieur, le blanc signifiait la

lumière intérieure, la vérité absolue, la régénération dans et par l’au-delà, la pureté de

l’âme. Sur l’épaule, le manteau d’Ordre était frappé d’un chrismon rouge, le chrismon

primitif, cité par Saint Jérôme et qui se présente ainsi qu’un X superposé à I majuscule.

Sous le Manteau, l’Eques portait un sautoir et un bijou particulier (1)

Selon un document figurant en nos archives privées, et qui émane de celui qui transmit

cette ordination à Papus, c’est à la Rose+Croix d’Orient que ce rattacherait l’ordination

conférée par don Martinez de Pasqually à ses Réhaux+Croix, au XVIIIème siècle.

Parallèlement, ce mouvement suscita la méthode de la voie intérieure, diffusée par L.Cl.

de Saint-Martin, et qui repose sur l’Alchimie matérielle, transposée dans le plan spirituel.

Nous pouvons signaler que deux villes étaient particulièrement importantes pour les

Chevaliers de Saint Jean l’Evangéliste : en Italie : Venise, et en France : Marseille.

Aujourd’hui encore, la crypte de Saint-Victor et sa célèbre Vierge Noire jouent un rôle

éminent pour ce qui subsiste de l’Ordre, et bien peu de gens sens doutent ! Car la Vierge

Noire, de Saint Victor comme d’ailleurs, est la Patronne de l’Ordre.
1) Dans les Assemblées Chapitraires, bien entendu. Ce bijou était noir et blanc, le


coté blanc se portait contre la poitrine

___________________________________________________________
5

Le présent sacramentaire est composé de prières dont certaines remontent aux

premiers siècles de l’ère chrétienne. D’autres sont plus récentes. La majorité de ces Oraisons

repose sur une règle occulte qu’Agrippa évoque en sa célèbre Philosophie Occulte. L’Ecriture

Sainte est un recueil de faits historiques qui ont leurs racines dans le monde des archétypes.

Pour rendre plus efficiente toutes oraison, il est donc nécessaire de la rattacher au fait auquel

elle peut se référer, et donc à son archétype céleste. Ainsi, pour une traversée maritime

paisible, la prière devra évoquer (ce mot parle…) la traversée de la Mer Rouge par les

Israëlites conduits par Moïse. Parce que cette traversée n’est pas seulement un fait historique,

mais aussi l’Image Permanente du cheminement des Ames Humaines, traversant les

mystérieuses « eaux » dont parle la Genèse, et se dirigeant vers la Cité Céleste.

Choses étrange, certaine de ces Oraisons sont apparues à une date relativement récente

(XVIème siècle) dans le sacramentaire de certaines grandes Eglises. Communication ?

Indiscrétion ? Mystère…

L’original de ce sacramentaire (un cahier d’écolier), était rédigé en grec. Il fallut le

faire traduire, puis, de la traduction littérale, passer à une forme plus littéraire, et adapter

certaines Oraisons à la vie moderne. C’est ainsi que la bénédiction de la monture du voyageur

est devenue celle d’un véhicule. Néanmoins, nous espérons que tel quel, ce formulaire sera

accueilli avec faveur par les Kabbalistes, gnostiques, martiniste, et tous les mystiques

chrétiens hétérodoxes, et ne relevant pas d’une grande Eglise.

Enfin, nous avons cru bon de compléter ce travail par quelques formules ou Oraisons

d’exorcismes particuliers, que ne comportait pas le manuscrit original et que le lecteur sera

heureux de voir ajoutés à l’ouvrage primitif.

Ainsi que nous l’avons dit dans la note préliminaire sur les Rose+Croix, ceux-ci,

familiers de toutes les connaissances occultes, les ont utilisées, au XVIIème et XVIIIème

siècles, pour mener à bien la mise en route de leurs plans. Il n’est donc pas surprenant de voir

le présent sacramentaire complété d’un ensemble de formes rituelles. Que le lecteur ne

néglige pas ces dernières, sous le fallacieux prétexte d’une « simplicité » de bon aloi ! Les

rites sont les véhicules et les amplificateurs de puissance du verbe humain.

Il est d’usage, selon la traduction qui nous fut communiquée, que l’Opérant soit

dépouillé du maximum de vêtements profanes et de tous objets métalliques. Il revêt alors une

aube de lin blanc, et une cordelière de même nuance. Il est chaussé de sandales réservées

strictement à ces opérations. Pour les Oraisons, il opère tête nue. Pour les exorcismes, il est

coiffé d’une capuche liée à l’aube, ou d’un amict de lin. Il opère devant un autel ainsi

composé : une nappe de soie jaune d’or, sur laquelle est posé l’Evangile de Jean, ouvert au

premier chapitre, flanqué de deux flambeaux garnis de cierge de cire d’abeille. L’original ne

parlait pas d’encens, mais nous estimons qu’il s’agit d’une omission du copiste, et qu’un

encensoir ou un brule-parfum, garni de braises, une navette à encens, permettrons de créer une

atmosphère plus mystique et plus efficiente.

Nous ajouterons que l’usage d’honorer l’Evangile et de lui faire assumer le rôle de

condensateur de la présence du Christ, était déjà connu aux temps des empereurs d’Orient. A
6

Byzance, l’empereur avait à sa droite un siège richement orné, sur lequel était déposé, à demi

déroulé, le parchemin où était transcrit l’Evangile lui-même, un flambeau allumé. L’ensemble

était censé figurer le Christ, invisible mais présent. Cet usage fut adopté par la suite par les

Cathares.
b) Résumé de la Doctrine



La Doctrine des Rose+Croix du XVII éme siècle (qu’il ne faut pas confonde avec des

systèmes modernes soi-disant rosicruciens) est celle du Martinisme, tant de Louis

Claude de Saint-Martin que de son maître Martinez de Pasqually. En fait c’est celle des

Kabbalistes chrétiens du Moyen-Age et de la renaissance. Il nous parait indispensable

d’en donner un résumé, qui, seul, est ainsi à même de faire comprendre un grand

nombre des opérations et des prières composant ce formulaire, de les justifier, et dans

souligner l’importance.

Elle, en fait, que l’ésotérisme de la tradition judéo-chrétienne, expurgée des

enfantillages et de l’imagerie classique.

* * *

1) De la Création



Dieu, Etre Essentiel, Eternel, existant par Soi et en Soi, sans besoins et sans variations,

infiniment bon, infiniment sage, parce qu’infiniment parfait, est aussi tout- puissant.

Etant tout-puissant et éternel, sa toute éternité sur des Créature :

« Le Seigneur m’a possédé au Commencement de ses voies, avant Ses OEuvres les

plus anciennes… »

(Proverbes, VII, 22.)

« Car je vais créer de nouveaux Cieux et une Terre nouvelle. Et tout ce qui a été

auparavant, s’effacera de la mémoire, sans qu’il revienne à l’Esprit… » (Isaïe, LXV, 17.)

« Car comme les Cieux nouveaux et la Terre nouvelle que je vais créer

subsisteront toujours devant Moi, dit le Seigneur, ainsi votre nom et votre race

subsisteront éternellement… » (Isaïe, LVI, 23.)

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« Mon Père et Moi ne cessons point d’agir… »

(Jean, Evangile, V, 17.)

« Maintenant donc, mon Père, glorifies-Moi en toi-même, de cette Gloire qu j’ai

eu en Toi avant que ce monde fut… »Jean, Evangile, XVII, 5.)

Ainsi donc, les Créations succèdent au Créations, les Univers, probablement

séparés par des périodes de Non-Etre, analogues au fameux « septième jour », durant

lequel « Dieu se reposa ». (Genèse, II, 1.)

Lorsque les Etres intégrés dans une de ces Créations se sont librement manifestés

par leurs actes, par une sorte d’autodétermination, lorsqu’intervient la fin de cette

Création, ils demeurent fixés dans l’état final où ils sont parvenus. Et c’est une sorte de

Feu mystérieux qui les fixe, les durcit et les trempe pour leur qu’ils ont à jouer dans la

création suivante.

Ainsi, fixés dans le Mal, ils demeureront, dans la Création nouvelle, des

instruments de tentation, de corruption, de destruction. Ce seront des démons.

Fixés dans le Bien, ils demeureront dans la création nouvelle des instruments de

libération, de purification, de création. Ce seront des Anges, ou des Ames choisies et

mises à part, selon l’heureuse expression de Saint Paul.

A l’égard des Créatures non fixées, parce qu’issues pour la première fois hors du

Non-Etre, les unes et les autres joueront leur rôle, tout en portant en soi son propre

enfer ou son propre paradis, état qui durera autant que la Création à laquelle elles

participent.

Ces Créations sont nommées « siècles » dans les Ecritures. Les versions grecques

emploient le mot « éons ». Elles constituent une Création générale. Cette dernière est

alors nommée le siècle des siècles.

2.- De la Préexistence des Ames

Le mot Adam ne désigne pas un être charnel, mais une collectivité. Ont dit Adam

comme on dit le régiment ou la marine. L’Homme Premier était un égrégore, une

chorégie, et c’est l’esprit central de cette chorégie, qui était le véritable Adam, la cellule

motrice. D’où le mot d’Origène : « Les Ames ont préexisté, comme une sorte de

peuple… » L’Ecriture nous confirme cette notion :

« Comme Levi était dans le sein d’Abraham, d’où il fut choisi… » (Paul,

Hébreux, VII, 9.)

« Et nous tous avons péché en eux… » (Paul, Romains, V, 12.)

« Ce n’est point pour vous seuls que je fais cette alliance et ces exécrations, mais

pour tous ceux qui, présent devant le Seigneur notre Dieu, ne sont point encore avec

nous… » (Deutéronome, XXIX, 14,15.)

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« Je ne contesterai pas éternellement et je ne m’irriterais pas jusqu’à la fin, parce

que l’Esprit, sortira de Ma Force, et que j’ai créé les Ames… » (Isaïe, LVII, 16.)

« Avant de t’avoir formé dans l’utérus, je t’ai connu, et je t’avais imposé la

Science. Et avant que tu sois sorti du sein de t mère, je t’avis sanctifié… » (Jérémie, I, 5.)

« Et j’ai loué plus abondamment les morts que les vivants, et j’ai jugé plus

heureux qu’eux encore, celui qui n’est pas encore né », et qui n’a jamais vu les maux qui

se font sous le soleil… » (L’Ecclésiaste, IV, 2, 3.)

« J’étais un enfant plein d’intelligence, j’avais reçu de Dieu une âme bonne, et

devenant meilleur de plus en plus, je suis alors venu dans un corps pur… » (Sagesse,

VIII, 19 ,20.)

« Vous n’êtes tous qu’un seul qu’un seul Corps et qu’un seul Esprit, de même que

vous n’avez été appelés qu’à une seule espérance… » (Paul, Ephésiens, IV, 4.)

La plupart des citations bibliques relatives à la Préexistence des Ames furent

souvent et à tort retenues pour des arguments en faveur de la Réincarnation des Ames,

par les partisans de celle-ci, la confusion pouvait être facile.

3. – De la Tentation et de la Chute Originelle

La notion de Tentation (par le Principe du Mal et par les Etres qu’i a entrainés

dans son orbe), pour les Ames Préexistante, fait partie intégrante du judéochristianisme.

Nier qu’il y ait eu chute et dégradation spirituelle, c’est nier l’Incarnation

du Christ ; et retirer toute valeur à la Rédemption, c’est également nier la valeur de Son

Sacrifice. Tout ceci est impensable pour un chrétien.

On peut donc concevoir cette chute comme l’éclatement de l’égrégore dont nous

parions plus haut, la dispersion de la collectivité, sa corruption, analogue à celle qui suit

la mort corporelle. Et comme il s’agit là d’une chute causée par une dégradation

spirituelle, celle-ci implique une descente dans les plans d’existence correspondants,

c’est-à-dire les plus inférieurs, par l’effet d’ matérialisation progressive, menant vers

l’animalité, et même au-delà.

« Et ils entrelacèrent des feuilles de figuier, et ils s’en firent de quoi se couvrir… »

(Genèse, III, 7.)

« Le Seigneur fit aussi à Adam et à son épouse des vêtements de peau, dont il les

revêtit… » (Genèse, III, 21.)

9

4.- De la Rédemption de l’Homme

De même qu’une Intelligence perverse avait enténébré les Ames préexistantes au

point de les faire déchoir, de même ce sera une Intelligence pure qui les réilluminera :

« J’ai vu tos les homme vivants qui marchent sous le soleil, et aussi le second

Adolescent, qui doit se lever, en la place de l’Autre… » (L’Ecclésiaste, IV, 15.)

De très nombreux versets de l’Ancien Testament parlent du Messie, de sa venue

et des circonstances de celle-ci. Le prophétisme messianique est un des éléments les plus

considérables (et aussi des plus saisissants) des Ecritures.

Si l’on imagine un collier, on observera qu’il n’est jamais nommé autrement : on

dit « le collier ». Rompons le fil. Les perles s’échappent, tombent à terre et roulent dans

toutes les directions. Dès lors, il n’est plus question de collier ; on part à la recherche

« des perles ».

Les unes iront se perdre sous les meubles, dans des recoins obscurs. Il faudra

attendre longtemps avant de les trouver, malgré les recherches, et souvent fortuitement.

D’autres seront rapidement récupérées, elles ne seront jamais éloignées du point de

chute, ni de la vision du propriétaire du collier.

Car les perles en elles, chacune, leur propre destin, comme les Ames préexistantes

portent en elles le leur, par l’effet de la prédestination. Car les perles sont, elles aussi,

soumises à des destins propres, en fonction de l’instant de leur création individuelle.

Lorsque le propriétaire les aura récupérées, il les enfilera de nouveau sur un fil

neuf, dans l’ordre initial de leur placement primitif, qui était fonction de leur grosseur et

de leur orient. Et lorsque cette reconstitution sera terminée, de nouveau on rappellera

du « collier », et on ne dira plus « les perles »…

S’il en manque, l’absence sera due à l’imperfection des moyens utilisés pour leur

recherche, ou à la négligence du cherchant, ou au peu de durée de cette recherche. Mais

si notre propriétaire est un être parfait, s’il possède tous les moyens nécessaires pour

rechercher ses perles, et s’il a tout le temps et aucune impatience, il les récupérera

toutes.

Remplaçons les perles Ames, le collier par l’homme total, et le propriétaire par

Dieu. Tout le problème de la restitution finale est résolu, et l’Apocatastase est alors

justifiée.

5.- De la Rédemption de la Nature

La dégradation de l’Adam-Premier a suscité celle de toute création originelle

dont il était l’élément ordonnateur et conservateur (1). Celle-ci constituait l’Image

Idéale, contenant les prototypes de toutes les Créatures (végétale ou animale) selon la

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doctrine platonicienne. C’est pourquoi, dans le fameux « Jardin d’Eden » (en réalité le

monde idéal, purement spirituel et non matériel), les animaux et les végétaux cités par la

Genèse ne sont que des Archétypes essentiels, contenant, chacun, toutes les âmes

préexistantes des êtres de son espèce. L’Eden était donc le monde de l’Essence. Après la

chute, ce qu’il contenait se dégrada et devint celui de la Substance, résultat de cette

matérialisation.

C’est pourquoi, la rédemption (effectuée), et la réintégration (progressive) de

l’homme, oeuvre du Christ, doivent nécessairement être suivies de celle de toute la

nature. Et ce travail est celui de l’homme, bien que sa propre rédemption ait amené une

purification in principio de la Création déchu. Que l’on relise le célèbre passage des

actes des Apôtres, chapitre X, verset9 à 16, et on comprendra alors

(1), C’est là la signification, réelle et profonde, du verset de la Genèse : »le sol sera

maudit, à cause de toi…Il te produira des épines et des ronces… » (Genèses, III, 17-18.)

_____________________

Le sens ésotérique de la parole : « Ce que Dieu a purifié, ne le regarde plus comme

souillé… » (Op. cit., X, 15.)

Cette réintégration des âmes, autres que les âmes humaine (âmes végétatives et

sensibles éparses dans la Nature), est donc évoquée d’ailleurs dans l’Ancien Testament

lui-même :

« Qui sait si le souffle (1) de l’homme monte en haut, et si le souffle de la bête

descend en bas ?... » (Ecclésiaste, III, 22.)

« L’homme et la bête, en effet, le Seigneur les sauve ! » (David, Psaumes, XXVI,

3.)

« Et Jérusalem ne sera plus alors entourée de murailles à cause de la multitude

d’hommes et d’animaux qui seront au milieu d’elle… » (Zacharie, II, 4.)

6. – De l’Apocatastase ou Réintégration finale

Il n’y a pas d’enfer éternel, il n’y a que des séjours dans une Création ; séjours

correspondant à l’état ultime dans lequel la Créature s’est trouvés fixée lors de la fin de

l’Univers auquel il a participé. Il en est de même donc, semble-t-il, du paradis qui, eu

égard à ce monde de raisonnement, serait impermanent et transitoire, la Créature

pouvant, par sa tiédeur, de nouveau démériter et déchoir. En fait, ce second point, n’est

pas susceptible d’être retenu, le stade de perfectibilité accessible à la Créature devant lui

permettre finalement de ne plus être accessible à une tentation quelconque. De plus, la

période d’autodétermination de l’être étant terminée,

(1) Souffle, dans le texte hébreu original, se dit ruah (féminin), et désigne l’âme



11

Dieu, par un effet de Sa Grâce, ne l’induit plus en tentation, pour paraphraser la

prière par excellence, le « Pater ». Il retire au Entités ténébreuses tout pouvoir sur la

Créatures ayant enfin terminé son cycle de manifestations probatrice.

Cette fixation finale dans le bien, les Ecritures nous en donnent témoignage.

« Les Temps ordonnées par lui étant accomplis, il réunirait tout Jésus-Christ

comme dans le Chef (la Tête), tant ce qui est dans le Ciel que ce qui est sur la terre…

(Paul, Ephésiens, I, 10.)

« Enfants d’Israël, vous êtes à Moi, dit le Seigneur. Mais les enfants des

Ethiopiens ne M’appartiennent-t-ils pas eux aussi ? J’ai retiré Israël de l’Egypte,

mais j’ai également tiré les Philistins de la Cappadoce, et les Syriens de Cyrène… »

(Amos, IX, 7.)

Dans l’exégèse ésotérique de l’Ecriture, les noms des peuples ennemis d’Israël

sont emblématiques des races démoniaque. Les Cappadociens, peuple nommés en

hébreux Caphthotim, du mot désignant la pomme et la grenade, sont des anges

déchus, la pomme étant l’emblème de la Connaissance et du Mal (jeu de mot latin

malum) et la grenade l’étant du monde d’en bas. C’est parce qu’elle a avalé six

pépins de grenade que Perséphonia ne pourra revenir près de sa mère Déméter, dans

le monde des vivant, après son enlèvement par Hadès.

Tout comme Israël (en hébreux : « homme de Dieu »), n’est que l’humanité tout

entière, l’ensemble des Ames humaines. Et d’Egypte, la Cappadoce, Cyrène,

désignent des Créations différents, des univers.

« Ceux qui demeure au-delà des fleuves d’Ethiopie viendront m’offrir leurs

prières, et les enfant de Mon Peuple, dispersés en tant de lieux, m’apporteront leurs

présent… » (Sophonie, III, 10.)

L’Ethiopie : Chus, noirceur) désigne ésotériquement les noirs, c’est-à-dire les

Anges tombés.

« Car je vais donner Mes ordres, et je ferai que la Maison d’Israël sera agitée

parmi les Nations comme le blé est remué dans le crible, sans néanmoins qu’il en

tombe à terre un seul grain… » (Amos, IX, 9.)

On sait que le blé, le froment, sont les symboles des Ames, dans la littérature

sacrées, particulièrement du Nouveau Testament, le Christ étant à la fois le divin

Semeur, et le Moissonneur par excellence, comme le Diable le semeur d’vraie (1).

« Lorsque j’aurai fait revenir devant Vos yeux toute la troupe des captifs… »

(Sophonie, III, 20.)

C’est le Christ qui parle et s’adresse ici à Son Père. Il dit revenir, ce qui est

également un argument en faveur de la Préexistence des Ames.

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Qu’on ne s’imagine pas toute fois que Dieu, par faiblesse, indulgence et lassitude,

pardonnera aux Rebelles sans que ceux-ci ne viennent à résipiscence et aient réparé

les maux qu’ils causèrent. En Lui, la Justice équilibre la Miséricorde. Nulle rigueur,

nulle faiblesse en lui, à chacun selon son dû :

« Les Ethiopiens se prosterneront devant lui, et ses Ennemis baiseront la

terre… » (David, Psaumes, LXXI, 9.)

« Le loup paitra avec l’Agneau… » (Isaïe, LXV,25.)

Voir également Daniel, IV, 28-34.

(1) C’est lui qui secoue le Crible, et on observera que la Sorcellerie utilise les



mouvements de cet objet pour deviner, tout comme la Théurgie utilise l’Evangile

selon saint Jean et la Clé, de la même façon. Cela, parce que le Crible est

l’antithèse ésotérique de l’Evangile.

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